EN DIRECT – Ukraine : Londres estime « hautement probable » que Poutine veuille prendre Kiev – Les Échos

Publié le 23 févr. 2022 à 6:59Mis à jour le 23 févr. 2022 à 11:13

Le feu vert du Parlement russe à une opération militaire en Ukraine est « le début d’une invasion » du pays, a dénoncé Joe Biden, en dévoilant de premières sanctions contre Moscou, comme ses partenaires occidentaux. La crainte d’une escalade militaire en Ukraine, aux portes de laquelle 150.000 soldats russes sont, selon Washington, déployés, est à son paroxysme depuis que Vladimir Poutine a reconnu lundi l’indépendance des entités sécessionnistes de Lougansk et de Donetsk.

Pour Londres, Vladimir Poutine veut aller plus loin. « Nous pensons qu’il est hautement probable qu’il mène à bien son projet d’une invasion totale de l’Ukraine », a déclaré Liz Truss, ministre des Affaires étrangères britannique sur la chaîne télévisée Sky News.

Les infos principales à connaître :

> La Russie prête à trouver des « solutions » diplomatiques avec les Occidentaux

> Biden dénonce le début d’une invasion russe

> L’Ukraine appelle ses ressortissants à quitter « immédiatement » la Russie et annonce la mobilisation de ses réservistes

>>> Suivez en direct l’actualité de ce mercredi 23 février :

> L’Allemagne « peut se passer » si nécessaire du gaz russe, selon Berlin

L’Allemagne pourra se passer à terme si nécessaire du gaz russe, dont elle dépend énormément encore aujourd’hui pour son énergie, a estimé le ministre de l’Economie et du Climat.

« Oui, elle le peut », a répondu Robert Habeck sur la radio publique allemande en réponse à une question sur cette éventualité. Si Berlin devait renoncer totalement un jour au gaz russe, cela se traduirait d’abord par « un gros manque » à combler sur le marché de l’énergie, avec pour conséquence de « d’abord faire monter le prix » du gaz.

> L’Ukraine appelle ses ressortissants à quitter « immédiatement » la Russie et annonce la mobilisation de ses réservistes

Le ministère ukrainien des Affaires étrangères a appelé ses ressortissants à quitter la Russie au plus vite, du fait du risque d’escalade militaire par Moscou. « Le ministère recommande aux ressortissants ukrainiens de s’abstenir de tout voyage en Russie et à ceux qui s’y trouvent déjà de quitter immédiatement le territoire », a indiqué la diplomatie ukrainienne dans un communiqué.

Les forces armées ukrainiennes ont également annoncé un plan de mobilisation dès ce mercredi des réservistes sur fond de craintes d’une escalade militaire par Moscou. « La mobilisation concernera les réservistes âgés de 18 à 60 ans », ont précisé les forces terrestres ukrainiennes sur Facebook.

> Pékin accuse Washington de « mettre de l’huile sur le feu »

La Chine a accusé les Etats-Unis de « mettre de l’huile sur le feu » en Ukraine. « Les Etats-Unis n’ont cessé de vendre des armes à l’Ukraine, augmentant les tensions, créant la panique et ils ont même exagéré le calendrier d’une guerre », a fustigé devant la presse une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying.

« La question clé est de savoir quel rôle ont joué les Etats-Unis dans les tensions actuelles en Ukraine », s’est interrogée la porte-parole.

> Londres estime « hautement probable » que Poutine veuille prendre Kiev

La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a estimé mercredi ‘hautement probable’ que le président russe Vladimir Poutine veuille envahir l’Ukraine et prendre sa capitale Kiev, après la reconnaissance par Moscou de l’indépendance de territoires séparatistes prorusses.

‘Nous pensons qu’il est hautement probable qu’il mène à bien son projet d’une invasion totale de l’Ukraine’, a déclaré Liz Truss sur la chaîne télévisée Sky News. ‘Nous pensons qu’il est hautement probable ce que soit ce qu’il prévoit’, a-t-elle ajouté, interrogée sur une éventuelle prise de Kiev.

> L’engagement de gel du prix du gaz sera respecté, affirme Bruno Le Maire

Toujours sur BFMTV, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a affirmé que « l’engagement de gel du prix du gaz sera respecté pour les particuliers » malgré la crise en Ukraine. Ce gel court jusqu’à l’été 2022, « si jamais il faut le prolonger […] ça me parait indispensable de le faire » a-t-il ajouté.

Evoquant par ailleurs la dépendance de l’Hexagone aux approvisionnements en gaz russe, il a précisé que la France est exposée à 20 %, l’Europe 40 %, l’Allemagne 60 % » a-t-il précisé.

> La crise ukrainienne plaide pour la flexibilité de la BCE, selon Villeroy de Galhau

La crise ukrainienne implique que la Banque centrale européenne (BCE) n’écarte aucune option et reste flexible sur la transmission de sa politique monétaire, a déclaré ce mercredi François Villeroy de Galhau, l’un des membres du Conseil des gouverneurs de la BCE. « Nous évaluons naturellement avec attention l’évolution de la situation géopolitique et ses éventuelles implications économiques et financières », a dit le gouverneur de la Banque de France lors d’une conférence organisée par Eurofi.

