Emmanuel Macron veut renouer avec son « hyperprésidence » – Le Monde
Le « nouveau chemin » qu’Emmanuel Macron compte emprunter pour la fin de son mandat ne sera peut-être pas tant affaire de changement de ligne que de réaffirmation d’une méthode : celle de « l’hyperprésidence » des débuts. Après avoir envoyé au front son premier ministre, Edouard Philippe, tout au long du débat sur les retraites, puis au cours de la crise due au coronavirus, le chef de l’Etat a l’intention, selon ses proches, de retrouver sa prééminence.
C’est en tout cas ainsi qu’il faudrait entendre le sens de son allocution télévisée du 14 juin, où le « je » a régné en majesté sur des sujets comme la relance économique, l’Europe ou la décentralisation. Avec en ligne de mire le rendez-vous de juillet, où le locataire de l’Elysée doit exposer sa vision des deux années à venir. Ses proches décrivent un chef de l’Etat désireux d’être « à la manœuvre » et « les mains dans le cambouis », préparant le remaniement gouvernemental dans la foulée des élections municipales, pour la dernière ligne droite de son quinquennat jusqu’à la présidentielle de 2022.
Lutte feutrée
« Le président a la volonté, dans les deux prochaines années, de gouverner lui-même. Il veut être maître de son destin et de sa réélection », affirme son entourage, en estimant que la prise de parole à venir du chef de l’Etat équivaudra à une déclaration de politique générale, ce qui est normalement du ressort du premier ministre… En 2019, M. Macron avait renoncé à sa promesse de venir s’exprimer devant le Congrès chaque année, laissant M. Philippe prendre la parole devant les députés. Cette époque semble révolue. « C’est dans sa nature, observe le patron des sénateurs La République en marche (LRM), François Patriat. Emmanuel Macron aime être présent sur tous les dossiers et tient à être informé sans cesse. » Tout sauf un hasard, donc, si les annonces sur le chômage partiel ont été faites depuis l’Elysée, mercredi.
Cette volonté s’exprime alors qu’une lutte feutrée s’est installée depuis quelques jours entre l’Elysée et Matignon sur l’orientation à venir du quinquennat. « [Emmanuel Macron] sait qui je suis, ce que j’incarne, ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire », a prévenu Edouard Philippe, le 16 juin, dans les colonnes de Paris-Normandie. En clair, pas question pour lui de rester à Matignon au lendemain des municipales pour conduire un virage social, ou acter un tournant du laxisme budgétaire. « Si tu veux faire 1983 à l’envers [année du tournant de la rigueur de François Mitterrand], tu prends Pierre Mauroy », prévient un proche du premier ministre.
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