En Chine, Xi Jinping confronté au défi de la génération Z – Le Monde

Comme tout dictateur qui se respecte, Xi Jinping est convaincu que celui qui tient le Parti tient le pays. Les faits lui ont longtemps donné raison. Avec ses 96 millions d’adhérents (environ un adulte sur douze), le Parti communiste chinois (PCC) est d’une efficacité sans équivalent dans le monde, physiquement présent dans le moindre quartier, dans la plus modeste entreprise de ce pays continent. Sélectionnés parmi les meilleurs élèves et les meilleurs étudiants, ses membres constituent une élite technocratique qui gère le pays en fonction des ordres de Pékin.

Dans le monde rêvé de Xi Jinping, le PCC sait ce qui est bon pour le peuple, puisqu’il en est issu, et comme il prend les bonnes décisions, le peuple lui en est donc reconnaissant. Une des phrases qu’il a prononcées lors du 19e congrès du PCC, en 2017, résume, on ne peut mieux, sa pensée : « Parti, Etat, affaires militaires, affaires civiles, éducation, est, ouest, sud, nord, centre, le Parti dirige tout. » Son discours prononcé le 16 octobre lors de l’ouverture du 20e congrès est tout aussi fascinant. La critique de ses prédécesseurs y occupe une place infiniment plus importante que la gestion du Covid-19.

Le « Parti communiste » y a été cité à plus de 140 reprises, bien davantage que n’importe quel autre terme. De même, au lendemain du congrès, Xi Jinping ne s’est pas rendu dans un lieu symbolique de la Chine de 2022 pour y rencontrer son peuple. Il a préféré emmener les six autres dirigeants du PCC au fin fond du Shaanxi, là où Mao, de 1935 à 1949, a attendu son heure, dans une région en passe de devenir un lieu de pèlerinage communiste. Loin de la Chine de demain mais aussi loin de celle d’aujourd’hui, de la Chine qui souffre de la politique du zéro Covid, du chômage et des promoteurs immobiliers en faillite.

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Le pouvoir isole et le pouvoir absolu isole absolument. Rien mieux que les manifestations contre la politique du zéro Covid de ces dernières semaines et contre la dictature du PCC ces derniers jours ne l’illustre. Quand Xi Jinping inspecte une province – un dirigeant communiste ne « visite » pas, il « inspecte » –, tout est organisé pour qu’il ne rencontre aucun mécontentement.

Tous les maux de la Chine viennent de l’étranger

Une enseignante de province a récemment raconté, comment, un soir, vers 22 heures, son proviseur avait appelé tous les professeurs pour qu’ils soient présents au matin dès 7 heures en raison d’un « événement important ». Le lendemain, chaque enseignant, accompagné d’un policier, a dû se rendre dans un quartier de sa ville pour donner l’ordre à chaque habitant de fermer ses fenêtres et de s’en tenir éloigné. Toujours sans connaître le motif de cette étrange instruction. Ce n’est que quelques heures plus tard qu’elle a compris que Xi Jinping s’apprêtait à « inspecter » les lieux et à rencontrer quelques habitants triés sur le volet.

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