Emmanuel Macron adresse des vœux optimistes aux Français pour 2023 et prône « l’impératif d’unité de la nation » – Le Monde

Photo d’un écran de télévision lors de l’allocution du président de la République, Emmanuel Macron, adressée aux Français pour le Nouvel An, le 31 décembre 2022.

C’est une tradition pour le président de la République que d’adresser ses vœux aux Français pour l’année qui s’annonce, le soir de la Saint-Sylvestre. Emmanuel Macron s’est ainsi prêté pour la sixième fois à l’exercice, samedi 31 décembre, portant un message optimiste et de « confiance et d’unité » aux Français, afin de ne pas « céder à l’esprit de division » dans une année 2023 qui s’annonce incertaine sur le plan économique, social et géopolitique.

Lors de son allocution télévisée de dix-neuf minutes diffusée dès 20 heures, le chef de l’Etat a affirmé : « Je ne perds jamais de vue cet impératif d’unité de la nation. (…) Je nous souhaite avant toute chose de vivre 2023 autant que possible en pays uni et solidaire. » C’est la voie, selon lui, pour la France qui lui permettra de s’en « sortir dans un monde si rude, dans des temps si durs ».

« Soyons fiers », a lancé le président de la République, en énumérant les réussites qu’il attribue au pays ces derniers mois sur les plans culturel, sportif et économique – par exemple, le « taux de chômage au plus bas depuis quinze ans » et « la solidarité nationale financée par les contribuables », qui a permis au pays d’atténuer l’effet de la hausse des prix. « Il nous faut nous munir de cette fierté et de cette confiance » pour affronter l’année à venir et les crises en cascade, a-t-il ajouté.

« Assurer l’équilibre de notre système »

Il y a un an, à la fin de son premier quinquennat, M. Macron avait longuement évoqué la crise du Covid-19 et prédit que 2022 serait « l’année de tous les possibles ». Elle aura bel et bien été une année de bascule, avec le retour de la guerre sur le sol européen et les répercussions économiques du conflit.

Après être revenu sur ce tournant, Emmanuel Macron a évoqué les chantiers importants de son second mandat pour permettre aux Français de se projeter. Il a d’abord défendu le principe de la réforme des retraites et répété sa détermination à la faire entrer en vigueur « dès la fin de l’été 2023 ».

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« Comme je m’y suis engagé devant vous [lors de l’élection présidentielle], cette année sera en effet celle d’une réforme des retraites qui vise à assurer l’équilibre de notre système pour les années et les décennies à venir », et à « consolider notre régime de retraites par répartition », a fait valoir M. Macron, mettant de nouveau en avant la « valeur travail ».

Le chef de l’Etat a aussi abordé la réforme de l’école, comme de l’enseignement professionnel. Puis, au sujet de la « bataille » de la transition écologique, qu’il s’agit de « gagner », il a promis d’« accélérer le déploiement des énergies renouvelables » en parallèle du « lancement de la construction de nouvelles centrales » nucléaires.

S’agissant de la menace de coupures d’électricité cet hiver, « c’est entre nos mains », a estimé Emmanuel Macron. « Si nous continuons à économiser l’énergie comme nous le faisons depuis quelques mois » et si « nous continuons de remettre en service nos réacteurs nucléaires comme prévu, nous y arriverons », a-t-il assuré.

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Le président de la République a ensuite assuré qu’« en 2023, nous aurons à consolider pas à pas notre indépendance énergétique, économique, sociale, industrielle, financière et stratégique ». Une « indépendance française [qui] doit trouver dans notre Europe son relais, son complément », a-t-il plaidé en européen convaincu.

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Il a par ailleurs adressé un message de solidarité au peuple ukrainien, promettant « d’aider les Ukrainiens sans faillir » dans le conflit lancé le 24 février dernier par la Russie, ce « jusqu’à la victoire » de l’Ukraine. « Nous serons ensemble pour bâtir une paix juste et durable. Comptez sur la France et comptez sur l’Europe », a-t-il déclaré.

