Emmanuel Macron dément toute « combine » à propos du cabinet de conseil McKinsey – Le Monde

C’est le sujet sur lequel Emmanuel Macron se retrouve sur la défensive, à deux semaines du premier tour de l’élection présidentielle. Dix jours après la publication d’un rapport du Sénat, dénonçant le large recours du gouvernement aux cabinets de conseil, dont surtout l’Américain McKinsey, en affirmant que cette société n’aurait payé aucun impôt en France entre 2011 et 2020, le président candidat a assuré qu’il n’y aurait rien d’illégal. « Il n’y a aucun contrat qui est passé dans la République sans qu’il respecte la règle des marchés publics : mise en concurrence, transparence, responsabilité de celles et ceux qui signent… », a-t-il déclaré, dimanche 27 mars, sur France 3. « On a l’impression qu’il y a des combines, c’est faux. Il y a des règles de marchés publics. La France est un pays de droit », a-t-il insisté. Que des ministères, qui sont « jour et nuit au travail », s’appuient sur « des prestataires » pour les aider, « ne me choque pas », a-t-il dit.

« Donc tout est clair là-dessus ? », le relance le journaliste. « Oui, sinon c’est du pénal », a poursuivi M. Macron. Avant de mettre au défi ceux qui affirment le contraire de lancer une action en justice. « Que quiconque, qui a la preuve d’une manipulation, mette le contrat en cause au pénal », a déclaré le chef de l’Etat. Plaidant pour que la « transparence » soit faite, il a insisté : « S’il y a un problème, il y a des juges et une justice indépendante. » Et de répéter : « S’il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal ! »

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Alors que ses adversaires pour la présidentielle le somment de s’expliquer sur ce recours fréquent à des cabinets de conseil privés, que le Sénat considère comme un « phénomène tentaculaire », au coût croissant pour les finances publiques, M. Macron a tenté de contre-attaquer. « Je ne suis pas persuadé que sous ce quinquennat, il y ait eu moins de contrats que sous certains autres, y compris de certains qui nous attaquent aujourd’hui », a-t-il déclaré. Une formule étrange, qui laisse penser que sa langue a fourché, en évoquant « moins de contrats », alors que sa démonstration visait au contraire à insinuer que ses prédécesseurs auraient eu davantage recours à des cabinets de conseil.

Remboursement des impôts ?

Quant à l’optimisation fiscale pratiquée par McKinsey, s’il s’était dit « choqué » mercredi, sur M6, du fait que ce cabinet de conseil n’aurait pas payé d’impôt sur les sociétés pendant dix ans, selon les révélations du rapport des sénateurs, M. Macron a estimé que cela s’expliquait par les règles fiscales en vigueur. « Personne ne fait payer l’impôt à des entreprises comme celle-ci car ce ne sont pas les règles », a-t-il assuré, en soulignant que cela s’inscrivait dans le cadre d’« une bataille internationale », qu’il a lui-même menée en Europe, afin de contraindre les entreprises à payer « un impôt minimal ». En particulier les géants du numérique. « On a un accord international, l’Europe est en train de le transcrire sous la présidence française de l’Union européenne. Nous allons passer l’impôt minimal pour toutes les sociétés et tous ces cas-là pourront être bannis. Dans quelques mois, on va pouvoir le faire », a-t-il promis. Une référence au projet de taxation internationale pour les plus grandes entreprises, conçu comme une arme contre les paradis fiscaux et les stratégies de dumping. « Je me bats depuis le début de mon mandat pour que toutes les entreprises qui travaillent en France et font des bénéfices en France paient l’impôt », a encore assuré M. Macron.

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