EN DIRECT – Attentat contre Charlie Hebdo : “Nous n’avons jamais de répit dans notre chagrin”, témoigne la femme de Tignous – LCI

Justice

HISTORIQUE – Débuté pour deux mois le 1er septembre devant la cour d’assises spéciale de Paris, le procès des attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015 à Charlie Hebdo, Montrouge et à l’Hyper Cacher se poursuit ce vendredi avec les témoignages des proches des victimes de l’attaque contre le journal satirique. Suivez l’audience en direct.

“CINQ ANS QU’ON NE PEUT PLUS DIRE PAPA”

L’une des filles de Tignous commence:  “Aujourd’hui, nous voulions parler de Bernard Verlhac, notre papa. Nous, ça fait cinq ans qu’on ne peut plus dire ‘papa’. Vous avez vu les photos, il était très beau”. 

Elle évoque ce papa qui leur a appris à “ranger le lave vaisselle. “C’est important de savoir ranger un lave-vaisselle, c’est une vraie satisfaction de ne pas perdre de place”, dit-elle avant d’expliquer qu’aujourd’hui, à chaque fois qu’elle range le lave-vaisselle elle pense à son papa.

“Il nous emmenait souvent à l’école. La seule coiffure qu’il arrivait à nous faire le matin avant de partir, c’était un palmier sur la tête”. (Tout le monde rit dans la salle). “Il disait toujours “pas de chagrin, pas de tristesse, jamais jamais, dans cette maison”. 

L’autre fille de Tignous prend la parole, se souvient “des tout petits-yeux” de son papa”. On se disait ‘je t’aime tous les jours tout le temps. Si tout le monde avait un papa pareil, le monde serait bien meilleur. Ils nous rendaient fières, il était toujours là pour nous. On a été entourées d’amour, on l’est toujours grâce à lui.”

“CIBLE DU TERRORISME”

Me Coutant-Peyre : Comme érudit de la vie politique y compris internationale, comme grand homme de presse, pour vous, pourquoi est-ce que parfois l’état fançais fait partie des listes de cibles?

Jean-François Kahn :” Vous savez tout le monde peut être la cible du terrorisme. Dès lors qu’il y a un désaccord (.. )Toute institution, personne, collectivité peut devenir victime”. 

DU TERRORISME 

Me Lévy, avocat de la défense : pourriez-vous en quelques mots dire ce qu’est pour vous le terrorisme? 

Jean-François Kahn : Le terrorisme pour le coup, l’idée est dans l’expression même; C’est de substituer à d’autres formes de rapports, d’arguments, la terreur. C’est un des concepts que le mot résume très bien.

“CETTE HORREUR QUI MASSACRE TOUT LE TEMPS”

Me Antoine Comte : Ce procès Monsieur Kahn, vous aimeriez qu’il soit pour quelle Histoire? 

Jean-François Kahn :”Les auteurs du crime ne sont pas là. J’aimerais que ce soit le procès de cette horreur qui massacre et qui massacre tout le temps: le fanatisme.” 

“DES FANATIQUES, PAS DES BARBARES”

Jean-François Kahn, répondant à une question  de Me Comte au sujet des assassins : “il y a quelque chose que je ne comprends pas c’est qu’on qualifie les assassins de barbares. S’ils sont barbares ils sont innocents quelque part. Ils ne font pas partie de la civilisation. C’est des fanatiques, pas des barbares. Ce fanatisme qui monte, qui monte et qui devient toujours criminel et massacreur. “

JEAN-FRANCOIS KAHN

Jean-François Kahn, journaliste, est à la barre, il est retraité.Il va parler de Tignous. “J’avais engagé Tignous dans un journal que j’avais créé: L’évènement du jeudi. Bernard Maris travaillait aussi dans ce journal.  Puis on a travaillé ensemble
à Marianne. Pour Tignous, j’avais plus que de l’amitié. D’abord, j’avais une jalousie. Avec quelques coups de crayons, il faisait un éditorial finalement. (…) Il était très attaché à sa banlieue dont il venait. Quand on se croisait, on avait une blague. “Alors, toujours de gauche?”

“J’avais beaucoup d’amitié et de tendresse pour lui”, concède-t-il.

