Emmanuel Macron annonce une accélération du déconfinement et promet de tirer les « leçons » de la crise – Le Monde

Emmanuel Macron, président de la république, s'exprime sur la fin du déconfinement suite à la pandémie de Covid-19. Paris le 14 juin 2020 - 2020©Jean-Claude Coutausse pour Le Monde

Accueil de tous les écoliers et collégiens, réouverture des cafés et restaurants en Ile-de-France, autorisation des visites en Ehpad, libre circulation en Europe… Emmanuel Macron a annoncé, lors d’une allocution télévisée, dimanche 14 juin, que tous les départements – à l’exception de la Guyane et Mayotte, où le coronavirus circule encore -, seraient classés « en vert » à compter de lundi 15 juin.

« A partir de demain, nous allons pouvoir tourner la page du premier acte, en quelque sorte, de la crise que nous venons de traverser », a déclaré le chef de l’Etat, se félicitant d’une « première victoire contre le virus ». Les autorités sanitaires ont fait état, dimanche, de neuf nouveaux décès dans les hôpitaux, tout en indiquant que le nombre de patients hospitalisés en France pour une infection au Covid-19 continuait de reculer.

  • Les écoles et collèges accueilleront tous les élèves à partir du 22 juin

« Dès demain en hexagone comme en outre-mer, les crèches, les écoles, les collèges se préparent à accueillir à partir du 22 juin tous les élèves de manière obligatoire et selon les règles de présence normales », a annoncé Emmanuel Macron.

Ces derniers jours, les appels se faisaient de plus en plus pressants pour que les écoles accueillent davantage d’élèves. Selon les derniers chiffres du ministère de l’éducation nationale, seulement 1,8 million d’écoliers, sur un total de 6,7 millions, sont retournés à l’école et rarement à temps complet.

M. Macron n’a pas évoqué le protocole sanitaire très strict, principal obstacle à un retour massif dans les écoles. Le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, avait affirmé cette semaine que celui-ci serait « probablement » assoupli.

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  • Réouverture des cafés-restaurants en Ile-de-France dès lundi

Conséquence du passage de l’Ile-de-France en vert, les cafés et restaurants de la région pourra rouvrir à compter de lundi. Cette ouverture, qui intervient un peu plus tôt qu’anticipé, était espérée par les restaurateurs d’Ile-de-France, dont les établissements étaient fermés depuis près de trois mois.

Le 2 juin, les bars, cafés et restaurants dans les régions classées en zone « verte » avaient pu rouvrir, mais pas les établissements de Paris et de sa région maintenus en « orange », qui avaient dû se contenter d’accueillir leurs clients uniquement en terrasse, en attendant la troisième phase du déconfinement prévue le 22 juin.

  • Le second tour des municipales pourra se dérouler le 28 juin

Le deuxième tour des élections municipales « pourra se dérouler dans les communes concernées le 28 juin », a annoncé le chef de l’Etat, à la veille de l’ouverture de la campagne officielle.

Il a toutefois prévenu qu’il faudrait « éviter au maximum les rassemblements » qui resteront « très encadrés » car « ils sont la principale occasion de propagation du virus ». Le virus n’a pas disparu, a averti Emmanuel Macron, et « nous ne pouvons pas baisser totalement la garde. Il nous faudra, pour longtemps encore, respecter les règles de distance physique ».

  • Les visites en Ehpad autorisées

M. Macron a déclaré que les visites dans les maisons de retraites et les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) seraient « autorisées » dès lundi. Les visites dans ces établissements ont été interdites dès le 11 mars, avant le début du confinement, pour freiner l’épidémie due au coronavirus. Elles ont été autorisées progressivement à partir du 20 avril, dans des conditions très strictes.

Un assouplissement supplémentaire a été décidé début juin, autorisant la visite de plus de deux personnes à la fois et la possibilité de faire venir des mineurs, sous réserve qu’ils portent un masque. Le ministère de la santé avait alors indiqué que « près de 45 % des Ehpad déclarent encore au moins un cas de Covid-19 ».

