En Italie, Mario Draghi obtient la confiance du Sénat mais son gouvernement est proche de l’implosion après les défections de trois partis – Le Monde

Le premier ministre italien, Mario Draghi, au Sénat, le 20 juillet 2022.

Une victoire qui a tout l’air d’une défaite. Le premier ministre italien, Mario Draghi, a obtenu la confiance lors d’un vote au Sénat, mercredi 20 juillet, mais trois partis appartenant à sa coalition n’ont pas participé au scrutin, plaçant le gouvernement d’unité nationale au bord de l’implosion.

Mario Draghi est privé du soutien de trois membres importants de sa coalition : Forza Italia, le parti de droite dirigé par l’ex-premier ministre Silvio Berlusconi ; la Ligue, la formation d’extrême droite du tribun populiste Matteo Salvini ; et la formation populiste Mouvement 5 étoiles (M5S). Ces désertions devraient logiquement conduire à la démission de Mario Draghi. Selon les médias italiens, il est attendu jeudi chez le président de la République, Sergio Mattarella, auquel il devrait la remettre.

Dans la journée, devant le Sénat, ce dernier s’était pourtant dit prêt à rester à son poste, à condition que les partis de sa coalition rentrent dans le rang autour d’un « pacte » de gouvernement, mis en péril par la défection la semaine dernière du M5S.

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Arrivé à la tête de l’exécutif en février 2021 pour sortir l’Italie de la crise sanitaire et économique, Mario Draghi avait présenté sa démission le 14 juillet au président de la République qui l’avait aussitôt refusée.

M. Draghi estimait que son gouvernement d’unité nationale, allant de la gauche à l’extrême droite, n’avait plus de légitimité après la crise provoquée par la défection le même jour lors d’un vote clé au Sénat du M5S, lui-même confronté à de fortes dissensions internes et à une hémorragie de parlementaires.

« Le Parlement décide de se mettre contre l’Italie »

A l’issue d’un débat riche en rebondissements à la chambre haute mercredi, M. Draghi a exprimé sa frustration à l’égard des partis, dont certains ont à leur tour manifesté leur mécontentement de ne pas voir leurs points de vue pris en compte. La coalition soutenant jusqu’ici Draghi s’est ainsi écroulée.

« Avec amertume mais la conscience tranquille, nous ne participerons pas au vote », a lancé Anna Maria Bernini, présidente du groupe Forza Italia. Le parti avait présenté sa propre motion au Sénat, en proposant de reconduire Draghi sans le « 5 étoiles », mais le premier ministre n’avait appelé à voter que sur la motion d’un autre sénateur proposant la reconduction pure et simple du gouvernement sortant. La Ligue et le M5S ont suivi la même ligne que Forza Italia.

« Au cours de cette folle journée, le Parlement décide de se mettre contre l’Italie », a dénoncé le chef du Parti démocrate (PD, gauche), Enrico Letta.

« Les Italiens montreront dans les urnes qu’ils sont plus sages que leurs représentants », a-t-il ajouté, dans une allusion aux élections anticipées que pourrait déclencher une démission de Draghi. Finalement, seuls le centre et la gauche sont restés jusqu’au bout aux côtés de l’ex-chef de la Banque centrale européenne.

Inquiétude des marchés

Issu lui aussi du PD, le commissaire européen à l’économie, l’Italien Paolo Gentiloni, a jugé « irresponsables » les partis ayant fait défection. Le ministre des affaires étrangères, Luigi Di Maio, dissident du M5S, a pour sa part déploré « une page noire pour l’Italie ».

Quel que soit le résultat de ce feuilleton politique à l’italienne, l’agence de notation Fitch estime qu’il « est le symptôme d’une plus grande incertitude politique, même si des élections anticipées sont évitées », rendant les réformes structurelles et fiscales encore plus difficiles alors que Bruxelles et ses partenaires européens pressent aussi M. Draghi, gage de stabilité, de rester.

Les marchés scrutent avec attention la situation. Le coût de la dette de l’Italie est reparti à la hausse et la Bourse de Milan était en berne mercredi, signe de la nervosité des marchés face à l’incertitude régnant dans la troisième économie de la zone euro.

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Le Monde avec AFP

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