En Allemagne, l’extrême droite poursuit son envol électoral lors de l’élection régionale en Thuringe – BFMTV.COM

L’extrême droite allemande, emmenée par sa figure la plus radicale, a enregistré une nouvelle forte progression lors d’un scrutin régional dimanche, qui confirme aussi le repli des partis traditionnels de gouvernement comme celui de la chancelière Angela Merkel.

Selon les estimations des chaînes de télévision publique, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) est avec près de 24% arrivée en deuxième position lors de l’élection régionale en Thuringe, dans l’ex-Allemagne de l’est communiste, faisant plus que doubler son score du précédent scrutin de 2014. 

La CDU en baisse de 10 points

Le parti anti-migrants et eurosceptique devance les conservateurs (CDU) de la chancelière. Ces derniers perdent plus de 10 points, avec seulement autour de 22%, dans ce Land qu’ils ont jadis dominé sans partage. Il s’agit de leur plus mauvais score jamais réalisé dans cette région depuis la réunification allemande en 1990. Leur chef de file en Thuringe Mike Mohring a reconnu un “résultat douloureux”.

L’extrême droite a elle parlé d’un “séisme” électoral en sa faveur. Sa figure de proue dans cette région, Björn Höcke, tenant de l’aile plus droitière du mouvement, a estimé que l’AfD, en progression constante depuis 2015 et l’arrivée de centaines de milliers de migrants dans le pays, était “en train de devenir un grand parti populaire national”.

Ce score est d’autant plus notable que l’AfD a été très critiquée juste avant le scrutin suite à un récent attentat antisémite et xénophobe ayant fait deux morts à Halle, dans l’Etat régional voisin de Saxe-Anhalt, et commis par un sympathisant néonazi.

Björn Höcke lui-même s’est vu accuser d’avoir préparé le terrain idéologique pour l’auteur des faits par ses déclarations contre la culture allemande de repentance pour les crimes nazis. Il a par exemple qualifié le Mémorial de la Shoah à Berlin de “monument de la honte”.

La gauche radicale en tête

L’Est de l’Allemagne confirme avec la Thuringe son statut de bastion du parti. En septembre déjà, l’AfD y avait dépassé à l’Est la barre des 20% dans deux scrutins, en Saxe et dans le Brandebourg. Elle est plus faible dans l’ouest du pays et est créditée au plan national d’environ 15% des suffrages. En Thuringe, c’est l’actuel chef du gouvernement régional, Bodo Ramelow, membre de la gauche radicale, qui est arrivé en tête, avec un peu moins de 30%, un score en progression.

Cet ancien syndicaliste a bâti son succès sur son ancrage local et une politique très pragmatique, où il n’hésite pas à privilégier des thématiques chères aux conservateurs comme la sécurité, plus que sur les slogans de son parti à Berlin dont il s’est distancé.

Il lui sera difficile toutefois de se maintenir au pouvoir car ses deux partenaires actuels de coalition, les sociaux-démocrates du SPD et les écologistes, ont fortement baissé, à respectivement un peu plus de 8% et 5,5%. Ils ne sont plus en mesure de lui fournir une majorité. Et dans le même temps, le parti conservateur refuse de gouverner tant avec la gauche radicale qu’avec l’extrême droite. Ce qui pourrait bloquer toute formation de coalition majoritaire.

Énième déconvenue pour le parti de la chancelière

Pour la CDU et les sociaux-démocrates, ce scrutin constitue une énième déconvenue de nature à fragiliser un peu plus le gouvernement fédéral d’Angela Merkel, où ces deux formations sont partenaires de coalition mais affichent de plus en plus leur désaccord, comme tout récemment sur la Syrie et la Turquie.

Ce repli est un désastre pour le SPD en particulier, qui lutte pour sa survie au plan national et qui doit en décembre décider du cap qu’il choisit, en même temps que de son futur président: rester ou pas dans la coalition. Les tenants d’une sortie pourraient s’en trouver renforcés.

La campagne de Thuringe s’est déroulée dans une atmosphère très tendue, avec accusations d’un côté envers la rhétorique de l’AfD, et de l’autre menaces de mort à l’encontre de candidats opposés à l’extrême droite. Björn Höcke s’est félicité de voir que son électorat n’ait pas cédé “aux campagnes de diffamation”.

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