LA FILLE DE MUSTAPHA OURRAD À LA BARRE

La fille de Mustapha Ourrad (désolée je n’ai pas entendu son prénom), correcteur à Charlie Hebdo, est maintenant à la barre. Elle explique que son père est né en Algérie, dans un petit village de Kabylie. Il a obtenu la nationalité française en 2014. 

“Après l’attentat, je n’étais pas capable d’entendre quoi que ce soit sur les circonstances. J’avais 21 ans et mon frère 17 ans” explique-t-elle à la cour.

Au sujet de son père, elle parle d’un “homme discret qui n’aimait jamais se mettre en avant”. “C’était un père formidable (elle pleure). Il était très aimant, on pouvait parler de tout avec lui. Il aimait échanger. Il était très drôle, il avait beaucoup d’humour. Son rire était chaleureux, communicatif. il pouvait réciter les poèmes, de Rimbaud, Baudelaire. Il aimait beaucoup la musique: Brassens, Brel, Léo Férré, Idir. (…) Il me manque tous les jours.”

“CINQ ANS QU’ON NE PEUT PLUS DIRE PAPA”

L’une des filles de Tignous commence:  “Aujourd’hui, nous voulions parler de Bernard Verlhac, notre papa. Nous, ça fait cinq ans qu’on ne peut plus dire ‘papa’. Vous avez vu les photos, il était très beau”. 

Elle évoque ce papa qui leur a appris à “ranger le lave vaisselle. “C’est important de savoir ranger un lave-vaisselle, c’est une vraie satisfaction de ne pas perdre de place”, dit-elle avant d’expliquer qu’aujourd’hui, à chaque fois qu’elle range le lave-vaisselle elle pense à son papa.

“Il nous emmenait souvent à l’école. La seule coiffure qu’il arrivait à nous faire le matin avant de partir, c’était un palmier sur la tête”. (Tout le monde rit dans la salle). “Il disait toujours “pas de chagrin, pas de tristesse, jamais jamais, dans cette maison”. 

L’autre fille de Tignous prend la parole, se souvient “des tout petits-yeux” de son papa”. On se disait ‘je t’aime tous les jours tout le temps. Si tout le monde avait un papa pareil, le monde serait bien meilleur. Ils nous rendaient fières, il était toujours là pour nous. On a été entourées d’amour, on l’est toujours grâce à lui.”

FILLES DE TIGNOUS

Les deux filles de Tignous, Marie et Jeanne, ont demandé à être entendues ensemble. Avec l’accord du président, les deux jeunes femmes de 23 et 25 ans,  témoignent toutes les deux à la barre. “Nous sommes les 2 aînées des 4 enfants et nous parlons pour eux” .

L’AUDIENCE EST REPRISE

AUDIENCE SUSPENDUE

L’audience est suspendue jusqu’à 13h30.

PHOTOS DE TIGNOUS 

Plusieurs photos de Tignous défilent à l’écran. On y voit le couple, leur mariage. Tignous “la connerie en étandard, les cheveux au vent”, dit Chloé Verlhac. Le couple avec ses enfants. Un portrait du dessinateur devant lequel Chloé Verhlac clame: “Qu’est ce qu’il était beau”.

DESSIN PROJETÉ

Chloé Verlhac a apporté un dessin qui est projeté à l’écran. Elle explique : “On se disputait souvent. On avait des caractères bien trempés. Il me disait : ‘tu m’énerves tellement que je vais aller au paradis direct’. Je l’appelais ‘My angel of paradise‘.”

Le dessin représente Tignous en ange, avec des coeurs autour de lui. 

Elle raconte que Tignous  a fait ce dessin sur son iPad depuis son bureau “au fond du jardin”, qu’il lui a envoyé. “Nous avons ensuite tous les deux couru au milieu du jardin et nous nous sommes embrassés. Je voulais vous raconter cette anecdote car c’est une jolie histoire.”

Chloé Verlhac explique aussi que le surnom de Tignous vient du Sud-Ouest dont il est originaire. “Il était assez remuant enfant. Sa grand-mère l’avait baptisé comme ça. Tignous, c’est la petite teigne, la gentille petite teigne.”

“NOUS SOMMES DES SURVIVANTS”

Chloé Verlhac :”Je remercie Sigolène de lui avoir fait un bisou le 7 janvier. Je pense que s”il était rentré le 7 janvier il m’aurait dit “tu sais quoi, Sigo m’a fait un bisou”. 