Il a expliqué que l’exposition directe des institutions financières françaises à la Russie restait « limitée » mais a précisé que le Mécanisme de supervision unique (MSU), chargé de la supervision du secteur dans la zone euro, avait appelé toutes les banques européennes à « une vigilance accrue » face aux risques cyber.

> L’Europe pourrait infliger des sanctions « plus pénalisantes », selon Bruno Le Maire

« Nous avons en réserve une batterie de sanctions infiniment plus pénalisantes » contre les intérêts russes, avertit ce mercredi matin, sur BFMTV, le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire. « Nous aurons vendredi et samedi une réunion des ministres des Finances européens qui continueront de travailler sur ces sujets », a-t-il encore précisé.

Il a aussi salué « une décision courageuse » de l’Allemagne après la suspension de l’autorisation du gazoduc Nord Stream 2.

> Que pèse l’armée russe ?

Plus de 150.000 soldats russes sont mobilisés autour de l’Ukraine. Si l’on ajoute les 50.000 hommes de l’armée biélorusse, l’encerclement du pays est encore plus impressionnant. La Russie pourrait ainsi déployer plus d’une centaine de bataillons tactiques (entre 600 et 1.000 soldats), équipés de leurs chars, artillerie, logistique et systèmes de défense aérienne pour envahir l’Ukraine.

La Russie encercle l’Ukraine et aligne des forces aériennes, navales et terrestres qui lui laissent toutes les options ouvertes. Dans la durée toutefois, l’Ukraine n’est pas forcément perdante, à condition que l’Otan parvienne vite à l’armer.

> Un soldat ukrainien tué par des tirs séparatistes, dit Kiev

L’armée ukrainienne a annoncé la mort d’un soldat des forces gouvernementales dans des bombardements des forces séparatistes pro russes dans l’est de l’Ukraine. Six autres soldats ont été blessés, a-t-elle ajouté.

L’armée ukrainienne dit avoir recensé 96 incidents déclenchés par des tirs séparatistes au cours des dernières 24 heures, contre 84 la veille. Elle a accusé les sécessionnistes d’avoir fait usage de canons, de mortiers et de roquettes Grad. De leurs côté, les séparatistes affirment que Kiev a violé 114 fois le cessez-le-feu dans la journée de mardi.

> Taïwan condamne l’attitude de la Russie

La présidente de Taïwan a condamné la Russie pour avoir ordonné l’envoi de troupes dans les territoires contestés d’Ukraine et a ordonné à l’armée de renforcer sa propre protection contre les tensions croissantes avec la Chine voisine.

Elle-même sous la menace d’une invasion par un voisin géant, la démocratie autonome de Taïwan surveille de près la crise en Ukraine.

> La Russie prête à trouver des « solutions diplomatiques » avec les Occidentaux

Le président russe a assuré être disposé à trouver des « solutions diplomatiques » dans la crise actuelle avec l’Ukraine et les Occidentaux, tout en insistant sur le caractère « non négociable » des intérêts et de la sécurité de son pays.

« Notre pays est toujours ouvert à un dialogue direct et honnête pour trouver des solutions diplomatiques aux problèmes les plus complexes. Cependant, les intérêts et la sécurité de nos citoyens sont pour nous non négociables », a déclaré Vladimir Poutine dans un discours télévisé à l’occasion de la Journée du défenseur de la Patrie.

> Les tensions en Ukraine, ex-république soviétique au passé chaotique, expliquées en 4 cartes

Dans la nuit de lundi à mardi, le sort d’une partie de l’Ukraine a basculé. Malgré tous les efforts diplomatiques, le président russe Vladimir Poutine a fait un pas de plus vers la guerre, en reconnaissant l’indépendance des républiques séparatistes de Donetsk et Louhansk, dans l’est du pays.

Une décision qui aggrave encore les tensions dans cette ex-république soviétique au passé chaotique. Explications en 4 cartes.

> Les sanctions ne visent pas les marchés de l’énergie, selon un responsable américain

Les sanctions contre la Russie décidées mardi par l’administration Biden ne sont pas destinées à frapper les marchés mondiaux de l’énergie, a déclaré un responsable du département d’Etat américain. « Les sanctions imposées aujourd’hui, et celles qui pourraient être décidées bientôt, ne visent pas les flux de pétrole et de gaz », a indiqué ce responsable, cité par l’agence Reuters, qui préfère conserver l’anonymat. « Nous souhaitons que le marché note qu’il n’est pas nécessaire d’augmenter les prix pour le moment. »

Malgré les efforts de l’administration Biden pour maintenir le calme sur les marchés pétroliers, les prix du brut ont frôlé les 100 dollars (88 euros) le baril après que Moscou a ordonné l’entrée de troupes dans deux régions séparatistes de l’est de l’Ukraine. Les responsables américains ont collaboré avec l’Opep et avec les grands pays consommateurs de pétrole afin de réagir si nécessaire pour calmer les marchés de l’énergie, a-t-il ajouté.

