“Elle n’a pas été suffisamment protégée”: le féminicide emblématique de Julie Douib jugé à Bastia – BFMTV

Après plusieurs plaintes et mains courantes contre son ex-compagnon, Julie Douid a été tuée à son domicile. L’homme, qui a reconnu lui avoir tiré dessus, comparaît ce jeudi devant les assises.

“Il m’a tuée.” Ce jeudi s’ouvre à Bastia le procès de l’ex-compagnon de Julie Douib pour le meurtre de la jeune femme en 2019 à L’Île-Rousse, un féminicide qui avait suscité une mobilisation inédite et entraîné l’organisation d’un Grenelle sur les violences faites aux femmes. Bruno Garcia-Cruciani, 44 ans, va comparaître devant la cour d’assises jusqu’au 16 juin. Il a reconnu lui avoir tiré dessus avant de se rendre aux gendarmes.

“Elle m’a simplement dit, ‘il m’a tuée'”, avait confié à l’AFP, lors d’une marche blanche quelques jours après les faits, une voisine qui avait découvert la jeune femme de 34 ans gisant dans son sang sur son balcon: “Ça faisait déjà un mois qu’elle me disait ‘il va me tuer, il va me tuer’, et voilà…”.

“Défaillances dans le système”

Plusieurs plaintes et mains courantes avaient été déposées au cours des mois précédents par la victime et par son père. “Elle nous a appelé pour nous dire qu’il l’avait prise par les cheveux et traînée par terre. Je lui ai dit d’aller porter plainte, je suis venu à Bastia”, raconte Lucien Douid à BFMTV. Pendant quatre mois, il est resté aux côtés de sa fille pour la soutenir et la protéger.

Julie Douib était âgée de 35 ans.
Julie Douib était âgée de 35 ans. © BFMTV

“Il y a eu défaillance dans le système, dans le manque d’écoute”, avait-il déploré peu après la mort de sa fille.

Me Francesca Seatelli, qui représente les deux enfants de Julie Douib et Bruno Garcia-Cruciani, attend “de ce procès qu’ils aient enfin la place qu’ils méritent dans cette procédure et qu’ils soient enfin entendus en tant que victimes”.

“Je lui ai promis qu’on s’occuperait de ses enfants et surtout, qu’il payerait pour ce qu’il lui a fait”, affirme Lucien Douid sur notre antenne.

Meurtre avec préméditation?

L’enquête a établi que Bruno Garcia-Cruciani avait mené une “traque” de son ex-compagne. Le jour des faits, il s’est présenté chez elle armé d’un pistolet Glock 17 équipé d’un silencieux. Il lui a tiré dessus à trois reprises, l’atteignant deux fois: une première fois dans la chambre des enfants et une seconde fois sur le balcon où elle s’était enfuie, la touchant mortellement au thorax et au bras gauche.

Lui affirme que son acte n’était pas prémédité, mais l’accusation assure le contraire: Bruno Garcia-Cruciani avait fait des recherches sur Internet avec les mots-clés “peine pour homicide avec arme” et “partir vivre en Thaïlande”. “Moi aussi, je vais bientôt rejoindre ton beau-frère à Borgo”, l’une des deux prisons de Haute-Corse, avait-il déclaré à une connaissance la veille des faits.

Pendant sa détention, l’accusé a pu se servir d’un téléphone et dans les conversations enregistrées, “il justifiait totalement son geste et ne manifestait aucun regret”, selon les enquêteurs. Il précisait aussi avoir “essayé l’arme, avec le silencieux”, la veille des faits dans son jardin où deux étuis de 9 mm ont été retrouvés, une scène confirmée par les enfants du couple.

Son avocat, Me Antoine Vey, n’a pas souhaité faire de déclarations avant le procès.

Un nombre de féminicides toujours alarmant

Ce 30e féminicide sur les 146 dénombrés en 2019 avait suscité une vive émotion: “Elle n’a pas été suffisamment protégée”, s’était emportée Marlène Schiappa, alors secrétaire d’État à l’Égalité hommes-femmes. Elle a ensuite reçu des associations et proches de victimes de féminicides lui réclamant un “Grenelle” contre les violences conjugales.

Organisé le 3 septembre 2019, le Grenelle a débouché sur 46 mesures dont le déploiement de bracelets anti-rapprochement. Mais les associations restent mitigées sur son effet et regrettent un nombre de féminicides toujours alarmant avec 90 cas en 2020.

3919: le numéro de téléphone pour les femmes victimes de violence

Le “3919”, “Violence Femmes Info”, est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement…). C’est gratuit et anonyme. Il propose une écoute, informe et oriente vers des dispositifs d’accompagnement et de prise en charge. Ce numéro est géré par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).

Ambre Lepoivre avec AFP Journaliste BFMTV

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