Emmanuel Macron veut «un contrôle parlementaire» de l’action des forces de l’ordre – Le Figaro

En déplacement mardi à Roubaix, le président de la République doit annoncer un «renforcement du contrôle des forces de l’ordre» pour répondre aux critiques à l’encontre de l’IGPN.

Les forces de l’ordre pourraient être le théâtre d’un grand remue-ménage. En effet, Emmanuel Macron va se rendre ce mardi à l’école des gardiens de la paix de Roubaix pour clôturer le Beauvau de la sécurité et y annoncer, prévient-on à l’Élysée, des «changements radicaux». Lancé le 8 décembre dernier, ces états généraux réunissant policiers, gendarmes mais aussi élus et habitants ont donné lieu à neuf tables rondes pilotées par le ministère de l’Intérieur pour remettre à plat le lien police/population, la chaîne pénale, les techniques de maintien de l’ordre ou encore la formation.

À Roubaix, le chef de l’État va annoncer, selon son entourage, un «investissement massif de l’État et de la Nation, en contrepartie de mesures assez fortes dans l’organisation des policiers et dans leur rapport avec la population». Ainsi, au chapitre du devoir d’exemplarité, Emmanuel Macron va demander un «contrôle parlementaire et d’évaluation de l’action des forces de l’ordre». Les modalités de ce «contrôle indépendant» n’ont pas été précisées, mais en avril dernier, le chef de l’État avait évoqué dans un entretien au Figaro la création d’une «délégation parlementaire chargée du contrôle (des) forces de l’ordre», à l’image de la délégation pour le renseignement. L’ Inspection générale de la police nationale (IGPN) («la police des polices»), qui ne semble pas menacée en tant que telle, pourrait quant à elle être appelée à «plus de transparence dans son travail» et à ce que «l’effectivité de ses décisions soit renforcée».

Des annonces substantielles

Globalement, des annonces substantielles vont être formulées sur le plan budgétaire, sachant qu’une enveloppe de 1,7 milliard d’euros a déjà été débloquée pour la sécurité intérieure depuis le début de la mandature.

Considérant plus que jamais que la lutte contre la délinquance qui est «l’affaire de tous» et pas seulement l’affaire de ceux qui en ont la charge, Emmanuel Macron devrait aussi solliciter les collectivités locales sur la nécessité de «renforcer encore le tissu de vidéoprotection». Sur le front de la formation, l’idée de créer une académie de police à Montpellier, visant à décloisonner les corps des commissaires, officiers et gardiens de la paix, devrait être aussi confirmée. L’Élysée précise: «Le président va aussi annoncer des mesures pour montrer l’attractivité de la police judiciaire», encore engluée par une procédure chronophage.

Depuis l’école des gardiens de la paix, le chef de l’État devrait aussi détailler de «grands chantiers de transformations» visant à retisser le «lien entre la force de sécurité avec la population et mais aussi avec la justice pour plus d’efficacité, plus de rapidité et plus de justice». Enfin, le président de la République devrait, toujours selon une source à l’Élysée, «donner des réponses urgentes aux demandes de moyens et de protection des policiers et des gendarmes». Ces derniers devront aussi «améliorer l’accueil du public, en se fondant sur les bonnes pratiques qui ont été mises en place pour mieux accompagner les violences conjugales».

Une violence latente

Si des efforts ont été accomplis sur le front de la lutte antiterroriste et de la sécurité du quotidien, une source élyséenne considère que le Beauvau de la sécurité «a donné lieu à un diagnostic sans complaisance sur ce qui ne va pas» et évoque «une violence latente qui se traduit par des faits divers sordides et des violences intrafamiliales, une délinquance numérique qui explose et des quartiers où des bandes tentent d’imposer leur loi». «Le président veut relever le défi pour changer la société en profondeur», renchérit-on dans son entourage.

Dans la foulée de ces annonces, souffle-t-on à l’Élysée, «Gérald Darmanin va engager un travail réglementaire et législatif» pour «mettre en œuvre les grandes réformes qui se profilent». Un travail qui pourrait déboucher sur une grande loi de programmation de la sécurité intérieure.

À VOIR AUSSI – Police: «Le contrôle interne est indispensable», affirme la directrice de l’IGPN (10/12/2020)

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