En Tunisie, le président gèle les activités du Parlement et démet le premier ministre de ses fonctions – Le Monde

Capture d’écran de l’allocution télévisée de Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021, au Palais de Carthage.

Le président tunisien, Kaïs Saïed, a annoncé, dimanche 25 juillet, qu’il gelait les activités du Parlement, et démettait de ses fonctions le chef du gouvernement Hichem Mechichi, après une journée de manifestations contre les dirigeants tunisiens. Des klaxons ont retenti dans les rues de Tunis peu après cette annonce.

Ce coup de théâtre ébranle la jeune démocratie tunisienne, qui fonctionne depuis l’adoption en 2014 d’une Constitution de compromis selon un système parlementaire mixte, dans lequel le président a comme prérogatives la diplomatie et la sécurité.

Cette annonce fait suite à des manifestations dans de nombreuses villes du pays dimanche, en dépit d’un important déploiement policier pour limiter les déplacements. Les protestataires ont notamment réclamé la « dissolution du Parlement ». M. Saïed a annoncé ces décisions à l’issue d’une réunion d’urgence au Palais de Carthage, alors que la Tunisie fait face à un pic d’épidémie de coronavirus, et à une profonde crise politique opposant M. Saied au principal parti parlementaire Ennahdha.

La formation islamiste a condamné dimanche soir un « coup d’Etat ». « Ce qu’a fait Kaïs Saïed est un coup d’Etat contre la révolution et contre la Constitution, et les partisans de Ennahdha ainsi que le peuple tunisien défendront la révolution », a estimé Ennahdha dans un communiqué publié sur sa page Facebook.

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Des milliers de manifestants à Tunis

Des manifestants anti-gouvernement rassemblés devant le Parlement tunisien, le 25 juillet 2021.

« La Constitution ne permet pas la dissolution du Parlement mais elle permet le gel de ses activités », a-t-il déclaré, s’appuyant sur l’article 80 qui permet ce type de mesure en cas de « péril imminent ». M. Saïed a annoncé qu’il se chargeait du pouvoir exécutif, avec « l’aide du gouvernement » qui sera dirigé par un nouveau chef désigné par le président de la République. Il a en outre annoncé lever l’immunité parlementaire des députés.

Plusieurs milliers de Tunisiens ont manifesté dimanche contre leurs dirigeants, en particulier contre la formation islamiste Ennahdha. Ils ont notamment crié des slogans hostiles à cette formation et au premier ministre qu’elle soutient, Hichem Mechichi, scandant « le peuple veut la dissolution du Parlement ». « Changement de régime », était-il également inscrit sur des pancartes.

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Des locaux et symboles d’Ennahdha ont été pris pour cible. Des appels à manifester le 25 juillet, jour de la fête de la République, circulaient depuis plusieurs jours sur Facebook, émanant de groupes non identifiés. Ils réclamaient entre autres un changement de Constitution et une période transitoire laissant une large place à l’armée, tout en maintenant le président Saïed à la tête de l’Etat.

Le Monde avec AFP

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