Elle ajoute : “Nous sommes des survivants, je crois que Simon  (Fieschi)a raison. Nous n’avons jamais de répit dans notre chagrin. Il nous manque le matin, le soir, aux fêtes, à la rentrée des classes, quand on partage un bon plat. Tous ces moments de bonheur là, on aurait voulu les partager avec lui”. 

“Ils sont morts pour rien. Si on a peur, ils ont gagné, alors on n’a pas peur, on est là. Nous sommes des gens humanistes, libres.”

“Tignous va me manquer toute ma vie mais je crois qu’il va aussi manquer à tous ceux qui l’ont croisé ne serait-ce qu’une fois”.

“ON DEVIENT CE QU’ON VEUT ÊTRE”

Chloé Verlhac :”Tignous était enfant de la banlieue et d’employés modestes. « Il n’y a pas de fatalité, on devient ce qu’on veut être.”

Tignous “était papa de quatre enfants extraordinaires dont il était extrêmement fier. Tignous vient d’un milieu très humble, il a grandi dans une cité, son papa travaillait dans un centre de tri postal et sa maman était secrétaire. Ses parents n’avaient pas les moyens de lui payer des études. Il a passé les concours de la République, il a travaillé dur et il est devenu le grand dessinateur que l’on connaît”.

Elle poursuit : “Ca fait 5 ans que j’ai pas fait les vitres de son bureau, on y voit plus très clair. Il y écrivait ses projets. Parmi ses projets, travailler sur les prudhommes et les femmes battues.” 

“Tignous a toujours aimé les gens sans distinction de classe. “”J’ai toujoius pensé que c’était un assassinat politique. Qui a-t-ton assassiné ? Le grand dessinateur humaniste mais aussi un homme, cet homme c’est mon amoureux, mon mari, c’est un papa, un ami, c’était un bon gars. Quand on connaissait Tignous, son sourire, il était impossible qu’il meurt, il était trop vivant pour mourir” 

“BESOIN DE RÉPONSES”

Chloé Verlhac :”J’ai besoin de réponses sur les levées de surveillance, les dysfonctionnements, les complicités, les responsabilités et les personnes qui doivent les porter. J’ai besoin de comprendre pourquoi parce que je vais devoir expliquer à nos enfants et c’est pas facile.”.  

Elle parle d’une bataille avec l’administration. “On ne rentre pas dans les cases, il a fallu que l’on invente un statut”. 

“UN RADEAU, DES NAUFRAGÉS”

Le soir du 7 janvier, Chloé Verlhac dit qu’il y avait beaucoup de monde chez eux.  “La maison pendant un mois ça a été un radeau sur lequel on était des naufragés. Le soir du 7 janvier, ma fille m’a dit : “J’ai compris que papa est mort mais il faut que tu ailles parlé à Solal (son fils de 5 ans)”. 

“MAIS IL EST MORT?”

Le 7 janvier, elle raconte avoir eu un coup de fil l’informant de la fusillade à Charlie. “Je suis allée chercher les enfants à l’école et à 11h45 mon téléphone a sonné, c’était le cousin de Tignous et il m’a dit ‘Chloé, il y a eu une fusillade à Charlie est-ce que tu as eu des nouvelles de Tignous ?'” ? Je n’ai pas réussi à joindre Tignous, ne m’a pas répondu. Je suis arrivée dans la classe de mon fils, il avait une casquette, il était très heureux car il l’attendait depuis des semaines, pour moi c’est la dernière fois que j’ai vu insouciant” 

Elle dit que des gens l’ont ensuite appelée pour lui souhaiter la bonne année. ll lui disaient “Ça va ?”, elle avait beau dire “non, ça ne va pas”, les gens étaient dans l’euphorie de la nouvelle année et ne l’écoutaient pas. 

Puis elle a appelé, Patrick Pelloux et les autres de la rédaction de Charlie mais personne ne répondait. Elle est arrivée rue Nicolas-Appert”.  Elle a répété : “Je suis la femme du dessinateur Tignous, j’ai deux enfants en bas âge, je veux savoir s’il est vivant ou blessé. Personne ne pouvait me répondre. On a fini par pouvoir rentrer avec la fille aînée de Tignous, qui m’avait rejointe avec son amoureux. Il a fallu se battre pour rentrer dans le Théâtre de la Bastille, le chef des psychologues du Samu m’a regardée bien dans les yeux et m’a dit : “On ne sait pas pour l’instant, on ne peut pas vous répondre”. Une infirmière de la Croix-Rouge a dit : “Répondez-lui, c’est insupportable”. C’est moi qui ai verbalisé. J’ai dit “Mais il est mort”. Luz a hoché de la tête.”

