Enquête de l’OMS sur le Covid-19 : “La Chine considère qu’une fuite de laboratoire est possible… mais aux Ét – franceinfo

“La Chine n’a aucun intérêt à continuer à coopérer avec l’OMS, estime vendredi 13 août sur franceinfo Antoine Bondaz, enseignant-chercheur spécialiste de la Chine. “Elle ne se sort pas du récit politique qui a été imposé dès 2020” et elle “accélère la propagation de la rumeur d’une propagation étrangère du virus”. Pékin a une nouvelle fois rejeté ce vendredi toute nouvelle investigation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et a refusé de fournir de nouvelles données aux enquêteurs. “Même si le rapport de l’OMS dit qu’une fuite de laboratoire est peu probable, la Chine, elle, considère qu’elle n’est pas du tout probable, qu’elle est impossible à vérifier et qu’il n’y a pas lieu d’y avoir une autre enquête. En revanche, Pékin considère qu’une fuite de laboratoire est possible aux États-Unis.”

franceinfo : Pékin ne veut pas apparaître comme le responsable de la pandémie ?

Antoine Bondaz : Ça, c’est clair et ça l’est depuis le début de la pandémie. Dès mars 2020, le ministère des Affaires étrangères chinois a même essayé d’allumer des contre-feux en véhiculant officiellement la rumeur d’une propagation étrangère du virus. La Chine met notamment en avant l’hypothèse que les militaires américains ayant participé aux jeux de Wuhan à l’automne 2019 auraient importé le virus. La Chine accélère aujourd’hui la propagation de cette rumeur, pas du tout reprise par les scientifiques, avec notamment une pétition désormais signée par 25 millions de Chinois qui demandent des inspections aux États-Unis.

“Les enquêteurs considèrent qu’ils ont eu accès à certains éléments, mais pas aux bases de données des autorités chinoises.”

Antoine Bondaz

franceinfo

Pourquoi avoir donc ouvert les portes de Wuhan aux enquêteurs de l’ONU au mois de janvier si, dès le départ, c’était mission impossible ?

L’objectif de l’OMS, qui a envoyé à trois reprises des inspecteurs en Chine, était de ne pas de critiquer ouvertement Pékin afin de s’assurer qu’elle cherche à coopérer et de voir ce que cette enquête pouvait donner. Pékin a conclu que l’enquête de janvier 2021 était la dernière valable en Chine. Désormais, même si le rapport de l’OMS dit que la piste du laboratoire est peu probable, la Chine, elle, considère qu’elle n’est pas du tout probable, qu’elle est impossible à vérifier et qu’il n’y a pas lieu d’y avoir une autre enquête. En revanche, c’est le paradoxe évident, Pékin considère qu’une fuite de laboratoire est possible, pas sur son territoire mais aux États-Unis.

Pourquoi cette hypothèse d’une fuite de laboratoire chinois revient aujourd’hui en force aux États-Unis ?

Cette hypothèse a toujours existé. La plupart des scientifiques se concentraient à l’époque sur le laboratoire P4 de l’Institut de virologie de Wuhan. Mais il y a d’autres laboratoires à Wuhan et dans sa banlieue, notamment des laboratoires P2 et P3 qui, eux, manipulent des coronavirus de chauves-souris. Le problème est aujourd’hui multiple. Premièrement, l’enquête sur la zoonose, c’est à dire sur la chaîne initiale de contamination et l’animal hôte initial, ne porte pas ses fruits. La Chine n’a donné aucune nouvelle information. Et puis de nouvelles révélations, notamment sur l’Institut de virologie et sur la suppression de certaines bases de données, accrédite de nouveau cette hypothèse.

“Les autorités politiques chinoises n’ont aucun intérêt à continuer à coopérer avec l’OMS et avec les chercheurs étrangers.”

Antoine Bondaz

à franceinfo

Tout ça ne peut faire qu’alimenter les théories du complot, mais est-ce qu’on saura vraiment un jour la vérité ?

La Chine ne se sort pas du récit politique qui a été imposé dès 2020. Si les enquêtes et les découvertes doivent avancer, c’est plutôt avec des scientifiques chinois qui, potentiellement, pourraient essayer de participer aux enquêtes plus que par la volonté des autorités politiques. C’est ça qui est inquiétant.

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