EN DIRECT – Guerre en Ukraine : à l’ONU, Lavrov rejette les accusations occidentales – Le Figaro
Dans le hall d’entrée de cet immeuble défraîchi dans un quartier quelconque de Zaporijjia, les paroles bruissent, à peine audibles malgré l’écho. Une dizaine de personnes prennent le thé dans le halo lugubre d’une ampoule au plafond. Le matin même, des frappes de missiles russes se sont abattues sur un hôtel, une sous-station électrique et une tour de télévision en plein dans cette capitale régionale, tuant une personne et en blessant cinq autres selon les autorités de la ville. Ici, dans ce cocon aux murs nus, des familles sont pourtant venues trouver la paix, fuyant la terreur de l’occupation russe.
Mardi dernier, les autorités soutenues ou installées par Moscou dans les zones occupées des régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson ont annoncé la tenue de référendums d’annexion à la Russie, censés se dérouler à partir de ce vendredi et jusqu’au 27 septembre. «Dès que j’ai entendu les annonces de Vladimir Poutine, j’ai commencé à faire mes bagages», confie Ludmilla Sholukh. Cette pédiatre originaire de Berdiansk, une cité portuaire du sud du pays sous occupation russe, vient tout juste d’arriver à Zaporijjia. Il y a une semaine, une ancienne camarade de classe a été abattue ainsi que son mari par les Russes, car ils refusaient de collaborer avec eux. Son mari était un responsable de la mairie de la ville, et les Russes voulaient qu’il les aide à organiser le vote. L’idée d’un référendum était déjà lancée, et ils lui ont ordonné de compiler des listes de citoyens en fonction de la probabilité selon laquelle ils voteraient pour ou contre l’annexion du territoire à la Russie. L’employé a refusé, alors ils l’ont tué… Et son épouse aussi.»
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté jeudi les Russies à «protester» contre la mobilisation sur le front ukrainien annoncée par le Kremlin ou à «se rendre» aux forces de Kiev. «55.000 soldats russes ont été tués dans cette guerre en six mois (…) Vous en voulez davantage? Non? Alors protestez! Luttez! Fuyez! Ou rendez-vous» à l’armée ukrainienne, a-t-il lancé en russe dans son adresse vidéo traditionnelle.
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De notre correspondante à Bruxelles.
Face à la nouvelle fuite en avant de Vladimir Poutine – mobilisation de quelque 300.000 réservistes russes, menace d’un recours aux armes de destruction massives et soutien aux référendums du «droit à l’autodétermination» des habitants des provinces ukrainiennes de Donetsk, de Louhansk, de Kherson et de Zaporijjia -, la riposte de l’UE sera un énième paquet de sanctions contre la Russie. Le huitième depuis le début de la guerre en Ukraine ou, si on met de côté les séries de mesures destinées à renforcer des sanctions plus anciennes, «le sixième ter» selon la formule piquante de certains membres des médias européens à Bruxelles. «Ne vous attendez pas à la lune! Nous avons déjà coupé pratiquement toute l’économie russe de celle de l’Union», prévient d’emblée une source de l’UE.
Depuis New York, où elle participait à l’Assemblée générale des Nations unies, Ursula von der Leyen a, en tout cas, aiguisé les curiosités sur le sujet. «Nous sommes prêts à imposer des coûts économiques supplémentaires à la Russie et aux individus et entités à l’intérieur et à l’extérieur de la Russie qui la soutiennent, politiquement ou économiquement. De plus, nous proposerons des contrôles supplémentaires des exportations sur la technologie civile alors que la Russie passe à une économie de guerre totale», a énuméré la présidente de la Commission sur CNN.
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Ce 21 septembre, Vladimir Poutine a prononcé, sur un ton clairement plus mécanique que passionné, un chef-d’œuvre de propagande mensongère pour brosser le tableau d’une Russie agressée par l’Occident et les «néonazis ukrainiens», justifiant ainsi l’appel à la mobilisation partielle de la population russe, une mesure qui pourrait à terme lui coûter cher. «Si vous osez toucher à notre territoire, vous subirez les foudres de notre arsenal nucléaire», a-t-il dit aux Occidentaux. Le discours était une inversion impudente des faits. Car c’est la Russie qui a agressé un pays souverain, l’Ukraine, en lançant contre elle une guerre totale. C’est aussi Moscou qui produit chaque jour, par la voix de ses idéologues et ministres, un discours ouvertement fasciste énonçant une volonté d’éradication de l’Ukraine.
Mais dans la tradition de la «maison KGB» dont Poutine est issu, peu importe la réalité si le mensonge, même le plus énorme, finit par être imposé à l’interlocuteur. Sentant le sol se dérober sous ses pieds sur le plan militaire, le maître du Kremlin ressort la vieille ficelle de la citadelle russe assiégée en misant sur la passivité légendaire et les réflexes obsidionaux de son peuple, ainsi que sur la faiblesse d’un Occident qu’il espère toujours diviser.
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«Beaucoup» d’Ukrainiens remis à Kiev par Moscou à la faveur d’un important échange de prisonniers de guerre, ont été «brutalement torturés» en captivité, a affirmé jeudi un haut responsable ukrainien. «Beaucoup d’eux ont été brutalement torturés», a déclaré lors d’une conférence de presse Kyrylo Boudanov, en charge du département du renseignement au sein du ministère de la Défense ukrainien, qui a participé à l’organisation de ce vaste échange annoncé mercredi par Kiev.
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Le vendredi 16 septembre 2022, la commissaire russe aux «droits de l’enfant», Maria Lvova-Belova, a annoncé l’arrivée à Moscou de 100 enfants en provenance de la république séparatiste de Donetsk (DNR). 77 d’entre eux sont arrivés par avion après un décollage depuis la ville frontalière de Rostov-sur-le-Don et les 23 autres ont dû prendre le train depuis la ville de Koursk.
À peine arrivés sur le territoire russe, ces enfants âgés de 3 à 17 ans, qui sont le plus souvent orphelins du fait de la guerre en Ukraine, ont reçu la citoyenneté russe grâce à une procédure expéditive. Ils doivent ensuite suivre une «formation psychologique et sociale» pour les «aider» à surmonter le traumatisme de la guerre, avant de choisir parmi 3 ou 4 familles une famille adoptive, ont expliqué les autorités russes.
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Le premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban, qui blâme régulièrement les sanctions de l’Union européenne (UE) contre la Russie, veut obtenir leur levée d’ici décembre, et une «consultation nationale» va être lancée sur le sujet. Lors d’une réunion interne du parti au pouvoir Fidesz, le dirigeant a appelé ses troupes «à faire tout leur possible pour s’assurer que l’Europe lève les sanctions au plus tard avant la fin de l’année», écrit le journal pro-gouvernement Magyar Nemzet, au moment même où Bruxelles en envisage de nouvelles. Contacté par l’AFP, le gouvernement a «confirmé» les informations de l’article.
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La République tchèque ne délivrera pas de visas humanitaires aux Russes qui fuient leur pays pour éviter la mobilisation annoncée par le président Vladimir Poutine, a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères. Nombre de Russes semblent vouloir quitter leur pays, depuis que Vladimir Poutine a décidé mercredi de mobiliser 300.000 personnes supplémentaires pour renforcer les troupes qui ont envahi l’Ukraine le 24 février. «Je comprends que les Russes fuient les décisions de plus en plus désespérées prises par Poutine», a indiqué le ministre tchèque des Affaires étrangères Jan Lipavsky, dans un communiqué obtenu par l’AFP.
«Mais ceux qui fuient leur pays parce qu’ils ne veulent pas remplir un devoir imposé par leur propre État ne remplissent pas les critères pour recevoir un visa humanitaire», a souligné Jan Lipavsky dont le pays assure la présidence tournante de l’Union européenne. Les Tchèques ont ainsi adopté une position différente à l’égard des déserteurs russes, comparé à d’autres pays de l’Union européenne, notamment l’Allemagne qui a déclaré jeudi qu’elle était prête à les accueillir. «Celui qui s’oppose courageusement à Poutine et se met ainsi en grand danger peut demander l’asile politique en Allemagne», a déclaré la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser. La République tchèque a cessé de délivrer les visas aux Russes au lendemain de l’invasion, mais a ensuite fait l’exception pour les cas humanitaires.
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Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a rejeté jeudi devant le Conseil de sécurité de l’ONU les accusations occidentales concernant la guerre en Ukraine, dénonçant pour sa part «l’impunité» de Kiev. «Kiev doit son impunité à ses partenaires occidentaux», a affirmé le ministre russe devant ses homologues, dont l’Ukrainien Dmytro Kouleba, lors de cette réunion spéciale du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Ukraine et à l’impunité. Le ministre a profité de la tribune pour lancer une diatribe contre «l’État totalitaire nazi» en place selon lui à Kiev et l’impunité de l’Ukraine pour ses agissements depuis 2014.