CHLOÉ VERLHAC

Chloé Verlhac, femme de  Bernard Verhac alias Tignous, est à la barre. Elle est blonde, vêtue de noir., porte des baskets et a des tatouages sur le bras; 

Elle raconte que “Tignous faisait la révérence à la gardienne de l’école  le matin”.  “Tignous peu savait ce qu’il faisait mais les gens disait: “ha ouais le mec sympa là”. 

“INVECTIVES ET MENACES”

Le président: “une mise au point Monsieur Polat, vous aurez la parole, d’ailleurs, vous aurez tous ce soir la parole par rapport à ce qui a été dit cette semaine. Mais toute invective ou toute menace ne sera pas tolérée. Vous direz ce que vous avez à dire, mais sans invective et sans menace. C’est d’accord?”

L’accusé aquiesce. 

L’AUDIENCE EST REPRISE

SUSPENSION D’AUDIENCE

“L’audience est suspendue 10 minutes pour retrouver un peu de calme”, annonce le président. Un incident vient de se produire dans la salle.

Le principal accusé Ali Riza Polat s’est levé demandant à prendre la parole, très énervé. “Ces deux enculés de Kouachi, je les connaissais pas. Amedy Coulibaly, c’était un ami, mais pas les Kouachi”. 

Pendant la suspension, l’accusé s’est de nouveau levé, il parle de l’audition de l’enquêteur de la Sdat  prévue mardi prochain. “Je vais tout balancer. Ces deux fils de pute de Kouachi je ne les connaissais pas, venez mardi s’il vous plaît”. 

Puis il évoque un individu qui n’a toujours pas été arrêté dans cette affaire. AU début du procès, l’avocate générale avait précisé qu’Ali Riza Polat avait fait des “révélations” au cours de l’été.

DESSINS ET PHOTOS PROJETÉS

Plusieurs dessins et photos sont projetés. Un dessin représentant Raphaël et son papa. Un autre dessin, puis es photos de Bernard Maris, avec ses enfants, dansant, à la maison, dans les champs, avec des chevaux.

“LE DEUIL PAR LE TRAVAIL”

Raphaël Maris dit avoir “fait son deuil par le travail”.”Je faisais mes études de physique, j’étais en classe préparatoire”. 

Venir parler à cette cour d’assises, ça a été pour lui très difficile. “J’ai continué à avancer dans mon travail. (il pleure et a dur mal à s’exprimer). Les gens de Charlie, je suis avec eux dans leur combat Les gens de Charlie, je les admire beaucoup. Il faut qu’il continue à se battre pour défendre leurs idées. Moi je continuerai à me battre, à sourire, même s’il y a des attentats. Il faut rigoler, il ne faut pas voir peur, il faut vivre libre”. 

“IL M’AVAIT EMMENÉ À CHARLIE”

Raphaël Maris: “Trois semaines avant les attentats, il m’avait emmené à Charlie Hebdo, que je ne connaissais pas trop. J’ai vu cette équipe de Charlie, c’était comme une famille. Il y avait une liberté de s’exprimer. J’ai adoré ce moment de partage avec Wolinski, Luz… Ce que je retiens c’était qu’ils avaient une certaine liberté. C’était au moment de la conférence de rédaction, j’ai adoré. Charb faisais des dessins, prenait des notes. Mon père ne m’aurait jamais emmené dans les locaux de Charlie si… Il ne savait pas qu’ils allaient se faire attaquer.”

“CA A ÉTÉ ARRACHÉ”

Raphaël Maris: “Je me suis rapproché de mon père entre mes 15 et mes 18 ans. Ca a été arraché. Ces attentats, j’ai l’impression de ne pas avoir pu profiter de lui plus longtemps, avoir plus de discussions avec lui, je pense que les gens qui ont vécu plus longtemps avec leur père (…) J’ai l’impression qu’il manque…(Il cherche ses mots) On m’a arraché quelque chose de très cher. J’étais dans la fascination, j’étais en admiration de ce qu’il était”.

