En distinguant le Programme alimentaire mondial, le comité Nobel alerte sur l’urgence de la faim dans le monde – Le Monde

Un réfugié soudanais vient de récupérer un sac de denrées alimentaires auprès du Programme alimentaire mondial, le 20 février 2018 à Yida, au Soudan du Sud.

« La nourriture reste le meilleur vaccin contre le chaos. » C’est par ces termes que le comité Nobel a commenté l’attribution du prix Nobel de la paix, vendredi 9 octobre, au Programme alimentaire mondial (PAM), institution onusienne basée à Rome, dont la mission principale est d’apporter une aide alimentaire d’urgence aux populations. Alors que la faim dans le monde est en hausse continue depuis 2015, cette distinction vient mettre en lumière à quel point l’objectif faim zéro que l’ONU s’est fixé pour 2030 semble hors d’atteinte : une personne sur neuf (821 millions) ne mange pas aujourd’hui à sa faim, un chiffre qui risque de progresser fortement en 2020, sous l’effet des mesures restrictives liées à la pandémie de Covid-19. Et, parmi elles, 135 millions sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, c’est-à-dire que leur subsistance est en danger.

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« Sans la paix, nous ne pouvons pas atteindre notre objectif mondial d’éradication de la faim ; et, tant que la faim subsiste, nous n’aurons jamais un monde pacifique », a réagi le directeur exécutif du PAM, l’Américain David Beasley, dans un communiqué. Par cette distinction, le comité norvégien du Nobel a souhaité « tourner les regards vers les millions de personnes qui souffrent ou sont menacées de faim », mais aussi récompenser le multilatéralisme. « Le besoin de solidarité internationale et de coopération multilatérale est plus évident que jamais », a insisté Berit Reiss-Andersen, présidente norvégienne du comité.

« Je me réjouis que la question de la faim que l’on croit chaque fois réglée soit de nouveau mise en avant, a commenté au Monde Olivier De Schutter, ancien rapporteur des Nations unies pour le droit à l’alimentation. Les menaces aujourd’hui sont différentes de celles d’il y a trente ans : désormais, c’est le réchauffement climatique et les déplacements forcés de personnes en raison des conflits armés qui font grimper la sous-alimentation dans le monde. »

« Les financements ne suivent pas »

Fondé en 1961, le PAM, qui compte 17 000 salariés dans 88 pays, mène les deux tiers de ses interventions dans des zones de conflits, dans des conditions parfois très précaires. Chaque année, il porte assistance à près de 100 millions de personnes dans le monde. Son plus grand terrain d’action est le Yémen, dont les deux tiers des 30 millions d’habitants ne peuvent se nourrir correctement, selon le PAM. Cinq années de conflit armé ont mis en ruine le pays, son système de santé et son économie. Les aides onusiennes tentent tant bien que mal de préserver le Yémen d’une situation de famine généralisée, mais l’institution a alerté ces derniers mois sur la baisse des financements, qui l’ont contrainte à réduire ses interventions.

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