Emmanuel Macron assume l’option d’un projet social dur pour l’élection présidentielle – Le Monde
Emmanuel Macron a résumé d’une phrase son ambition pour le pays. « Etre plus forts et plus heureux tous ensemble. » Un slogan lancé, jeudi 17 mars, lors de la conférence de presse à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) visant à détailler son programme. Le président, désormais candidat à sa réélection, veut renouer avec l’audace de ses débuts et l’élan réformateur qui, en 2017, l’avait porté au pouvoir pour rendre la France plus joyeuse, plus optimiste, plus active et plus volontaire. Une France qui « se lève l’âme », explique Christophe Castaner, président du groupe La République en marche (LRM) de l’Assemblée nationale et proche du chef de l’Etat.
Pour atteindre le bonheur, ou s’en approcher, il faut, pense Emmanuel Macron, viser le plein-emploi. Car le travail, « valeur cardinale » de son projet, « est un élément de notre dignité et de notre place dans la société », a-t-il expliqué, jeudi. « Il n’épuise pas tout ce qu’il y a dans la vie parce que nous avons notre vie familiale, affective, associative, mais je considère que c’est un essentiel, et en particulier pour la vie de la nation. Et c’est d’ailleurs ce qui lie aussi l’individu à la nation », a souligné le candidat.
Projet « abrasif »
Une philosophie. Une conviction, aussi, qui se décline dans les transformations à opérer au sein de la société et justifie notamment que le revenu de solidarité active (RSA) soit versé en contrepartie de quinze à vingt heures d’activité facilitant l’insertion professionnelle ou que l’assurance-chômage soit moins généreuse en période de croissance. Le projet déroulé par Emmanuel Macron reste celui de l’émancipation. Emancipation par le travail, donc, qui prend ses racines dans l’école. Pour que celle-ci s’adapte aux nouveaux besoins de la nation, le candidat assume un projet « abrasif », selon les mots d’un de ses proches, visant à bousculer en profondeur le système éducatif. Quant à la réforme des retraites avortée en 2020, elle sera reprise, en fixant désormais l’âge de départ du travail à 65 ans, pour pérenniser un système social fondé sur la solidarité intergénérationnelle. Le travail, toujours.
Une partie de l’opposition s’est inquiétée de la brutalité d’un tel contenu. C’est l’angle d’attaque de la candidate pour le Parti socialiste, Anne Hidalgo, qui a dénoncé, jeudi soir, la « violence sociale inouïe » du programme de son concurrent. C’est aussi celui de sa rivale d’extrême droite, Marine Le Pen, possible adversaire si elle se qualifie pour le second tour. Se faisant défenseuse des plus démunis, la représentante d’un courant politique qui autrefois dénonçait l’assistanat s’est opposée, vendredi 18 mars sur France Inter, à un candidat qui, selon elle, culpabilise les demandeurs d’emploi. Et la fille de Jean-Marie Le Pen de dénoncer un projet où « tout ce qui est régressif, tout ce qui est un recul, notamment social, est très précis. En revanche, tout ce qui est présenté comme étant un progrès est extrêmement vague et extrêmement flou ».
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