Emmanuel Macron a enfin évoqué les perspectives sportives et culturelles réjouissantes des mois à venir, de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris à la Coupe du monde de rugby qui se déroulera en France à l’automne 2023 ou encore les Jeux olympiques de 2024.

Une rentrée sociale et économique qui s’annonce tendue

« Le président de la République a rappelé son cap, et c’est très important », a réagi peu après la secrétaire d’Etat à l’économie sociale et solidaire Marlène Schiappa sur BFM-TV. « A douze reprises, le [mot] travail est revenu, cela reste le fil rouge de ses deux quinquennats », a-t-elle poursuivi.

Emmanuel Macron a préparé minutieusement ses vœux lors de son court séjour passé au fort de Brégançon entre Noël et le Nouvel An, où il a également travaillé à la rentrée sociale et économique de 2023, qui s’annonce tendue.

Dès la fin de la trêve de Noël, le gouvernement entrera en effet dans le dur des réformes. Aura tout d’abord lieu la présentation du très attendu projet de réforme des retraites par Elisabeth Borne, le 10 janvier, qui prévoit entre autres un recul de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ou 65 ans. Vent debout contre le projet présidentiel tel qu’il leur a été présenté lors des phases de concertations, les syndicats ont d’ores et déjà appelé unanimement à la mobilisation, faisant craindre à l’exécutif le retour d’une étincelle sociale.

Samedi soir, lors de ses vœux, c’est donc sans surprise qu’Emmanuel Macron a décidé de ne pas entrer dans les détails des arbitrages pris par l’exécutif en la matière. Il en va de même pour les autres réformes à venir, au début de 2023, celle par exemple du projet de loi sur l’immigration, auquel le gouvernement a mis la touche finale avant la trêve de Noël : M. Macron ne l’a pas directement évoquée.

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« Aucune vision », « sixième exercice de vœux pieux »

Sans surprise, les vœux du président de la République ne se sont pas attirés le soutien des oppositions. Avant même l’allocution du chef de l’Etat, sa rivale d’extrême droite lors du second tour de l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen, avait publié ses propres vœux aux Français, en profitant pour s’opposer une nouvelle fois à la politique de M. Macron. Elle a appelé à la « mobilisation » en 2023 afin de poursuivre le « sursaut » commencé, selon elle, lors des législatives de juin avec l’élection de 89 députés du Rassemblement national.

Après une année « difficile », en raison de la guerre, d’une « crise de l’énergie quasi inédite », d’« une inflation mal maîtrisée » et d’« une violence quasi endémique », Mme Le Pen a estimé que la France « doit maintenant se donner des dirigeants sensibles aux difficultés quotidiennes, des dirigeants prospectifs dans leur vision et surtout attachés à l’intérêt national ».

« Ça va chauffer en janvier », a de son côté réagi sur Twitter le fondateur de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, après la diffusion des vœux d’Emmanuel Macron, prédisant une rentrée sociale agitée.

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Pour la députée écologiste Sandrine Rousseau, le chef de l’Etat n’a fait preuve d’ « aucune vision, pas de perspective, pas plus d’empathie » lors de ses vœux. Elle a ajouté sur le même réseau social : « De la petite gestion quotidienne et de la grande destruction sociale et écologique. La France mérite mieux ».

Eric Ciotti, le nouveau président du parti Les Républicains, a lui aussi jugé qu’Emmanuel Macron s’est prêté à un « sixième exercice de vœux pieux, toujours démentis par l’impuissance, l’inaction et le manque de courage », estimant que « la France mérite mieux ».

« Numéro d’autosatisfaction d’un président obligé d’en appeler à l’unité des Français…. tellement sa politique nous divise et nous fait mal. Nous ne laisserons pas passer une réforme des retraites qui nous obligera à travailler plus longtemps dès 2023 ! », a pris date le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel.

Philippe Poutou du Nouveau Parti anticapitaliste a quant à lui promis que « l’unité [à laquelle M. Macron appelle], on va la faire contre lui ». « Rendez-vous dans la rue et dans les grèves », contre la réforme des retraites, a-t-il écrit sur Twitter.

Le Monde avec AFP

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