En Bulgarie, des élections à l’ombre de la corruption – Le Monde

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Publié hier à 08h00, mis à jour hier à 13h01

Pernik est à moins de trente minutes en voiture de la capitale bulgare, Sofia, mais c’est pourtant un autre monde. Une gigantesque centrale de chauffage urbain décrépie et mangée par la végétation est plantée à l’entrée de la ville. Elle est toujours en activité. Et jusque dans les toilettes de la mairie, les habitants collectionnent les bassines d’eau. « On les garde en souvenir de la crise de l’année dernière, quand on n’avait plus d’eau et que certains experts disaient qu’il fallait faire évacuer la ville », explique le maire, Stanislav Vladimirov. « Mais la crise de l’eau est terminée à 80 %, notamment grâce à l’aide du gouvernement », promet cet élu socialiste, en vantant le rôle du premier ministre conservateur, Boïko Borissov, pourtant un adversaire politique.

Stanislav Vladimirov, maire de Pernik, dans son bureau, le 20 mars 2021.

« Il a bien fait son travail », explique l’édile, qui salue notamment les millions d’euros subitement débloqués pour construire en urgence un aqueduc pour contourner le réservoir d’eau à sec. Cela valait bien une petite infidélité au Parti socialiste bulgare. A quelques semaines des élections législatives organisées dimanche 4 avril, M. Vladimirov est apparu au côté de M. Borissov lors d’une visite de la nouvelle station de purification d’eau actuellement en construction. « L’opposition doit aussi boire la meilleure eau », a vanté M. Borissov, hilare, lors d’un Facebook live. Quel meilleur symbole que le retour de l’eau à Pernik, pour un premier ministre qui espère décrocher un quatrième mandat en vantant sa politique de construction d’infrastructure, tout en voulant faire oublier que son pays de 7 millions d’habitants reste à la fois le plus pauvre et le plus corrompu de l’Union européenne ?

« On ne peut toujours pas boire l’eau du robinet »

En janvier 2020, au cœur de la crise, il avait fait arrêter son ministre de l’environnement, une première en Bulgarie. Mais un an plus tard, l’ex-ministre a été libéré et attend toujours des nouvelles de son acte d’accusation. De leur côté, les 80 000 habitants de Pernik souffrent toujours de coupures d’eau régulières, mais ils sont sortis du programme de restriction sévère appliqué jusqu’à l’été. « On ne peut toujours pas boire l’eau du robinet », se plaint toutefois Simona Kabadjova, une enseignante de 25 ans, qui vit à cinq dans deux pièces, où elle doit accumuler les jerricans d’eau. « J’ai grandi à Sofia et je n’avais jamais vu un truc comme ça », explique celle qui a voté pour M. Borissov aux derniers scrutins, mais qui veut désormais « que les choses changent », sans trop savoir comment faire.

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