Emmanuel Macron a rencontré plusieurs dissidentes iraniennes – Le Monde

La dissidente irano-américaine Masih Alinejad, à Paris, le 10 novembre 2022.

La dissidente irano-américaine Masih Alinejad, à l’origine de plusieurs campagnes contre le port obligatoire du voile en République islamique d’Iran, a rencontré Emmanuel Macron vendredi 11 novembre au soir. Cette entrevue, la première entre une figure d’opposition iranienne et le leader d’une grande puissance, intervient alors que l’Iran est depuis mi-septembre traversé par un soulèvement sans précédent, réprimé dans le sang. Selon l’organisation Human Rights Activists News Agency (HRANA), au moins 328 civils ont été tués, dont 50 enfants.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le soulèvement iranien vu et vécu par les écrivains

Vendredi soir, la photo de Masih Alinejad, âgée de 46 ans et vivant aux Etats-Unis, serrant la main du président français a aussitôt été publiée dans les médias persanophones hébergés à l’étranger. Trois autres Iraniennes participaient à ce rendez-vous : Ladane Boroumand, la cofondatrice du Centre Abdorrahman Boroumand, une organisation non gouvernementale qui œuvre pour la promotion des droits humains en Iran depuis 2002 ; Shima Babaie, une ancienne prisonnière politique arrêtée pour avoir participé à la vague de contestation fin 2017-début 2018, et aujourd’hui exilée en Belgique ; et Roya Majidi, dont la mère, Minou, a été tuée par le régime dans une manifestation au début du soulèvement en cours. La photo de cette Iranienne de 25 ans, le regard déterminé, la tête rasée, serrant dans sa main ses cheveux coupés à côté de la tombe de sa mère à Sanadaj (ville kurde en Iran), est devenue une des images fortes de la contestation en Iran.

Si, pour le moment, rien n’a filtré sur la teneur des échanges entre le président français et ces trois dissidentes iraniennes, le simple fait qu’il les ait rencontrées envoie un message fort de soutien à celles et ceux qui s’opposent à la République islamique d’Iran, selon Masih Alinejad. Le Monde l’a rencontrée dans son hôtel à Paris la veille de son entrevue avec le chef de l’Etat. Elle nous expliquait alors sa démarche : « Les Iraniens sont dans la rue. Je ne demande à personne d’intervenir pour le renversement du régime. Mais reconnaissez la voix du peuple iranien. Nous ne demandons pas que vous sauviez les Iraniens, mais arrêtez de sauver ceux qui les tuent. Les dirigeants comme le président américain, Joe Biden, finiront par sauver la République islamique en poursuivant les négociations sur le nucléaire. »

Empêcher les exécutions

Depuis plus d’un an, Téhéran et les signataires de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015 (le Royaume-Uni, la France, la Russie, la Chine et l’Allemagne) ont repris les pourparlers afin que les Etats-Unis reviennent dans ce pacte, dénoncé unilatéralement par l’ancien président américain Donald Trump en 2018. Une sortie américaine qui a permis à Téhéran de s’affranchir des règles de l’accord, en reprenant un grand nombre de ses activités nucléaires, suspendues jusque-là. Les pays favorables à l’accord veulent donc laisser sa chance à la diplomatie, afin que Téhéran se conforme à nouveau aux règles du pacte. Mais les opposants iraniens, eux, redoutent que la reprise de l’accord entraîne la levée des sanctions internationales contre Téhéran et permette par conséquent au régime de profiter des dizaines de milliards de fonds iraniens gelés à l’étranger.

Il vous reste 51.54% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading