En Biélorussie, « ils tirent sur les gens comme sur des canards » – Le Monde

Les forces de l’ordre affrontent les manifestants lors d’une mobilisation dénonçant les falsifications du scrutin présidentiel, à Minsk, le 10 août.

C’est donc bien d’une guerre qu’il s’agit. Celle que mène Alexandre Loukachenko, le chef d’Etat biélorusse, contre son peuple. Mercredi 12 août, le ministère de l’intérieur a reconnu avoir utilisé une arme à feu pour tirer sur un manifestant.

Selon les autorités biélorusses, la scène s’est déroulée à Brest, à l’ouest du pays, au cours de la nuit précédente. « Un groupe de citoyens agressifs armés de barres de métal a attaqué des agents de la police », a déclaré la porte-parole du ministère de l’intérieur, Olga Chemodanova, dans un communiqué. « Des armes à feu ont été utilisées pour protéger la vie et la santé des employés » des forces de l’ordre, a-t-elle ajouté. Aucune information n’a été donnée sur la victime. Selon le site d’informations Radio Svoboda, des balles en caoutchouc et plusieurs douilles ont été retrouvées sur les lieux d’affrontements entre manifestants et policiers antiémeute ce soir-là et l’une d’elles correspondrait aux cartouches souvent utilisées dans les Kalachnikovs.

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Pour les manifestants, un nouveau point de bascule a été franchi, confirmant qu’Alexandre Loukachenko, autocrate qui règne sur le pays depuis plus d’un quart de siècle, s’accrochera au pouvoir, quoi qu’il en coûte. « Il n’a aucune limite, pense le chercheur biélorusse Tadeusz Gizcan. C’est une guerre. »

Falsifications massives du scrutin

Les Biélorusses affrontent leur dictateur depuis le 9 août et l’annonce du résultat de l’élection présidentielle qui a offert un sixième triomphe à Loukachenko avec 80 % des suffrages. Un scrutin frauduleux selon les Biélorusses qui désignent Svetlana Tsikhanovskaïa comme la véritable gagnante. Cette modeste femme au foyer, qui s’était présentée pour remplacer son mari emprisonné, a dû fuir mardi le pays sous la menace des autorités. Pendant la campagne, elle avait su fédérer toutes les voix de l’opposition à Loukachenko en ne revendiquant rien d’autre que l’organisation d’élections libres et la libération des prisonniers politiques.

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Mercredi, l’enregistrement d’une discussion au sein d’un bureau de vote de la ville de Vitebsk, au nord-est du pays, a confirmé les falsifications massives du scrutin. Au sein de cette circonscription, Svetlana Tsikhanovskaïa était arrivée en tête après le comptage des bulletins. « Bon, dites-moi alors, comment c’est arrivé ? », interroge un représentant de l’administration qui réclame un entretien à huis clos avec les représentants de la Commission électorale locale. « Eh bien, nous avons compté les bulletins, voilà ce qui s’est passé », lui répond l’un eux. « Changez le protocole et changez radicalement les chiffres entre le 3[Alexandre Loukachenko] et le 4candidat [Svetlana Tsikhanovskaïa]. Je suis prêt à accepter qu’un nombre important de personnes aient voté Tsikhanovskaïa (…). Vous êtes merveilleux. Vous êtes une équipe. Vous avez donné votre opinion et pour cela je vous respecte. Mais nous devons faire les choses différemment », explique le responsable de l’administration.

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