Enquête pour viol : Darmanin joue la victime, Schiappa approuve – Libération

Mardi, lors de son interview télévisée, Emmanuel Macron avait confié que Gérald Darmanin a été «blessé» par les attaques de celles et ceux qui contestent sa promotion au motif qu’il fait l’objet d’une enquête pour viol. Un bel exemple de victimisation de l’accusé que reprend à son compte le ministre de l’Intérieur ce matin sur Europe 1. «Je fais l’objet d’une calomnie. Je ne souhaite à personne d’être accusé à tort et je ne souhaite même pas à mon pire ennemi d’être victime de la chasse à l’homme dont je suis l’objet», se lamente-t-il. «Chasse à l’homme», le terme est lâché. Osé pour quelqu’un qui vient d’être nommé ministre de l’Intérieur et élevé au 7e rang du gouvernement. Puis il embraye sur l’air du complot politique.

«Pour des raisons politiques – je vois Mme Dati, Mme Pécresse –, on cherche à affaiblir le gouvernement du président de la République, assène-t-il. Je me demande de temps en temps si on se rend compte de ce qu’on fait de l’honneur de quelqu’un.» Une référence à la tribune signée hier par Rachida Dati dans le Monde et où l’ancienne garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy s’insurge contre la nomination de Darmanin à Beauvau. «Quel message adressé aux victimes quand on sait le rôle de la police dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, notamment dans la réception des plaintes et la conduite des enquêtes ? Je souscris aux propos de Caroline De Haas quand elle affirme que le seul crime pour lequel on accepte cela est le viol», écrit Dati, soutenue dans cette démarche par Valérie Pécresse.

Schiappa employée du mois

Au moins, le «premier flic de France» peut compter sur le soutien de sa subordonnée et ancienne secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Sur LCI ce matin, elle commence en niant les faits, expliquant que son supérieur a été blanchi. «La justice s’est déjà prononcée et le dossier a été rouvert pour une question de procédure», affirme-t-elle, reprenant l’argumentaire des avocats de Darmanin. «Ce n’est évidemment pas qu’une question de procédure, lui oppose maître Elodie Tuaillon-Hibon, qui défend la plaignante Sophie Patterson-Spatz, auprès de Libé. La chambre d’instruction a estimé qu’il n’était pas normal qu’un non-lieu soit rendu dans ces conditions, sans que l’affaire ne soit instruite, sans que ma cliente ne soit même reçue ! Elle a reconnu, implicitement, un déni de justice.»

Et Marlène Schiappa de répondre au journaliste qui soulève le problème de travailler avec quelqu’un accusé de viol malgré ses dires. «Ça veut dire que demain, je peux déposer une plainte contre vous pour viol et, peu importe le rendu de la justice, vous n’aurez plus le droit de travailler ?» Ou comment inverser le fardeau de la charge, à nouveau. 

(Extrait de Chez Pol, notre newsletter politique quotidienne réservée aux abonnés)

Sylvain Chazot

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