En Afghanistan, l’avancée des talibans est plus rapide que prévu – Le Monde

D’anciens moudjahidines ont pris les armes pour soutenir les forces afghanes contre les talibans, dans la province d’Herat, le 10 juillet 2021.

L’Afghanistan est-il de nouveau condamné à vivre sous la férule des fondamentalistes talibans ? Alors que les Etats-Unis ont achevé, le 3 juillet, leur retrait militaire, les insurgés ont progressé si rapidement dans leur conquête du territoire que le président américain, Joe Biden, a dû prendre la parole, jeudi 8 juillet, pour rassurer la communauté internationale sur ce qui ressemble pourtant à un désastre annoncé. Les motifs de réconfort sont apparus minimes. Il a assuré qu’il n’abandonnerait par le régime de Kaboul, tout en disant que les Américains n’étaient pas venus en Afghanistan pour « reconstruire le pays », malgré vingt ans de présence. Il a reconnu que les chances de voir l’actuel régime et les talibans former un gouvernement d’unité nationale étaient « hautement improbables », en dépit du processus de paix interafghan commencé en septembre 2020 à Doha, au Qatar.

Selon une source américaine jointe dans la capitale afghane, le général Scott Miller, chef des forces des Etats-Unis et de l’OTAN en Afghanistan, aurait dû en théorie quitter le pays le 4 juillet, mais il s’y trouve toujours – en grande partie à cause d’une situation sécuritaire qui se détériore et d’une stratégie talibane ayant pris tout le monde à revers. Le commandement taliban a en effet orienté ses efforts sur le nord du pays, qui lui était historiquement et ethniquement défavorable. Nombre d’experts afghans et internationaux prédisaient que les talibans prendraient d’abord le contrôle du Sud pachtoun, avant de progresser vers le Nord tadjik et hazara.

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Les talibans sont ainsi très présents autour des villes de Kunduz et de Mazar-e-Charif comme dans la province du Badakhchan. Ils ont même contraint un millier de soldats de l’armée afghane à fuir de l’autre côté de la frontière, au Tadjikistan. Outre le symbole désastreux infligé aux autorités de Kaboul, cette tactique est aussi une manière d’affaiblir, par avance, l’Alliance du Nord, qui avait combattu contre les talibans, entre 1994 et 1996, avant d’être défaite. La même alliance et ses chefs de guerre tribaux avaient ensuite servi d’appui sur le terrain, lors de l’attaque américaine, fin 2001, qui avait, cette fois-ci, fait chuter les talibans.

Début juillet, le constat fait par un cadre de l’ONU en Afghanistan était sans appel : « Les milices armées des principaux seigneurs de guerre de l’Alliance du Nord ont été bousculées, elles ont perdu des positions, seul Ismaël Khan et ses hommes, à Herat [Est], semblent en mesure de résister. »

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