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Près de 10.000 personnes se sont portées volontaires pour être mobilisées pour l’offensive en Ukraine ces dernières 24 heures, après l’annonce de Vladimir Poutine, a affirmé l’état-major russe.
«Lors de la première journée de mobilisation partielle, environ 10.000 citoyens sont arrivés par eux-mêmes aux commissariats militaires, sans attendre leur convocation», a assuré à l’agence Interfax Vladimir Tsimlianski, un porte-parole de l’état-major.
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Cinq Britanniques capturés en Ukraine sont rentrés au Royaume-Uni après un échange de prisonniers entre Moscou et Kiev, selon une organisation humanitaire venant en aide à leurs familles. Aiden Aslin, Shaun Pinner, John Harding, Dylan Healy and Andrew Hill figurent parmi dix prisonniers de guerre concernés par cet échange favorisé par une médiation saoudienne.
Les deux premiers avaient été condamnés à mort, aux côtés du Marocain Brahim Saadoun, lui aussi concerné par l’échange de prisonniers, pour mercenariat, une accusation contestée, par des séparatistes prorusses dans l’Est de l’Ukraine.
«Nous savons qu’ils sont tous de retour en sécurité au Royaume-Uni et attendent avec impatience le retour à la normalité avec leurs familles après cette horrible épreuve», a déclaré dans un communiqué le directeur des opérations de l’organisation, Dominik Bryne, soulignant que la plupart ont demandé le respect de leur vie privée.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a appelé la communauté internationale à contraindre le président russe Vladimir Poutine à rendre des comptes pour son invasion de l’Ukraine.
«On ne peut pas laisser Poutine s’en tirer comme ça», a déclaré le chef de la diplomatie américaine, dénonçant le fait que la Russie avait «mis en pièces l’ordre international». Antony Blinken s’exprimait lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur l’Ukraine, en présence de la Russie.
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Le secrétaire général de l’ONU a appelé à enquêter sur le «catalogue de cruautés» qui ont lieu en Ukraine, lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur l’«impunité» des crimes commis depuis l’invasion du pays par la Russie. Les rapports des services humanitaires de l’ONU «sont un catalogue de cruautés: exécutions sommaires, violence sexuelle, torture et autres traitements inhumains et dégradants contre les civils et les prisonniers de guerre», a déclaré Antonio Guterres à l’ouverture de cette réunion à laquelle participe notamment le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
«Toutes ces accusations doivent faire l’objet d’enquêtes, pour garantir la responsabilité», a ajouté le secrétaire général de l’ONU. «Les auteurs doivent être tenus pour responsables lors de procédures judiciaires justes et indépendantes. Les victimes et leurs familles ont droit à la justice et à la réparation».
«Les sept derniers mois ont été marqués par une souffrance et une désolation indicibles».
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L’Allemagne est prête à accueillir des déserteurs de l’armée russe «menacés de grave répression», a déclaré la ministre allemande de l’Intérieur, au lendemain d’une annonce de mobilisation de réservistes russes pour combattre en Ukraine. «Celui qui s’oppose courageusement à Poutine et se met ainsi en grand danger peut demander l’asile politique en Allemagne», a déclaré Nancy Faeser.
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Le ministre de la Justice Marco Buschmann avait fait la même démarche dans un tweet mercredi sous le hashtag «mobilisation partielle» notant qu’apparemment «beaucoup de Russes quittaient leur pays». «Tous ceux qui haïssent la voie choisie par Poutine et aiment la démocratie libérale sont les bienvenus en Allemagne», a écrit le ministre libéral.
L’obtention de l’asile politique n’a toutefois rien d’automatique: il s’agit de décisions individuelles qui sont assorties d’un contrôle de sécurité, a rappelé la ministre de l’Intérieur. Des dizaines de milliers de Russes ont quitté leur pays depuis l’invasion de l’Ukraine qui a débuté le 24 février, un phénomène qui semble toutefois s’être amplifié depuis l’annonce mercredi par le maître du Kremlin d’une mobilisation partielle des réservistes.
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L’Ukrainien Viktor Medvedtchouk, un proche de Vladimir Poutine qui a été libéré dans un échange de prisonniers entre Kiev et Moscou, était l’homme du président russe en Ukraine, où il a défendu ses intérêts pendant plus de 20 ans.
Alors que les rumeurs sur un échange potentiel le concernant allaient bon train depuis des mois, son nom est finalement ressorti mercredi, quand le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé qu’il faisait partie des prisonniers remis à Moscou. Ces personnes «ne méritent ni regrets, ni sympathie», a déclaré le président ukrainien. Il y a ceux qui «ont combattu contre l’Ukraine et ceux qui ont trahi l’Ukraine», et pour Kiev, Viktor Medvedtchouk appartient à la deuxième catégorie.
Dans la foulée de l’invasion russe le 24 février, cet ancien député et homme d’affaires ukrainien de 68 ans avait fui son assignation à résidence, disparaissant dans la nature avant d’être arrêté par les forces spéciales le 12 avril. Vêtu d’un uniforme militaire, menotté et les cheveux ébouriffés, ce multi-millionnaire, jadis un des hommes les plus influents d’Ukraine, n’apparaissait alors plus que comme l’ombre de lui-même sur les images diffusées par les services ukrainiens.
L’annonce de l’arrestation de l’un des politiciens les plus honnis en Ukraine pour ses liens avec Vladimir Poutine avait suscité ce jour-là une explosion de joie sur les réseaux sociaux.
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Le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban, qui blâme régulièrement les sanctions de l’Union européenne (UE) contre la Russie, veut obtenir leur levée d’ici décembre. Lors d’une réunion interne du parti au pouvoir Fidesz, le dirigeant a appelé ses troupes «à faire tout leur possible pour s’assurer que l’Europe lève les sanctions au plus tard avant la fin de l’année».
Viktor Orban, soucieux de maintenir des liens de proximité avec le Kremlin, ne cesse de fustiger la stratégie de l’UE. Il dénonce la flambée des prix provoquée par les sanctions, alors que la Hongrie est touchée par une inflation galopante et craint pour l’approvisionnement énergétique cet hiver sur fond de forte dépendance aux hydrocarbures russes.
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Pour le fils d’un proche de Vladimir Poutine, cela fait mauvais genre. Après l’annonce de la mobilisation partielle décrétée mercredi en Russie, un partisan de Navalny, animateur de la chaîne YouTube Popular Politics, a appelé le fils de Dmitri Pesko, porte-parole du Kremlin, en se faisant passer pour un officier de police russe. «Aujourd’hui, vous avez reçu une convocation et vous n’avez pas encore répondu», fait-il remarquer, lui donnant rendez-vous au commissariat le lendemain matin.
Au bout du fil, Nikolai se montre très gêné : «À l’évidence, je ne vais pas venir demain à 10h», l’entend-t-on répondre. «Vous devriez comprendre que je suis M. Peskov, et que ce n’est pas exactement ma place d’être là (…) De toute façon, je vais résoudre ça… à un autre niveau», déclare-t-il enfin.
Au moins six personnes ont été tuées et six autres blessées jeudi dans une frappe ayant touché un marché à Donetsk, bastion des séparatistes prorusses dans l’Est de l’Ukraine, a annoncé le chef de l’administration locale pro-Moscou.
«Selon les informations que l’on reçoit, six personnes sont mortes et six blessées dans le bombardement du marché Kryty», a indiqué sur Telegram Alexeï Koulemzine. Les médias séparatistes ont diffusé des images montrant un bus calciné et un cadavre ensanglanté sur la route, au milieu de bris de verre.
Cinq ressortissants britanniques détenus par des séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine sont arrivés jeudi au Royaume-Uni, annonce The Guardian. La veille, la première ministre britannique, Liz Truss, avait confirmé que ces libérations survenaient dans le cadre d’un échange entre Moscou et l’Ukraine, via l’Arabie saoudite. Des ressortissants américains y figurent également.
Ils ont été transportés par avion à Riyad en Arabie saoudite avant d’être renvoyés en Grande-Bretagne.
Sur la défensive en Ukraine, critiqué en Russie, désavoué par certains de ses alliés à l’étranger, Vladimir Poutine brandit à nouveau la menace suprême, la plus effrayante, celles de l’arme nucléaire. «Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour protéger la Russie et notre peuple», a prévenu le président russe.
L’Ukraine n’est pas le seul pays visé. L’Occident l’est tout autant. «Nous n’allons pas tuer tout le monde. Mais nous pouvons tuer beaucoup de personnes dans beaucoup de pays… Nous sommes prêts à utiliser des armes nucléaires contre les pays occidentaux, contre le Royaume-Uni», a prévenu Sergueï Markov, un ancien conseiller de Vladimir Poutine.
