En Marche au bord de la crise de nerfs – Le Parisien

« Il va y avoir du sport! ». La prédiction de ce cadre de la République en Marche, à quelques heures du Burex (bureau exécutif) du parti, s’est vérifiée ce lundi soir. Il faut dire que le contexte est particulièrement explosif pour le parti majoritaire. Non seulement il a essuyé une sévère défaite dimanche lors de législatives partielles. Mais surtout, ce lundi matin, le numéro deux du mouvement, Pierre Person, a démissionné avec fracas de ses fonctions. Dans une interview au Monde, ce député issu de l’aile gauche de la Macronie n’y est pas allé de main morte : « Le mouvement n’est plus en mesure d’affronter la nouvelle étape du quinquennat », assène-t-il. Tout en appelant « tous ceux qui veulent bâtir les succès de demain à quitter eux aussi leurs fonctions à la tête du parti »….

Ce lundi soir, c’est « les yeux dans les yeux » qu’il a expliqué devant une salle comble — dont quasiment tous les ministres du gouvernement – le fond de sa pensée. Déplorant une « recomposition politique » qui s’est faite « à l’extérieur d’En marche ! », l’absence « d’une ligne politique claire », la désertion des militants ou encore une dynamique électorale négative. De quoi susciter de vives réactions, comme celle de l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron à l’Elysée Philippe Grangeon, qui lui reproche d’avoir fait le choix de « la division ». « Lancer cela une semaine avant les sénatoriales, ce n’est pas de nature à nous rendre plus fort », euphémise un cadre. Tandis que d’autres élus, comme la députée de l’Isère Caroline Abadie, ont fait valoir que « Person a raison » et que le parti « dysfonctionne ».

« On n’est pas vraiment habitué au bal des courageux »

Reste que l’appel à la démission collective des dirigeants lancé par Person a été peu suivi. « Au sein de LREM, on n’est pas vraiment habitué au bal des courageux », s’amuse un élu. Le député Sacha Houlié, issu comme Person de la « bande de Poitiers », a claqué la porte du Burex. Balançant au passage au secrétaire d’Etat au numérique Cédric O – qui avait attaqué Person sur son manque d’investissement au sein du parti – : « J’espère que tu seras plus convaincant ce soir que tu ne l’as été sur la 5G ».

La députée des Yvelines, Aurore Bergé, candidate battue d’une courte tête par Christophe Castaner dans la course à la présidence du groupe LREM à l’Assemblée, a elle aussi quitté le bureau exécutif. Motif : la décision de Stanislas Guerini, le délégué général de LREM, de réorganiser En Marche, et de reporter les élections internes, initialement programmées en novembre. «Le malaise est profond dans notre mouvement », a-t-elle déploré.

Pas de quoi ébranler le patron des Marcheurs : « Le lendemain des régionales sera un moment pertinent pour renouveler nos instances. Ce serait une erreur politique de le faire avant, car nous devons être mobilisés pour cette élection et non par une élection interne », défend-il auprès du Parisien. Et d’enfoncer le clou : « Il faut redonner une énergie. Porter une ligne politique claire ». Ce qui, pour lui, passe par un remaniement en profondeur du parti.

« C’est l’amicale des losers ! »

L’ex-juppéiste Marie Guévenoux est bombardée numéro deux, en tandem avec Jean-Marc Borello, un très proche d’Emmanuel Macron. L’ancien conseiller à l’Elysée Stéphane Séjourné se voit confier les relations avec la société civile. L’ex porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye hérite du pôle Idées au côté du secrétaire d’Etat Clément Beaune et Brune Poirson (ex-secrétaire d’Etat à la Transition écologique) prend l’international. « C’est l’amicale des losers! Le retour de tous ceux qui ont foiré le début du quinquennat! », ironise, vachard, un cadre.

La nouvelle organisation a été largement adoptée par 17 voix pour, un vote contre (celui de Pierre Person) et 4 abstentions.

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