En colère après les propos de Macron sur les discriminations, deux syndicats de police appellent à « ne plus faire de contrôles d’identité » – Le Monde

L’interview d’Emmanuel Macron au média en ligne Brut a braqué les syndicats de policiers. Les deux principaux, Alliance et Unité SGP Police-Force ouvrière, ont dénoncé samedi 5 décembre les propos du chef de l’Etat concernant les contrôles au faciès et la discrimination et l’annonce de la mise en place d’une plate-forme de signalement des discriminations, en demandant aux policiers de « ne plus contrôler ».

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« Non, la police n’est pas raciste et elle ne choisit pas sa délinquance », a lancé le syndicat Alliance dans un tract et une vidéo diffusés sur les réseaux sociaux appelant les policiers à « ne plus faire de contrôles d’identité ». Il y dénonce « la défiance de l’Etat vis-à-vis des policiers » et des « allusions douteuses sur les actions des policiers ». « La présomption de culpabilité de racisme ou de contrôle au faciès n’aura pas lieu », assure-t-il, mettant en garde : « C’est honteux. Le président aura la police qu’il mérite. »

« Nous sommes violents, n’interpellez plus ! »

Lors de son entretien à Brut vendredi, Emmanuel Macron a expliqué vouloir regarder en face la question des contrôles au faciès. « Aujourd’hui quand on a une couleur de peau qui n’est pas blanche, on est beaucoup plus contrôlé (…). On est identifié comme un facteur de problème et c’est insoutenable », a regretté le chef de l’Etat.

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Outre la généralisation des caméras-piétons pour les policiers, il a également promis le lancement, en janvier, d’une plate-forme nationale de signalement des discriminations, gérée par l’Etat, le Défenseur des droits et des associations.

Unité SGP s’est demandé dans la foulée « sur quelle statistique ethnique, interdite et inexistante en France » était basée l’affirmation du chef de l’Etat sur la question des contrôles au faciès. « Il semble beaucoup plus simple d’accuser les policiers que de reprocher aux politiques des cinquante dernières années d’avoir cloîtré des populations dans les banlieues, loin, pour ne pas les voir, et ce sans mixité », ajoute le tract. « Nous sommes violents, n’interpellez plus ! Nous sommes racistes, ne contrôlez plus ! », a appelé le syndicat sur Twitter, samedi.

Peu de données existent en effet sur les discriminations lors des contrôles de police. En 2017, le Défenseur des droits Jacques Toubon avait cependant publié une enquête qui confirmait que les contrôles d’identité visaient surtout des jeunes hommes issus des minorités visibles, accréditant l’idée de contrôles « au faciès ». Selon cette enquête, les personnes correspondant au profil de « jeune homme perçu comme noir ou arabe » avaient « vingt fois plus » de probabilités d’être contrôlés que le reste des personnes interrogées.

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L’expression « violences policières » assumée

Attendu sur le sujet des violences après l’agression du producteur noir Michel Zecler par plusieurs policiers et l’évacuation brutale de migrants place de la République, à Paris, le président de la République a assumé l’expression « violences policières » lors de son entretien, tout en expliquant qu’il préférait parler des « violences [commises] par des policiers ». « Je n’ai pas de problème à répéter le terme de violences policières, mais je le déconstruis » car « c’est devenu un slogan pour des gens qui ont un projet politique. » « Il y a des policiers qui sont violents » et « qu’il faut sanctionner », a-t-il poursuivi.

Il a cependant renvoyé dos à dos les violences des policiers et celles des manifestants, faisant notamment référence aux black blocs. Pour Emmanuel Macron, il existe de « la violence dans notre société », pour laquelle il doit y avoir « zéro tolérance des deux côtés ». Il a ainsi dénoncé les violences contre une policière « attaquée par des fous », des « gens ensauvagés », lors de la manifestation contre le texte de loi « sécurité globale », samedi dernier, à Paris.

Emmanuel Macron a également tenu à rendre hommage au travail des forces de l’ordre, en rappelant « les milliers de policiers et policières qui ont subi des violences depuis trois ans, qui pour certains ont été tués ». « Quand il y a des gens qui vous paraissent avoir un comportement violent avec un individu, c’est aussi parce qu’ils ont vu des collègues se faire brûler dans une voiture, se faire caillasser, se faire tirer au mortier, se faire tirer à balles réelles », a-t-il précisé.

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Le Monde avec AFP

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