Emmanuel Macron annonce un référendum pour inscrire la défense du climat dans la Constitution – Le Figaro

Le président de la République a débattu pendant plus de deux heures avec les membres de la Convention citoyenne pour le climat ce lundi. Il a notamment annoncé un référendum pour inscrire la lutte pour le climat dans la Constitution.

Emmanuel Macron a rencontré ce lundi les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) pour une «discussion franche». Le président de la République était accompagné de plusieurs ministres, dont Barbara Pompili (Écologie), Emmanuelle Wargon (Logement), Jean-Baptiste Djebbari (Transports), et Julien Denormandie (Agriculture). Un projet de loi climat est attendu pour fin janvier et doit intégrer certaines propositions de la CCC. Lors du débat, Emmanuel Macron a annoncé un référendum pour inscrire la lutte pour le climat dans la Constitution. «Ce sera une réforme constitutionnelle en un article» qui «doit d’abord passer par l’Assemblée nationale puis le Sénat et être votée en des termes identiques. Ce jour-là, elle sera soumise à référendum», a-t-il précisé.

La Convention citoyenne avait proposé de rajouter un 3e alinéa à l’article 1er de la Constitution: «La République garantit la préservation de la biodiversité, de l’environnement et de la lutte contre le dérèglement climatique».

En introduction de son discours, Emmanuel Macron a d’abord déclaré que «nous sommes tous engagés dans un travail politique, citoyen qui est celui de construire un changement durable dans notre pays. Il n’y a pas de précédent dans le niveau de difficulté de ce que nous sommes en train de faire. Cette transition est difficile, il faut qu’on se projette à 10,15, 20 ans». «Parfois, je pense qu’un interdit n’est pas la meilleure solution. La démarche sur beaucoup de sujets n’est pas une démarche d’interdits», a-t-il également ajouté. Pendant deux heures, la discussion s’est divisée en plusieurs thématiques: «se déplacer», «se loger», «consommer», «produire et travailler», «se nourrir».

  • Se déplacer

Emmanuel Macron a reconnu que «Collectivement, nous ne sommes pas à la hauteur de l’objectif de réduction des émissions fixé au niveau européen.» Il a également plaidé que certaines propositions de la Convention ne pouvaient être prises par le gouvernement français mais devaient être décidées au niveau européen.

«Il faut continuer à développer les zones à faible émission et aller plus loin dans la conversion du parc automobile. On a mis en place cette prime à la reconversion qui a permis à 280 000 concitoyens de changer de véhicules», a également défendu Emmanuel Macron. Le président a aussi rappelé les mesures prises: «Les vols domestiques identifiés à moins de 2h30 en train seront supprimés avec de vraies conséquences pour nos concitoyens mais le TGV permet de se substituer. Nous serons les premiers à faire cela. L’éco-redevance est la plus efficace sur les vols internationaux. Elle a de sens que si on l’applique à tous les aéroports. On a de la marge et on a la capacité de le faire. Je souhaite qu’on puisse augmenter et accélérer à ce niveau-là». Le président a également assuré que la France allait se «battre pour l’éco-contribution et la transition du prix du kérosène».

Emmanuel Macron est revenu sur la rénovation thermique des bâtiments, «un sujet sur lequel on peut gagner ou perdre la bataille». Le président a semblé défavorable à la rénovation obligatoire des logements, proposition phare de la Convention. «Rendre la rénovation obligatoire ça veut dire qu’on fait porter la contrainte sur les ménages, certains ont les moyens et d’autres ne l’ont pas, a-t-il estimé. On ne peut pas laisser le propriétaire seul payer le prix de sa rénovation thermique. Nous avons décidé dans le plan de relance d’accorder 2 milliards d’euros budgétaires cette année et l’année prochaine pour cette problématique, ce qui vient s’ajouter à 2 milliards et demi en certificats. Il faudra le pérenniser dans le temps au de-là du plan de relance».

Le président de la République est interpellé par un citoyen lui reprochant de repousser certaines mesures à plus tard: «Etes-vous climato-cynique au point de décider de ne pas atteindre ces objectifs en 2030 ou climato-sceptique ?». «Ce n’est pas sérieux de tenir des propos comme ça, s’est agacé Emmanuel Macron. On part de rien et on est déjà à un point qui n’est pas rien, 4,5 milliards par an».