“C’ÉTAIT QUELQU’UN DE DISTRAIT”

Raphaël Maris: “mon père me faisait regarder Tintin. J’étais assez branché Sciences, il m’a bercé là-dedans. IL avait une passion pour la physique, on regardait les étoiles en Espagne, les constellations. C’est lui qui m’a apporté ces centres d’intérêts. C’était quelqu’un de très distrait, il était un peu dans la lune, un peu comme moi. Il faisait beaucoup d’accrochages de voiture. Comme à Deauville, il a accroché une voiture et il m’a dit :” Je savais que ça n’allait pas passer”. Il rigolait, mais la femme dans la voiture en face elle rigolait pas”. 

Le fils évoque aussi une anecdote avec “chocolatines” que les enfants avaient ramenées, que Bernard Maris ne voulait pas au départ et qu’il était au final ravi de déguster. 

“JE N’AI PAS VOULU VOIR LE CORPS DE MON PÈRE”

Raphaël Maris, fils de Bernard Maris, : “Je n’ai pas voulu voir le corps de mon père. Je voulais garder une image de lui. Son sourire (..) “

“RAPHAËL MARIS”

Raphaël Maris, fils de Bernard Maris, né en 1996 est à la barre pour évoquer “la pire journée de sa vie”. Chemise blanche, pantalon noir, il indique avoir appelé le portable de son père, et être tombé plusieurs fois sur la messagerie. Puis il voit sa mère.

“j’ai su dans le regard de ma mère que c’était fini, qu’il était mort. J’ai pleuré j’étais complètement perdu. En plus, nous ne pouvions pas aller le voir car nous étions à Toulouse. Nous avons regardé les médias. Nous n’étions pas sûr qu’il était décédé, on garde toujours un petit espoir. Puis on a vu son image dans les médias, on a su que c’était fini”.

“TRÈS DUR D’ÊTRE RATTRAPÉE PAR CA”

Je me disais que si j’avait été là (le 7 janvier) ça aurait été plus doux peut-être”. Elle dit que c’est très dur d’être rattrapé par ça. Elle dit qu’un jour elle rentrait du boulot, elle était en voiture, et en allumant la radio elle entend Guillaume Gallienne lire des extraits du Lambeau, de Philippe Lançon.

“UN CAUCHEMAR TERRIBLE”

Gabrielle Maris : “Moi je n’en ai qu’un de père, après il y en a pas d’autres. L’émotion suscitée par les attentats, je la comprends; Je vis à Toulouse, il y a eu les attentats de Merah, j’ai été à la marche.. Ensuite il n’y a que du bruit, on parle à la télé de gens que je ne connais pas, des gens de Charlie Hebdo. Ensuite j’ai eu un texto le 13 novembre, comme si on m’avait transporté ans un cauchemar terrible.” 

“J’AURAIS AIMÉ ÊTRE AVEC LUI”

Gabrielle Maris : Dans la voiture, il me disait: “regarde comme le ciel est beau. Et on parlait de Dieu. (…) Ensuite, on est tout seul. c’est un cauchemar (elle s’arrête et se tient la tête). On ne peut pas perdre son père dans ses conditions, là. Je pense qu’il a eu peur, ça fait tellement mal, d’imaginer, une des personnes les plus importantes d’imaginer cette terreur. C’est horrible à dire mais j’aurais aimé être avec lui. Lui tenir la main. Lui dire : “Ne t’inquiète pas, allez, c’est rien”. 

“J’ÉTAIS PROTÉGÉE PAR MON PÈRE”

Gabrielle Maris : “Avec mon père, on a été très proche jusqu’à mes 19-20 ans. Je le remercie d’une chose (sa voix tremble). J’avais une chance. Il m’a appris que la vie est belle. Que c’était beau. Il y a dix ans, on se promenait à Paris il m’avait dit :” j’adore voir les gens qui sourient dans la rue”. On venait de croiser un homme qui souriait. Mon père était un être profondément vivant, heureux, protecteur. J’étais protégée par mon père. Il était formidable”.

GABRIELLE MARIS

Gabrielle Maris, fille de Bernard Maris est à la barre. “Ca a été compliqué de venir à la barre. Puis je me suis décidée. C’est important pour moi de l’évoquer ici. Ca a été un père merveilleux”.