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«Non seulement les capacités de mobilisation, mais aussi toutes les armes russes, y compris les armes nucléaires stratégiques et les armes basées sur de nouveaux principes, pourraient être utilisées» pour protéger la Russie, a déclaré sur sa chaîne Telegram l’ancien président russe Dmitri Medvedev.
Désormais vice-président du Conseil de sécurité russe, Medvedev a déclaré que les référendums prévus par les autorités russes et séparatistes sur de vastes étendues du territoire ukrainien auront lieu, et qu’«il n’y a pas de retour en arrière». «L’establishment occidental et tous les citoyens des pays de l’OTAN en général doivent comprendre que la Russie a choisi sa propre voie», a-t-il déclaré.
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C’est le plus important échange de prisonniers militaires avec Kiev depuis le début de l’offensive en Ukraine : cinquante-cinq militaires russes sont de retour en Russie. «Tous les militaires sont arrivés sur le territoire de la Fédération de Russie par des avions militaires et se trouvent dans des établissements médicaux du ministère», a indiqué la Défense russe dans un communiqué, sans faire mention de l’ex-député ukrainien Viktor Medvedtchouk, proche du président russe Vladimir Poutine et remis mercredi selon Kiev.
Sur la question énergétique, le président Macron a rappelé que la ligne française cet hiver restait «la sobriété, pas le rationnement». «Nous pouvons passer l’hiver si chacun joue son rôle», a-t-il déclaré, enjoignant notamment les petites entreprises à attendre avant de renégocier les contrats énergétiques. «Dans les prochaines semaines, les prix vont baisser», affirme-t-il, mettant en avant le travail mené en ce sens avec les états européens.
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Interrogé par BFMTV dans l’avion présidentiel de retour de New York, le 22 septembre, le président français appelle a redit sa position de vouloir une désescalade par le dialogue. «Je n’aurai aucun propos qui participerait à une escalade», a-t-il déclaré. Le chef d’Etat souhaite un «retour sur la table des discussions» dès lors que «les Ukrainiens seront en condition de le faire».
Il a toutefois précisé qu’un cessez-le-feu ne devait pas «se faire à toutes les conditions». «Nous devons collectivement nous mettre en situation de produite un dialogue collectif vers la paix», a-t-il déclaré.
Au lendemain de l’intervention de Vladimir Poutine, Emmanuel Macron met en garde le pays qui a, selon le président français, «décidé de franchir un pas dans l’escalade». «La Russie est en train de s’isoler sur le plan diplomatique, alerte-t-il. Elle se découple du reste du monde.»
Pour autant, «nous ne sommes pas en guerre avec la Russie, a-t-il tenu à rappeler. «Notre devoir c’est de tenir notre ligne, c’est-à-dire d’aider l’Ukraine comme on le fait, à protéger son territoire».
La mobilisation partielle annoncée ce matin par Poutine peut-elle être interprétée comme une nouvelle escalade dans le conflit ?
Pour Julien Théron, politiste, enseignant à Sciences Po et spécialiste des questions de sécurité et de conflits internationaux : «C’est une nouvelle escalade qui s’appuie sur deux piliers : l’appel tout d’abord des réservistes jusqu’à plusieurs centaines de milliers de soldats pour inverser le sens de la guerre. Mobiliser plus d’hommes que rassemblés initialement pour l’invasion de l’Ukraine est clairement une fuite en avant. Le deuxième axe de l’escalade dans le conflit réside dans les pseudo-référendums des zones occupées – dont on connaît déjà l’issue – et qui permettront à la fédération de Russie de présenter toute tentative de Kiev de recouvrer ses territoires perdus comme une attaque contre la Russie.»
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À l’intérieur du pays, les grincements, même s’il est encore difficile d’en saisir l’ampleur et la portée, se multiplient, comme si la machine de guerre de Vladimir Poutine était grippée. Sur la défensive en Ukraine, où il perd du terrain, Vladimir Poutine est critiqué chez lui, à la fois par ce qu’il reste de l’opposition libérale, à Moscou et à Saint-Pétersbourg, et par son aile droite, encore plus radicale, qui lui reproche son incapacité à gagner la guerre et voudrait le pousser à agir plus fermement. Mais les craquements se font aussi entendre à l’extérieur de la Russie.
