En Iran, cinq jours après la mort suspecte de Mahsa Amini, les manifestations et la colère persistent – Le Monde

Lors d’une manifestation à Téhéran, en Iran, après la mort de Mahsa Amini, mardi 20 septembre 2022.

La colère gronde en Iran depuis que les autorités ont annoncé vendredi la mort de Mahsa Amini, 22 ans, après son arrestation par la police des mœurs chargée de faire respecter un code vestimentaire strict pour les femmes. Deux personnes ont été tuées dans la province iranienne du Kermanchahan lors de manifestations, a annoncé, mercredi 21 septembre, le procureur de la région, Shahram Karami, cité par l’agence de presse Fars.

Par ailleurs, le commandant de la police du Kurdistan, Ali Azadi, a annoncé le même jour la mort d’une autre personne dans la province, selon l’agence Tasnim. Au total, six personnes ont trouvé la mort en plusieurs jours de troubles, selon le bilan officiel.

Amnesty International a également dénombré la mort de six hommes, une femme et un enfant. L’organisation a dénoncé une « répression brutale » et « le recours illégal aux tirs de grenailles, billes d’acier, gaz lacrymogène, canons à eau et coups de bâton pour disperser les manifestants ».

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« Nous sommes sûrs que cela a été fait par des agents contre-révolutionnaires parce que ces personnes ont été ciblées avec des armes non utilisées par les forces de l’ordre iraniennes », a ajouté Shahram Karami. Il a également déclaré que vingt-cinq personnes, dont certains membres des forces de police, avaient été blessées lors des manifestations.

Ismail Zarei Koosha, le gouverneur du Kurdistan, la province d’origine de Mahsa Amini où les troubles ont commencé, avait déclaré mardi que trois personnes avaient été tuées lors de soulèvements dans la province, sans préciser quand.

Des manifestations ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi dans quinze villes d’Iran, parmi lesquelles la capitale Téhéran et d’autres grandes villes, selon l’agence de presse d’Etat IRNA. Lors de la cinquième nuit de rassemblements de rue, la police a utilisé des gaz lacrymogènes et procédé à des arrestations pour disperser des foules pouvant atteindre 1 000 personnes, a fait savoir l’agence.

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Les manifestants ont bloqué les rues, lancé des pierres sur les forces de sécurité, incendié des véhicules de police et des poubelles et scandé des slogans antigouvernementaux, a-t-elle ajouté. « Non au foulard, non au turban, oui à la liberté et à l’égalité ! », ont crié les manifestants dans la capitale, leurs slogans ayant été repris par solidarité à New York ou à Istanbul. Les informations circulent toutefois difficilement en Iran où les médias sociaux étaient très perturbés mercredi soir.

Le président iranien dénonce un « deux poids, deux mesures » occidental au sujet des droits des femmes

A la tribune de l’ONU mercredi, le président des Etats-Unis Joe Biden s’est dit solidaire des « femmes courageuses d’Iran ». Avant lui, Ebrahim Raïssi, a également évoqué le sujet à l’occasion de son discours, en accusant l’Occident d’avoir « deux poids, deux mesures » concernant les droits des femmes.

« Il y a (…) une attention portée seulement d’un côté et pas partout », a déclaré le chef de l’Etat, évoquant les morts de femmes de peuples autochtones au Canada ou les actions israéliennes dans les territoires palestiniens. « Cela montre que la place de l’accusé et du défenseur ne doit pas être jugée seulement à l’aune de ce qui est présenté par certains », a-t-il ajouté.

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Mardi, lors de son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, le président chilien, Gabriel Boric, avait rendu hommage à la tribune à Mahsa Amini, appelant à « la fin des abus de la part des puissants où qu’ils soient ».

Mercredi matin, lors d’un entretien avec l’Agence France-Presse, le ministre des affaires étrangères britannique, James Cleverly, a estimé que les manifestations consécutives à la mort de la jeune femme montraient qu’« un autre chemin » était possible pour l’Iran. « Les dirigeants iraniens devraient remarquer que la population est mécontente avec la direction qu’ils ont prise. Ils peuvent prendre un autre chemin », a-t-il insisté.

Le Monde avec AFP

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