“JE LE VOYAIS PARTOUT”

Hélène Fresnel : “Après, je crois que je suis devenue un petit peu folle après, je le voyais partout, je lui parlais. Je crois que j’ai été sauvée par mes enfants et par la psychologue de la police, Sandrine, qui m’a suivie pendant un an et demi. Je m’en serais vraiment sortie difficilement sans elle. Je tiens à le dire. 

C’est comme un trou à l’intérieur de soi” (elle pleure)”. 

“C’ÉTAIT UN POÈTE”

Hélène Fresnel parle maintenant de Bernard Maris : “C’était un  un homme prolifique : chroniqueur radio à France Inter, journaliste à Charlie Hebdo, économiste, passionné de cinéma. Elle rappelle qu’il avait fait un film avec Jean Luc Godard. Il était passionné par la littérature et avait un projet de roman. Il travaillait sur l’histoire. C’était un poète, un artiste”

“BERNARD EST MORT”

A 11h45, le 7 janvier 2015 une collègue d’Hélène Fresnel, qui travaille elle aussi dans une rédaction vient lui taper sur l’épaule et lui dit: “Il y a une fusillade à Charlie”

Hélène Fresnel part rue Nicolas Appert;  “Je me souviens de Patrick Pelloux qui m’a dit  : “Bernard est mort”. Hélène Fresnel se remémore dans le théâtre de la Bastille où les proches des victimes où ont été accueillies ce jour-là de Chloé Verlhac qui criait. “Je crois que je claquais des dents”. 

“Nos vies ont été dévastées.”, ajout-t-elle en pleurs.

“A TOUT À L’HEURE MON AMOUR”

Hélène Fresnel était la compagne de Bernard Maris était la compagne de Bernard Maris en 2015. Blonde, cheveux courts, elle porte un chemisier à fleurs, un pantalon large et des baskets. Très émue, elle a choisi de lire un texte qu’elle a préparé. Elle  rappelle que la femme de Bernard Maris, mère de ses deux enfants, est morte en 2012, qu’il est ensuite tombé malade. QU’il allait mieux ensuite. Il se sont mis ensemble. Le 7 janvier il lui a dit  : “A tout à l”heure mon amour”

AUDITIONS

Le procès reprend ce matin à 9H30 avec la suite des témoignages des proches de victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo.

INTERVIEW

 François Boucq, dessinateur de bande-dessinée, couvre le procès des attentats de janvier 2015 pour Charlie Hebdo

“Le témoignage par le dessin est fondamental”

Un procès “pour l’Histoire”, hors normes et intégralement filmé. Du mercredi 2 septembre 2020 au mardi 10 novembre 2020, 14 accusés doivent répondre d’avoir apporté un soutien aux frères Saïd et Chérif Kouachi ainsi qu’à Amédy Coulibaly pour les aider à perpétrer les attaques perpétrées à la rédaction de Charlie Hebdo, Montrouge et l’Hyper Cacher, les 7, 8 et 9 janvier 2015. 

Parmi eux, trois sont visés par un mandat d’arrêt international depuis leur fuite commune en Syrie dans les jours précédant les attaques : Hayat Boumeddiene, 32 ans, épouse d’Amedy Coulibaly, et les frères Mohamed et Mehdi Belhoucine, 33 et 29 ans. Parmi les onze accusés présents, un seul, Ali Riza Polat, 33 ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité, pour complicité des crimes et délits commis par les trois terroristes, neutralisés par les forces de l’ordre à l’issue de trois jours d’horreur. 

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Dans l’enceinte du tribunal judiciaire des Batignolles, pas moins de quatre salles d’audience, une principale et trois pour les retransmissions, sont mobilisées pour pouvoir accueillir pas moins de 200 parties civiles, 94 avocats et 90 médias accrédités, dont une trentaine d’étrangers. Le public, lui, peut aussi assister à l’audience, depuis l’auditorium, également réquisitionné pour ces 49 jours de ce procès “pour l’Histoire”.

Toute l’info sur

Le procès hors normes des attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015

Suivez le procès des attentats de janvier 2015

Suivez le procès en direct dans le fil en tête de cet article grâce à nos journalistes présents sur place.

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