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La mobilisation partielle permet justement à la Russie de n’enrôler que ces derniers, soit un total potentiel de deux millions d’hommes. Mais dans les faits, Vladimir Poutine a indiqué que seuls «ceux qui ont déjà servi (…) et qui ont une expérience pertinente» seront appelés. Lors d’un entretien télévisé, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a précisé l’annonce du président russe. Seuls «300.000 réservistes seront appelés», soit moins d’un quart de la réserve russe. Le ministre a estimé que ce chiffre ne représentait que 1% d’un total de 25 millions de personnes mobilisables. Il incluait sans doute dans cette proportion tous les hommes de 18 à 65 ans en âge de porter une arme, et pas seulement les personnes engagées à différents niveaux dans l’armée.
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Après le discours de Vladimir Poutine annonçant une mobilisation partielle, les Russes ont pris d’assaut les billets d’avion en direction d’Istanbul (Turquie), d’Erevan (Arménie), de Tbilissi (Géorgie), de Minsk (Biélorussie), de Noursoultan (Kazakhstan) et de Belgrade (Serbie). Seulement une poignée de billets datés du 22 septembre à destination de ces villes restaient en vente mercredi soir, selon l’agence en ligne Aviasales. Les Russes ne pouvant plus se rendre directement en avion dans l’Union européenne depuis la fermeture de l’espace aérien européen à la Russie en février dernier, la Serbie et la Turquie sont devenues les destinations les plus demandées par les citoyens russes. Les prix des billets pour les prochains jours ont par ailleurs explosé pour atteindre plus de 1000€.
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Même les demandes de billets en direction des villes proches des frontières de la Russie – en dehors de celles proches de l’Ukraine – ont fortement augmenté. Les prix de ces billets atteignent dès à présent 750€. Le nombre de recherches sur internet mentionnant la question «comment se casser le bras» a également explosé après le discours matinal du président russe. Une des nombreuses «stratégie d’évitement» mise en place par le peuple russe.
Au moins 1332 personnes ont été arrêtées mercredi en Russie lors de manifestations improvisées contre la mobilisation partielle pour l’offensive en Ukraine, annoncée dans la matinée par le président Vladimir Poutine, selon une ONG. Selon OVD-Info, organisation spécialisée dans le décompte des arrestations, les mobilisations ont eu lieu dans au moins 38 villes du pays. Il s’agit des plus importantes protestations en Russie depuis celles ayant suivi l’annonce de l’offensive de Moscou en Ukraine fin février.
Le Haut représentant de l’UE pour la politique étrangère Josep Borrell a affirmé mercredi soir que les 27 examinaient de nouvelles sanctions contre la Russie après «l’escalade» annoncée par Moscou. Josep Borrell a fait cette déclaration à l’issue d’une réunion extraordinaire informelle des ministres des Affaires étrangères de l’UE à New York au cours de laquelle ils ont adopté une déclaration condamnant «avec force la dernière escalade de la Russie». «Nous allons continuer à augmenter notre aide militaire et étudier de nouvelles mesures restrictives» contre la Russie, a-t-il affirmé.
L’Ukraine et la Russie ont procédé à un échange de prisonniers militaires, le plus important depuis le début de l’offensive fin février. «Nous avons réussi à libérer 215 personnes», a déclaré mercredi soir à la télévision le chef de l’administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak. Kiev a notamment récupéré 188 «héros» ayant défendu l’aciérie Azovstal à Marioupol, symbole de la résistance à l’invasion russe, et cette ville du sud – dont 108 membres du régiment Azov. Cinq commandants militaires, dont des chefs de la défense d’Azovstal, ont été transférés en Turquie, a souligné le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ils resteront dans ce pays «en sécurité absolue et dans des conditions confortables» jusqu’«à la fin de la guerre» aux termes d’un accord avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, selon le chef de l’Etat ukrainien.
La Russie a récupéré 55 prisonniers dont l’ex-député Viktor Medvedtchouk, un proche du président russe Vladimir Poutine, accusé de haute trahison en Ukraine, a précisé Volodymyr Zelensky dans son adresse quotidienne. Dix prisonniers de guerre – y compris cinq Britanniques et deux Américains -, dont le transfert de Russie en Arabie saoudite plus tôt dans la journée dans le cadre d’un échange entre Moscou et l’Ukraine avait été annoncé par la diplomatie saoudienne, font partie de cet échange, a-t-il relevé.
Bonjour à tous et bienvenue sur ce direct consacré à la guerre en Ukraine. Tout au long de la journée, vous pourrez suivre ici les dernières évoluions du conflit, grâce aux informations de nos journalistes, des médias occidentaux et russes.