Emmanuel Macron à la foule libanaise : « Je comprends votre colère » – Le Monde

Emmanuel Macron discute avec une femme dans le quartier de Gemmayzé, qui a subi d’importants dommages suite aux explosions, le 6 août.

D’abord, les ruines. Elles fument encore. D’un côté, la mer et ce qui reste du port de Beyrouth, de l’autre, des gratte-ciel aux façades arrachées. Emmanuel Macron et le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, marchent les pieds dans la poussière et les gravats, à l’épicentre du désastre, parmi la petite foule mouvante, trottant et trébuchant, des conseillers, des responsables et des personnels de sécurité libanais et des journalistes.

Au bout d’un sentier déblayé parmi les décombres des entrepôts se dresse la silhouette tronquée, éventrée du silo à grains qui a absorbé en tout premier le choc de l’explosion. Il est bientôt 13 heures à Beyrouth jeudi 6 août et, dans ce paysage cerné d’épaves échouées, retournées, pleines d’une mer salie, dans l’odeur encore flottante de la catastrophe, la séquence du déplacement présidentiel commence. C’est un premier chapitre consacré au silence des décombres et à ceux qui les labourent encore. On présente au président français le gouverneur de Beyrouth, Marwan Abboud. « Merci de nous accueillir, on est là. »

Le chef du détachement de pompiers de Marseille, dépêché la veille, est flanqué de son collègue libanais, qui supervise les opérations. Il estime qu’il y a encore « bon espoir » de retrouver des survivants, bloqués dans les décombres, « enterrés dans une salle de contrôle » à 500 mètres de là.

« Qu’il les fasse bouger »

Dans la chaleur, l’humidité, la poussière du port dévasté, ce qu’évoque le sort de ces hommes a quelque chose à voir avec un sentiment d’épouvante. La cohorte présidentielle se dirige vers l’immense cratère rempli d’eau de mer creusé par l’explosion du hangar 12, là où une cargaison de nitrate d’ammonium a ouvert, le 4 août, une nouvelle brèche cauchemardesque dans l’histoire du Liban.

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De jeunes personnels de la Croix-Rouge libanaise attendent leur tour. Il y a une heure tout juste, à peu près au moment où le Falcone présidentiel en provenance d’Hyères (Var), à l’autre bout de la Méditerranée, se posait sur la piste de l’aéroport de Beyrouth, ils ont trouvé, disent-ils, dans le fatras de métal, de béton et de plastique brûlé, une jambe détachée d’un disparu qui doit maintenant pourrir quelque part. Ils n’ont pas plus de la trentaine. L’un d’entre eux, qui tourne le dos au paysage dévasté de la ville, montre une vidéo sur son téléphone portable. On y voit un corps humain désarticulé que ses compagnons en uniforme rouge blanc arrachent au chaos des décombres.

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