En forte croissance, Iliad est prêt à saisir toute opportunité d’acquisition
SFR qui pleure, Free qui rit. La publication des derniers résultats financiers des deux opérateurs télécoms offre un net contraste. Alors que SFR enregistre des résultats en baisse (recul du chiffre d’affaires de 2,6 % au deuxième trimestre) et une dette en hausse, Iliad, la maison mère de Free, affiche une santé insolente.
Poursuivant la dynamique de 2022, le groupe de Xavier Niel a réalisé un chiffre d’affaires de 4,44 milliards d’euros au premier semestre, soit une croissance de 10,4 %. Ses ventes progressent dans les trois pays où il est implanté qu’il s’agisse de la France (7,7 %), de l’Italie (12,2 %) ou de la Pologne (17,9 %).
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Recrutement record de nouveaux abonnés
Même s’il se dit « prudent en raison du contexte macro-économique incertain », Thomas Reynaud (photo), directeur général d’Iliad a des occasions de se réjouir. En France, Free a recruté 128 000 nouveaux abonnés dans le mobile et 205 000 sur la fibre.
Dans la période inflationniste actuelle, l’opérateur profite de son engagement de bloquer le prix de ses forfaits mobiles à 2 et 19,99 euros jusqu’en 2027 alors que ses concurrents ont relevé les leurs d’un à trois euros. La nouvelle offre Free Flex qui permet d’acquérir un smartphone en étalant son prix sur 24 mois sans frais fait aussi mouche.
Le revenu moyen par abonné, le fameux Arpu (Average Revenue Per User), augmente aussi. L’objectif est d’inciter les quelque 3 millions d’abonnés à 2 euros à passer au forfait supérieur. Dans ce but, ce dernier a vu récemment sa capacité data passer de 210 Go à 250 Go par mois.
Free estime disposer du premier réseau 5G de France avec 92 % de la population couverte. En ce qui concerne la fibre optique, Free a franchi le cap symbolique des 5 millions d’abonnés à la fibre. L’opérateur affiche bon taux de conversion de l’ADSL à la fibre puisque 70 % de ses abonnés au fixe ont fait ce choix. Son réseau couvre plus de 33,5 millions de foyers raccordables et dessert 23 400 communes.
Une facture d’énergie doublée
Free joue aussi sur la notion de proximité avec un réseau de 219 boutiques qui grossit à raison d’une ouverture par semaine depuis le début de l’année et le lancement d’un nouveau concept de magasin, le Big Bang Store. L’opérateur a aussi mis en place 109 centres Free Proxi en régions. Soit des équipes locales d’assistance de 8 à 10 conseillers qui répondent par téléphone ou chat mais peuvent aussi se déplacer au domicile de l’abonné.
Autre motif de réjouissement : le développement de l’activité BtoB. En deux et demi d’existence, Free Pro a convaincu 40 000 entreprises. Il s’agit essentiellement de PME mais aussi de 20 % des groupes CAC 40 et des collectivités locales comme les conseils régionaux de PACA et de Bretagne. Quarante groupes hospitaliers ont retenu son offre de cybersécurité.
Seule autre ombre au tableau : la hausse des prix de l’énergie avec une facture qui aurait doublé en quelques mois. Ce qui ne l’empêche pas le groupe d’avoir investi 1,04 milliard d’euros sur le premier semestre dans ses services, ses réseaux ou ses datacenters. Le niveau de liquidités d’Iliad reste, par ailleurs, particulièrement élevé avec 4,2 milliards d’euros de disponibilités à fin juin, en cash ou en lignes de crédit non utilisées.
« Free ne sera jamais à vendre »
Fort de cette assise financière, Iliad – qui ne semble pas refroidi après la tentative avortée de rachat de Vodafone en Italie -, dit regarder les opportunités d’acquisition dans les trois pays où il est présent ou dans un autre pays européen. Actuellement sixième opérateur européen, il se fixe pour objectif de rentrer dans le top 3. « Il ne s’agit pas de grossir pour grossir, tempère Thomas Reynaud. La société rachetée doit être en ligne avec l’ADN du groupe. »
En ce qui concerne le serpent de mer qui consisterait à ramener le nombre d’opérateurs de quatre à trois sur le marché français, Iliad se voit jouer un rôle de consolidateur si d’aventure l’occasion se prête. « Des concurrents sont sous pression dans le contexte inflationniste et le manque d’agilité de leur organisation », tacle Thomas Reynaud sans les citer. En revanche, pas question de tenir le rôle de proie. « Free ne sera jamais à vendre », a-t-il martelé.