Elisabeth Borne mise au défi de contenir la gauche aux élections législatives – Le Monde

Elisabeth Borne pendant la cérémonie de passation de pouvoir à Matignon, le 16 mai 2022.

Pendant la campagne présidentielle, les plus anciens compagnons de route d’Emmanuel Macron s’agaçaient lorsqu’on leur demandait si le premier ministre du futur quinquennat devait de nouveau être une prise de guerre symbolique, à l’image d’Edouard Philippe et de Jean Castex. « Je suis contre, prévenait un proche collaborateur du chef de l’Etat. Cela faisait partie de la stratégie de fracturer la droite. » Cette dernière ayant été abattue au premier tour de l’élection présidentielle, l’heure serait venue de retrouver les voies originelles du macronisme ; celles d’un social-libéralisme à même de repositionner son héraut au centre gauche, ou à tout le moins de retrouver un point d’équilibre qui ne le fasse pas basculer tout à fait à droite.

C’est le message que le locataire de l’Elysée tente de faire passer à travers la nomination d’Elisabeth Borne à Matignon, lundi 16 mai, à un mois d’élections législatives où la menace principale pour les troupes de la majorité se trouve… à gauche, avec l’alliance des « insoumis », des écologistes, des socialistes et des communistes autour de Jean-Luc Mélenchon.

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La nouvelle première ministre, si elle n’a jamais adhéré au Parti socialiste (PS), a en effet travaillé pendant de longues années auprès de personnalités-phares de ce camp, comme Lionel Jospin ou Ségolène Royal. Elle est membre de La République en marche (LRM) et en même temps de Territoires de progrès, un microparti qui se revendique de l’aile sociale-démocrate de la majorité. Pour autant, l’ancienne préfète de Poitou-Charentes ne peut se targuer, à 61 ans, de la moindre expérience électorale. De quoi relativiser le poids politique de la nomination d’une femme qui ne dispose d’aucune écurie à sa disposition.

Une feuille de route claire

Afin de s’assurer une légitimité, Mme Borne a rappelé, lors de la réunion des députés macronistes, mardi, qu’elle sera bien candidate aux législatives, les 12 et 19 juin, dans la 6e circonscription du Calvados. Un territoire a priori favorable, où Emmanuel Macron a obtenu plus de 30 % des voix au premier tour de la présidentielle, loin devant M. Mélenchon (17,65 %). « Je suis aussi en campagne, je le dis, je continue cette campagne. Nous ferons campagne ensemble », a-t-elle assuré aux parlementaires, afin d’obtenir « la majorité la plus large possible », qui permettra d’appliquer le « programme clair et ambitieux » du président de la République.

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Mais c’est surtout par l’agenda de ses premières semaines à la tête du gouvernement que l’ancienne ministre du travail pourra imprimer la marque d’une réorientation du macronisme. Le chef de l’Etat lui a déroulé sa feuille de route dans un message sur les réseaux sociaux : « écologie, santé, éducation, plein-emploi, renaissance démocratique, Europe et sécurité ». Dans l’ordre.

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