
En Ukraine, la visite de l’AIEA à la centrale nucléaire de Zaporijia n’éteint pas les inquiétudes – Le Monde

Les obstacles se sont accumulés jusqu’au dernier moment, mais la mission de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) a finalement réussi à accéder, jeudi 1er septembre, à la centrale nucléaire de Zaporijia, en Ukraine. Cette visite visait à faire un état des lieux du site, occupé par les Russes depuis le 4 mars. C’est la première fois, en soixante-cinq ans d’histoire de l’AIEA, que des observateurs traversaient un front de bataille actif afin de procéder à une inspection. Aucun média international ni ukrainien n’a été autorisé à suivre la délégation à l’intérieur de la centrale, seuls les journalistes russes y ont eu accès.
Après « quatre à cinq heures » de visite, le chef de l’AIEA, Rafael Grossi, qui conduit la délégation, a déclaré avoir « vu ce qu’il avait besoin de voir », dont « les unités [de réacteurs], le système d’urgence et d’autres pièces, les salles de contrôle », tout en précisant que « le travail ne [faisait] que commencer ». « L’intégrité physique de la centrale a été violée à plusieurs reprises, a-t-il dénoncé une fois revenu en territoire contrôlé par Kiev. Nous n’avons pas d’éléments pour évaluer cela » mais « c’est quelque chose qui ne peut pas continuer à se produire », a-t-il ajouté.
Cinq inspecteurs sur les quatorze que compte la délégation de l’AIEA sont restés sur le site après le départ de M. Grossi, a annoncé Energoatom, la société publique ukrainienne qui gère les centrales nucléaires du pays. Ces experts vont rester jusqu’à « dimanche ou lundi pour continuer l’évaluation » de la situation à la centrale, dont le site a été bombardé à plusieurs reprises depuis un mois, faisant craindre une catastrophe nucléaire.
L’AIEA compte également « établir une présence continue » à la centrale au-delà de cette date, a souligné M. Grossi, sans plus de précision. Kiev accuse Moscou d’y avoir déployé plusieurs centaines de soldats, positionné des pièces d’artillerie et d’y stocker des munitions. La semaine dernière, la centrale avait été brièvement débranchée du réseau électrique pour la première fois de son histoire, après l’endommagement de lignes électriques.
L’Ukraine a fait part de son mécontentement après la visite de l’AIEA. Dans son message quotidien du soir, Volodymyr Zelensky lui a reproché d’avoir occulté la question de la « démilitarisation » du site, que Kiev considère comme « la clé », et dont il avait parlé avec M. Grossi lors de leur rencontre mardi. « La principale chose qui devrait se produire est la démilitarisation du territoire de la centrale (…). Et il est regrettable que nous n’ayons pas encore entendu les messages appropriés de l’AIEA », a déploré le président.
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