  • Pas d’augmentation d’impôts pour financer les dépenses liées à la crise

Face à la crise économique brutale qui s’annonce, Emmanuel Macron a exclu d’augmenter les impôts pour financer les dépenses liées à la crise. Alors que « 500 milliards d’euros » ont été dépensés pour faire face à la crise, « ces dépenses se justifient en raison des circonstances exceptionnelles que nous venons de vivre, mais elles viennent s’ajouter à notre dette déjà existante », a-t-il déclaré. Mais « nous ne financerons pas ces dépenses en augmentant les impôts, a assuré le chef de l’Etat, soulignant que la France connaissait déjà « la fiscalité la plus lourde », et que, « depuis trois ans, nous avons commencé à la baisser ».

  • Une « reconstruction économique, écologique et solidaire »

Cette allocution a aussi permis à Emmanuel Macron, contraint de gérer l’urgence depuis trois mois, de commencer à se projeter sur l’après-Covid. Le chef de l’Etat a esquissé de premiers contours, tout en indiquant qu’il s’adresserait une nouvelle fois aux Français en juillet pour « préciser ce nouveau chemin lancé ». Il a notamment indiqué que la France devait se préparer à « travailler et produire davantage pour ne pas dépendre des autres » :

« La seule réponse est de bâtir un modèle économique durable plus fort, de travailler et de produire davantage pour ne pas dépendre des autres. Et cela, nous devons le faire alors même que notre pays va connaître des faillites et des plans sociaux multiples en raison de l’arrêt de l’économie mondiale. »

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Il a promis d’œuvrer à la préservation de l’emploi : « Avec les syndicats et le patronat, nous avons lancé une négociation pour que, dans toutes les entreprises, nous arrivions à préserver le plus possible l’emploi malgré les baisses d’activité. » « Il nous faut créer de nouveaux emplois », a-t-il ajouté, via des investissements technologiques, numériques, industriels et agricoles, mais aussi à travers « un plan de modernisation du pays autour de la rénovation thermique de nos bâtiments, des transports moins polluants, du soutien aux industries vertes ».

Il a enfin rapidement évoqué un « investissement massif pour l’instruction, la formation et les emplois de notre jeunesse » et dans le secteur de la santé. « Cette reconstruction économique, écologique et solidaire sera la clé de notre indépendance », a-t-il conclu.

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  • « Nos faiblesses, nous les corrigerons vite et fort »

Le chef de l’Etat a également défendu sa gestion de crise, dont il n’a guère tiré de bénéfices politiques, sa cote de popularité continuant de baisser, à l’inverse de celle du premier ministre, Edouard Philippe. « Nous pouvons être fiers de ce qui a été fait et de notre pays », a-t-il déclaré, assumant le choix « humaniste » d’avoir « placé la santé au-dessus de l’économie » le 16 mars, puis celui d’avoir enclenché une sortie du confinement le 11 mai alors que « les avis étaient différents ».

Mais « cette épreuve a aussi révélé des failles, des fragilités : notre dépendance à d’autres continents pour se procurer certains produits, nos lourdeurs d’organisation, nos inégalités sociales et territoriales. Je veux que nous tirions toutes les leçons de ce que nous avons vécu », a-t-il assuré.

  • Emmanuel Macron exclut de « réécrire » l’histoire ou de « déboulonner » des statues

Au lendemain de manifestations contre les violences policières et le racisme à travers la France, Emmanuel Macron a promis « de nouvelles décisions fortes pour l’égalité des chances », en assurant que « nous serons intraitables face au racisme, à l’antisémitisme et aux discriminations ».

« Notre combat doit se poursuivre et s’intensifier pour permettre d’obtenir les diplômes et les emplois qui correspondent aux mérites et talents de chacun, et lutter contre le fait que le nom, l’adresse, la couleur de peau réduisent encore trop souvent dans notre pays les chances que chacun doit avoir. »

« Mais, a-t-il prévenu, ce combat noble est dévoyé lorsqu’il se transforme en communautarisme, en réécriture haineuse ou fausse du passé. Ce combat est inacceptable lorsqu’il est récupéré par les séparatistes ». « La République n’effacera aucune trace ni aucun nom de son Histoire. La République ne déboulonnera pas de statue », alors que de nombreuses voix se sont élevées ces derniers jours contre l’existence de statues ou de monuments liés à l’histoire coloniale ou la traite esclavagiste.

Répondant à la colère des forces de l’ordre, accusées de racisme et de violences, le chef de l’Etat a affirmé que les policiers et gendarmes « méritent le soutien de la puissance publique et la reconnaissance de la Nation ». « Sans ordre républicain, il n’y a ni sécurité, ni liberté », a-t-il déclaré.

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Le Monde

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