Emmanuel Macron suspend le contrôle technique obligatoire des deux-roues – Le Monde

Le décret a tenu vingt-quatre heures. Le lendemain de l’annonce de son instauration, le nouveau contrôle technique des deux-roues a été « suspendu jusqu’à nouvel ordre » sur demande du président de la République, a rapporté, jeudi 12 août, le ministère des transports à l’Agence France-Presse (AFP).

Exigé par l’Union européenne et appliqué dans de nombreux pays voisins, ce contrôle bisannuel avait été instauré mercredi. Le décret publié dans Le Journal officiel prévoyait une entrée en vigueur en 2023. Cette mesure annoncée au cœur de l’été avait provoqué la colère des fédérations de motards.

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« Pas le moment d’embêter les Français »

Après une discussion jeudi matin avec le chef de l’Etat, le ministre des transports, Jean-Baptiste Djebbari, « a convenu avec les fédérations de se retrouver à la rentrée pour échanger largement sur les différents sujets les concernant », a fait savoir une porte-parole du ministère.

« Après avoir découvert cette mesure, le président de la République a décidé que ce n’était pas le moment d’embêter les Français », a expliqué un conseiller de l’exécutif. « Avec la crise sanitaire, le passe, on leur demande déjà beaucoup. On peut être pour la sécurité sans embêter les Français dans leur quotidien, a priori sans adhésion de leur part. »

Ce nouveau contrôle technique devait concerner tous les véhicules motorisés à deux, trois et quatre roues, scooters de 50 cm3 et voitures sans permis. Comme pour les voitures, pour qui il a été instauré en 1992, le contrôle technique aurait dû être réalisé dans un centre agréé et renouvelé tous les deux ans, ou avant toute revente du véhicule.

Au printemps 2021, plusieurs milliers de motards avaient manifesté à travers la France contre la mise en place d’un contrôle technique, réclamant à l’Etat de déroger à cette directive européenne. Les motards avaient également manifesté leur désapprobation de la réforme du stationnement à Paris, qui prévoit notamment le stationnement payant dès 2022 pour les deux-roues motorisés thermiques.

« Le ministre souhaitait l’apaisement », s’est félicité Jean-Marc Belotti, de la Fédération des motards en colère. « On ne propose rien, on ne veut juste pas de contrôle technique », a-t-il lancé, alors qu’un rendez-vous est prévu « début septembre » avec le ministère. « On va voir si on peut apporter des solutions en termes de sécurité routière, mais ça risque de leur coûter un peu de sous », a insisté le motard, citant notamment le dédoublement des glissières de sécurité, qui permettrait d’éviter de graves blessures.

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« Une honte absolue ! »

L’association Ras le scoot avait salué, jeudi matin, cette décision qui venait « rompre avec des années d’hésitation des pouvoirs publics jusqu’alors tétanisés face au lobby motard ». « C’est une honte absolue ! », a réagi jeudi sur Twitter l’association après l’annonce du rétropédalage gouvernemental :

« Comment est-ce possible qu’une minorité puisse faire reculer Emmanuel Macron, au détriment des millions de victimes de nuisances diverses et contre la directive européenne de 2014 ? Nous condamnons fermement cette volte-face. »

Ce contrôle était « une évidence tant il paraît inimaginable de laisser circuler sur les routes des véhicules susceptibles de mettre en danger les autres usagers », a souligné l’association.

Cette mesure aurait permis de « garantir moins de bruit et moins de pollution », a aussi regretté l’adjoint Europe Ecologie-Les Verts à la mairie de Paris, David Belliard, sur Twitter.

« La France doit verser une amende de 10 millions d’euros pour inaction face à la pollution de l’air, mais Macron préfère faire des cadeaux à dix mois de l’élection. »

Le Rassemblement national, qui avait critiqué la mesure, s’est au contraire félicité du revirement gouvernemental. « La mobilisation des motards et des élus paye. Nous resterons vigilants sur cette escroquerie souhaitée par l’Union européenne ! », a tweeté son porte-parole, Sébastien Chenu. « C’est une victoire du bon sens et de la mobilisation contre cette mesure technocratique », a abondé Marine Le Pen, également sur Twitter.

Une directive européenne de 2014 prévoyait la mise en place à partir du 1er janvier 2022 d’un contrôle technique pour les véhicules motorisés à deux et trois roues d’une cylindrée supérieure à 125 cm3, pour lutter contre les accidents et la pollution. La directive européenne cite plusieurs dizaines de points de contrôle concernant les freins, les pneumatiques, l’éclairage ou le bruit.

La plupart des pays européens ont déjà mis en place ce contrôle technique pour les motos, selon la Fédération européenne des associations de motocyclistes. Seuls la Finlande, l’Irlande et les Pays-Bas ont adopté des mesures alternatives au contrôle technique pour réduire le nombre d’accidents.

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Le Monde avec AFP

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