En Allemagne, les négociations entre les sociaux-démocrates, les Verts et les libéraux s’amorcent pour former un gouvernement – Le Monde

Des affiches électorales au sud de Bonn (Allemagne), le 1er octobre 2021.

L’un après l’autre, mercredi 6 octobre, les Verts et le parti libéral FDP, les deux « faiseurs de roi » à la suite de l’élection allemande du 26 septembre, ont annoncé à la presse leur intention de poursuivre des négociations ensemble et avec le Parti social-démocrate (SPD), en vue de former un gouvernement.

Ils ont ainsi donné le coup d’envoi d’une alliance politique inédite à l’échelle fédérale en Allemagne : une coalition dite « feu tricolore » (rouge pour le SPD, jaune pour le FDP, vert pour les écologistes), qui, en cas de réussite, rejetterait les chrétiens-démocrates (CDU et CSU bavaroise) dans l’opposition, pour la première fois depuis seize ans.

Jeudi 7 octobre, une première réunion entre les trois formations doit avoir lieu, a confirmé plus tard le candidat du SPD, Olaf Scholz, qui voit son projet de devenir chancelier « avant Noël » de plus en plus probable.

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Ces annonces mettent fin à dix jours de discussions bilatérales intenses depuis les élections au Bundestag du 26 septembre. Désormais, seuls les trois partis désireux de gouverner ensemble se livreront à des pourparlers. Les coprésidents des Verts, Annalena Baerbock et Robert Habeck, et le chef du FDP, Christian Lindner, ont exclu, mercredi matin, toute négociation parallèle avec la CDU-CSU, même s’ils n’ont pas fermé la porte à une reprise des pourparlers au cas où les négociations avec le SPD échoueraient.

Renversement des hiérarchies

Dans l’après-midi, Markus Söder, le chef de l’union chrétienne bavaroise CSU, a cependant poliment douché l’offre : « Une fois qu’un chemin est amorcé, il faut le suivre », a-t-il déclaré, visiblement déçu. Armin Laschet, le président de la CDU, a déclaré pour sa part qu’il restait ouvert à la discussion. Le libéral Christian Lindner, qui a rappelé qu’une alliance avec les chrétiens-démocrates et les Verts lui semblait toujours « la plus solide sur le plan du contenu », a reculé devant les divisions des conservateurs.

Tout, dans cette phase exploratoire post-électorale, était inédit et témoigne de la tectonique des plaques en cours au sein du paysage politique allemand, qui compte six formations.

On assiste d’abord à un renversement des hiérarchies. Ce sont les petits partis, et non plus les grands, qui ont maîtrisé la dynamique des discussions préliminaires, en raison de l’érosion électorale des grandes formations de gouvernement CDU-CSU et SPD, qui ont obtenu moins de 30 % des suffrages et ne veulent plus gouverner ensemble. Aucune coalition ne peut donc se former sans réunir trois partis. Ce qui place les Verts (14,8 % des voix) et le FDP (11,5 %) en position de pivots… à condition de s’entendre.

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