> Le Canada et le Japon imposent à leur tour des sanctions économiques à la Russie

Le Canada va notamment « interdire aux Canadiens d’effectuer toute transaction étrangère » avec les territoires séparatistes pro russes de Lougansk et Donetsk, imposer des sanctions aux parlementaires russes qui ont voté en faveur de la « décision illégale de reconnaître ces territoires » et « interdire aux Canadiens de participer à des achats de la dette russe », a déclaré Justin Trudeau, le Premier ministre, lors d’un point presse.

Même tonalité côté Japon. Les sanctions de Tokyo comprennent l’interdiction de délivrer des visas aux personnes liées aux « deux soi-disant républiques », ainsi que le gel de leurs avoirs et l’interdiction du commerce avec ces régions. Elles interdisent également l’émission et le commerce d’obligations d’Etat russes au Japon.

> Annulation de la rencontre Blinken-Lavrov

Le chef de la diplomatie américaine a annoncé qu’il ne rencontrerait pas, demain comme prévu, son homologue russe Sergueï Lavrov, après la reconnaissance par Moscou de deux régions séparatistes de l’est de l’Ukraine. « Maintenant que nous voyons que l’invasion a commencé et que la Russie a clairement rejeté toute diplomatie, cela ne fait aucun sens de se rencontrer à ce stade », a déclaré Anthony Blinken au cours d’une conférence de presse commune avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères.

« Nous ne permettrons pas à la Russie de revendiquer une prétendue diplomatie quand, au même moment, elle accélère sa marche sur la voie du conflit et de la guerre », a ajouté Antony Blinken. Il s’est toutefois déclaré prêt à poursuivre des efforts diplomatiques « si la Russie est prête à prendre des mesures vérifiables pour prouver à la communauté internationale […] qu’elle est sérieuse quand elle parle de désescalade et de trouver une solution diplomatique ». « Si Moscou change d’attitude, je reste tout à fait prêt à discuter », a-t-il expliqué. Mais la Russie « doit démontrer qu’elle est sérieuse. Les dernières 24 heures ont montré tout le contraire ».

> Trump salue la stratégie de Poutine

Donald Trump a vu du « génie » dans la stratégie du président russe et fustigé la gestion de la crise par son successeur Joe Biden de la crise. Sa proximité avec Vladimir Poutine a par le passé fait l’objet de vives critiques. Assurant qu’il le connaît « très bien », Donald Trump a aussi jugé dans un communiqué que le dirigeant russe « n’aurait jamais fait sous l’administration Trump ce qu’il fait maintenant ».

> La Charte de l’ONU n’est « pas un menu à la carte »

Les principes de « la Charte des Nations unies ne sont pas un menu à la carte » et la Russie doit « les appliquer tous » à l’égard de l’Ukraine, a affirmé le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans une vive critique à l’égard du Kremlin. « Les Etats membres les ont tous acceptés et ils doivent tous les appliquer », a-t-il insisté, réaffirmant que la reconnaissance par Moscou d’une « soi-disant indépendance » de zones séparatistes était « une violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine ».

> Biden dénonce « le début d’une invasion russe en Ukraine »

Joe Biden a dénoncé mardi « le début d’une invasion russe de l’Ukraine », annonçant que les Etats-Unis continueraient à fournir des armes « défensives » à l’Ukraine. « J’ai autorisé le redéploiement de forces américaines déjà positionnées en Europe pour renforcer nos alliés baltes, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie », a ajouté le président américain dans une adresse à la nation depuis la Maison-Blanche.

Il a également annoncé une « première tranche » de sanctions qui doivent couper la Russie des financements occidentaux et visent les « élites russes » ainsi que des institutions financières. « Nous mettons en place de vastes sanctions sur la dette souveraine russe. Cela signifie que nous coupons le gouvernement russe du financement occidental », a déclaré le président américain lors d’une allocution.

VIDEO. Joe Biden : « C’est le début d’une invasion russe en Ukraine »

> L’UE approuve un « paquet de sanctions » contre la Russie

Les Vingt-Sept Etats-membres de l’UE ont approuvé mardi un « paquet de sanctions » à « l’unanimité » contre la Russie après sa décision de reconnaître les territoires séparatistes dans l’est de l’Ukraine. « Nous sommes tombés d’accord sur un premier paquet de sanctions à l’unanimité », a annoncé le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian à l’issue de la réunion des 27 ministres des Affaires étrangères à Paris. Ces sanctions « feront très mal à la Russie », a ajouté le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell. Elles s’attaquent pour l’instant à la capacité de la Russie à accéder au marché de capitaux européens. D’autres actions devraient suivre.

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