Emmanuel Macron est d’abord revenu sur l’une des propositions CCC au sujet de la publicité: réguler les produits les plus polluants. «On risque d’interdire la publicité sur des acteurs qui font de l’emploi en France mais on ne saura pas l’interdire sur les acteurs qui ne payent pas d’impôts en France. Je ne sais pas interdire Google ou Amazon», assure le président qui ne s’est toutefois pas montré fermé à l’interdiction de la publicité pour les produits qui seraient soumis à un malus écologique.

Interrogé sur les possibles impacts environnementaux de la 5G, Emmanuel Macron a assuré qu’il n’est pas possible de faire de «l’internet des objets si on n’a pas de 5G. Le potentiel de production économique compatible avec nos objectifs écologiques est terrible si vous ne faites pas la 5G». «Moi je crois à la réindustrialisation par le numérique, c’est une très bonne chose. Ça permet de produire beaucoup plus près du terrain». Le président de la République a toutefois assuré que ce n’était «pas la même chose d’autoriser quelque chose et de l’interdire». «On va ouvrir mais ça ne veut pas dire qu’on a levé toutes les autres questions. Je suis pour la transparence complète. Je pense que ne pas lancer ce sujet était une erreur parce que ça nous coûtait des opportunités économiques qui n’étaient pas remplaçables. A un moment s’il y a une volonté de ralentir ou de ne pas être dans la 5G ce doit être possible».

Lors d’une intervention sur le bilan carbone du numérique, la ministre Barbara Pompili a également lâché: «Encore une fois, videz vos boîtes mail, ce serait déjà pas mal».

  • Produire et travailler

Emmanuel Macron s’est vu reprocher par Pierre, un citoyen, de vouloir vider le projet de la CCC: «La Convention pour le climat vous offre un petit arbre à développer, il est très beau et vous coupez certaines branches, totalement ou partiellement». Le chef d’État s’est montré, lui, légèrement agacé par certaines questions et propositions. «Il y avait beaucoup de propositions dans cette Convention mais il y en avait peu qui étaient formulées comme des textes de loi donc on ne peut pas reprocher au gouvernement de ne pas mettre dans la loi des choses qui ne sont pas à son niveau», a-t-il critiqué prenant en exemple la relocalisation ou le changement «de notre manière de produire».

  • Se nourrir

«Aucun agriculteur n’utilise des produits chimiques ou des intrants par plaisir, il le fait parce que nous en tant que nation on l’a poussé à le faire. On ne peut pas rester dans cette conflictualité, de face-à-face», a lancé Emmanuel Macron.

Interrogé sur les engrais azotés, le président a assuré que lui et son gouvernement partageaient la position de la CCC sur ce point mais qu’il n’était pas possible de taxer du jour au lendemain. «On demande aux gens de bouger pendant 4 ans et ceux qui n’auront pas bougé seront taxés, parce que si vous taxez demain vous allez taxer des gens qui ne peuvent pas changer leur organisation productive du jour au lendemain», a-t-il expliqué avant de prendre l’exemple du glyphosate. «On aura réduit de 50% l’utilisation de glyphosate dans notre pays à horizon 2022. On ne peut pas aller plus loin parce que nous n’avons aucun élément de substitution crédible dans plein de filières. Il ne faut pas juste brandir un produit avec un objectif, ça ne marche pas. On accompagne les changements. On va demander de le faire au niveau européen pour que tous les pays fassent pareil».

Concernant les chèques alimentaires, Emmanuel Macron a annoncé «qu’il était d’accord» et qu’il était prêt à les mettre en place de manière à ce que les Français les plus modestes puissent avoir accès à une alimentation durable. La Convention avait, en effet, proposé de mettre en place ces chèques afin de permettre aux «plus démunis d’utiliser les AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture) ou pour des produits bios». Cette mesure n’avait pourtant pas été retenue par le gouvernement. Il s’agit donc de la seule annonce d’Emmanuel Macron lors de ce débat, avec celle d’un référendum pour modifier l’article 1er de la Constitution. «Je souhaite développer d’autres conventions citoyennes et proposer aux partenaires européens une Convention citoyenne européenne», a par ailleurs indiqué le président en guise de conclusion.

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