En Afghanistan, les opérations d’évacuation s’achèvent dans le chaos – Les Échos

Les évacuations d’Afghanistan s’achèvent dans la précipitation et le chaos. Une double explosion meurtrière s’est produite jeudi soir près de l’aéroport de Kaboul, où des milliers de personnes sont massées. Il aurait fait plusieurs dizaines de morts, dont 12 Américains. L’attentat-suicide, revendiqué par le groupe Etat islamique, est survenu quelques heures après que les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni ont mis en garde contre une menace « très élevée » d’attaque terroriste. Dans la soirée, Emmanuel Macron a fermement condamné les attaques tandis que Washington a menacé le groupe Etat islamique de représailles. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a convoqué les membres du Conseil de sécurité à une réunion lundi.

La cadence des vols exfiltrant les étrangers et les Afghans dont la vie est menacée par les talibans s’est accélérée ces derniers jours. Près de 19.000 personnes ont été exfiltrées par 90 avions occidentaux en 24 heures entre mardi et mercredi, et 13.400 entre mercredi et jeudi. Au total, ce sont 95.700 personnes qui ont été évacuées depuis le 14 août, selon la Maison-Blanche. La menace terroriste s’est ajoutée au calendrier très serré, la date-butoir du retrait des troupes américaines le 31 août approchant et les Etats-Unis ayant prévu de favoriser dans les derniers jours l’évacuation du matériel militaire et des soldats.

Face à la détérioration de la situation, plusieurs pays ont déjà bouclé leurs opérations d’évacuations, dont la Belgique et les Pays-Bas, qui ont exfiltré au total respectivement 1.400 et 1.500 personnes depuis la mise en place du pont aérien le 14 août. Le Canada et le Danemark ont aussi terminé leurs opérations.

2.500 personnes évacuées par Paris

La France a annoncé ce jeudi qu’elle effectuerait son dernier vol vendredi soir. Avec l’ambition d’évacuer encore « plusieurs centaines » d’Afghans, a précisé Emmanuel Macron. Au total, Paris aura évacué autour de 2.500 personnes depuis la chute de Kaboul, auxquels s’ajoutent quelques centaines d’Afghans ces dernières années et au printemps. La Turquie, quant à elle, procède au retrait de ses soldats qui gardaient l’aéroport avec les militaires américains.

Le Royaume-Uni et l’Allemagne n’ont pas encore annoncé de date de fin de leurs opérations. Les deux pays auront évacué au total respectivement près de 11.500 et 5.200 personnes.

Côté américain, les opérations se poursuivent également. 1.500 personnes étaient encore sur place mercredi, dont 500 s’apprêtaient à être évacuées. L’ambassade des Etats-Unis s’efforce de localiser le millier de ressortissants qui n’ont pas encore répondu aux messages les enjoignant à partir, ainsi que d’autres qui ne seraient pas enregistrés auprès de l’ambassade. « Au cours de cette période critique, notre priorité est d’embarquer les Américains et leurs familles dans des avions, hors d’Afghanistan, le plus rapidement possible », a souligné le secrétaire d’Etat, Anthony Blinken. Cette semaine, des charters affrétés par l’armée et le gouvernement quittaient le pays, en moyenne, toutes les 45 minutes.

« On ne les oubliera pas »

Toutefois, il ne fait désormais plus guère de doute que les Américains vont échouer à évacuer tous les Afghans qui ont travaillé pour eux ces dernières années. « On ne les oubliera pas », a tout juste confié Anthony Blinken, mentionnant aussi ceux qui s’opposent aux idées des talibans.

Pour Washington, la date du 31 août n’est cependant pas une fin en soi. « Il n’y a pas de date limite dans notre travail pour aider les citoyens américains qui décident de partir, ainsi que les nombreux Afghans qui nous ont soutenus et qui n’ont pas encore pu quitter le pays. Cet effort se poursuivra tous les jours après le 31 août », a assuré Anthony Blinken, qui a sous-entendu que les pays occidentaux faisaient pression sur les talibans pour qu’ils facilitent ces opérations.

Jusqu’à un million d’Afghans à risque

Un porte-parole des talibans a affirmé pour la première fois à des médias occidentaux que ceux ayant des papiers en règle seraient autorisés à partir et que le régime pardonnerait ceux ayant travaillé pour les Américains et leurs alliés.

Sur ce dernier point, les chiffres varient. L’administration Biden aurait identifié 50.000 Afghans éligibles au visa spécial mis en place pour eux. Mais l’Association des alliés de guerre évalue leur nombre à 250.000. Les estimations hautes vont même jusqu’à un million de personnes qui vivent aujourd’hui dans la peur des représailles…

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *