En France, les états d’âme des ressortissants britanniques face au Brexit – Le Monde

Des Britanniques participent à une cérémonie après avoir obtenu la nationalité française, le 7 novembre 2019 à Bordeaux.

Des Britanniques participent à une cérémonie après avoir obtenu la nationalité française, le 7 novembre 2019 à Bordeaux. GEORGES GOBET / AFP

Souvent oubliés, et pourtant affectés au premier chef, plusieurs milliers de ressortissants britanniques en France s’apprêtent à subir le divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE), qui sera effectif le 31 janvier. Preuve de l’inquiétude grandissante au sein de la communauté britannique – estimée à 144 000 personnes en 2018 par l’Insee, mais sans doute beaucoup plus nombreuse car tous ne sont pas enregistrés –, le ministère de l’intérieur a vu les demandes d’accès à la nationalité française bondir depuis le référendum du 23 juin 2016, en faveur d’une sortie de l’UE.

Résultat : au premier semestre 2019, 2 320 demandes de naturalisation de Britanniques ont encore été effectuées dans l’Hexagone, contre 3 173 sur l’ensemble de l’année 2017, record en la matière. A titre de comparaison, il n’y avait eu que 386 requêtes en 2015, avant la victoire des brexiters.

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Changer de nationalité pour limiter les conséquences du Brexit ? La démarche suscite bien des états d’âme parmi les Britanniques installés en France. « J’ai rendez-vous le 9 mars à la préfecture de Haute-Garonne pour faire ma déclaration », indique Vanessa Castaillet-Stone, journaliste originaire de Solihull, près de Birmingham, et résidente dans la banlieue toulousaine depuis 1997. Elle avait déjà envisagé de se faire naturaliser il y a quelques années, sans jamais franchir le pas. « J’aurais dû le faire plus tôt pour pouvoir voter en France », regrette la quinquagénaire. Parce qu’elle a quitté sa terre natale depuis plus de quinze ans, elle n’a plus le droit de vote aux élections britanniques non plus. C’est le Brexit qui a précipité sa décision : « Maintenant, je suis contrainte de demander la nationalité française. Ce n’est pas un problème, parce que je me sens autant anglaise que française. Ce qui me désole, c’est d’être obligée de le faire pour cette raison. »

« Je me sens ici comme chez moi »

Comme elle, Phil Wharton n’a entrepris des démarches qu’après le référendum. « Je ne voulais pas forcément devenir français, mais c’était pour ne pas perdre mon statut de travailleur. Et surtout, pour rester européen », précise le comédien de 61 ans, qui a quitté l’Angleterre il y a quarante ans. Après le choix de ses compatriotes, ce père de quatre enfants s’est résolu à faire une demande de naturalisation. Mais la procédure a pris du retard et, face à l’ampleur de la tâche – « trop long, trop cher, trop compliqué » – il a baissé les bras. « Je me suis dit qu’on allait trouver une solution, que les autorités françaises ne me mettraient pas dehors », poursuit-il. Phil Wharton a depuis découvert une autre solution : « J’ai appris il y a quelques jours que je pouvais obtenir la nationalité par décret, car mon épouse est française. C’est une démarche plus simple que celle que j’avais faite. »

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