En colère contre Castaner, les policiers jettent leurs menottes à terre – Le Parisien

Ils s’estiment « lâchés » par le premier flic de France. Après les annonces du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner sur les violences policières, la colère gronde toujours dans les rangs policiers, même après plusieurs réunions organisées entre les syndicats et Beauvau. Jeudi soir, certains l’ont manifestée par des vidéos et des photos d’eux jetant leurs menottes à terre en signe de protestation, prises à Bordeaux, Toulouse, Lyon, Nice ou encore Roubaix.

« Les flics de France ne considèrent plus Christophe Castaner comme le supposé premier flic de France. Il nous a lâchés lundi, nous a jetés en pâture lundi. À lui de regravir l’Everest de la confiance », a tonné Yves Lefebvre, secrétaire général d’Unité SGP Police, qui a pourtant pu rencontrer le ministre jeudi. Il a d’ailleurs appelé ses collègues « à ne plus interpeller, à ne plus intervenir ».

L’objet de leur colère? L’interdiction proposée par le ministre de recourir à la « clé d’étranglement » comme technique d’interpellation. « On fait ça après qu’un policier a tué un homme en l’étouffant avec un genou au sol. Sa mort est très regrettable et condamnable, mais cette pratique faite par un policier américain sur un citoyen américain, elle n’a rien à voir avec la France », s’agace un gardien de la paix parisien, qui s’inquiète, avec cette interdiction, de ne plus avoir de moyens d’intervention. Et fustige la démarche d’un gouvernement qui « passe la pommade à une minorité dans la rue, au détriment de toute la police nationale », entachée par ces accusations de racisme.

« On devient sale, infréquentable »

Au-delà de Christophe Castaner, c’est bien tout un gouvernement – présidence incluse – qui est visé par la colère. « Ce gouvernement n’a aucune colonne vertébrale. Il suffit qu’il ait 20 000 excités dans la rue pour qu’il lâche la police », juge un officier de la police judiciaire parisienne, qui se dit écœuré. « En décembre 2018, au plus fort de la crise des Gilets jaunes, quand ils tremblaient dans leur palais, Macron, Castaner, et toute leur clique nous caressaient dans le sens du poil. Mais maintenant que toute la jeunesse les montre du doigt, on devient sale, infréquentable », s’agace-t-il.

Un avis partagé par Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat Alliance : « Un ministre de l’Intérieur doit être derrière ses policiers. Le ministre est en dehors des clous mais le président de la République l’est tout autant », critique-t-il. « Nous avons une totale confiance dans les forces de l’ordre, mais aussi une grande exigence à leur égard », a réagi, de son côté, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye sur France Info.

La baisse de moral est telle que le préfet de police de Paris et le directeur de la police nationale ont adressé des lettres de soutien à leurs troupes. « Ne doutez pas de la République », « ne doutez pas de la police nationale », « ne doutez pas de vos patrons policiers », « ne doutez pas de vous », y écrit le préfet Didier Lallement.

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