Elisabeth Borne annonce que le gouvernement souhaite renationaliser complètement EDF – Le Monde

C’est notamment au titre de la « souveraineté » qu’Elisabeth Borne a fait part, mercredi 6 juillet, de l’intention du gouvernement de renationaliser complètement EDF, lourdement endetté et mis au défi de lancer un nouveau programme nucléaire. « Je vous confirme aujourd’hui l’intention de l’Etat de détenir 100 % du capital d’EDF. Cette évolution permettra à EDF de renforcer sa capacité à mener dans les meilleurs délais des projets ambitieux et indispensables pour notre avenir énergétique », a déclaré la première ministre dans sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale.

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Dix-sept ans après l’ouverture de son capital et son entrée en Bourse fin 2005, l’électricien reste largement public, détenu par l’Etat à près de 84 %, par les salariés, qui en possèdent 1 %, et par des actionnaires institutionnels et individuels pour les 15 % restants. Le groupe est fortement endetté et confronté à de lourdes charges financières, présentes et à venir.

L’énergéticien français a subi des déboires, notamment dans la construction de son nouveau modèle de réacteur, l’EPR, dont l’installation à Flamanville (Manche) enregistre plus de dix ans de retard et dont le coût a quasiment quadruplé. Un problème de corrosion affecte en outre une partie de son parc (douze réacteurs arrêtés sur cinquante-six), ce qui l’a obligé cette année à revoir plusieurs fois à la baisse son objectif de production.

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« Défis colossaux »

En mai, EDF, dont le programme de maintenance a aussi été décalé par la crise sanitaire, estimait ainsi que la baisse de sa production nucléaire prévue en 2022 devrait lui coûter 18,5 milliards d’euros d’excédent brut d’exploitation. Sa situation financière s’est également dégradée avec le « bouclier tarifaire », soit la décision du gouvernement de le contraindre à vendre davantage d’électricité bon marché à ses concurrents, pour contenir la facture d’électricité des ménages et des petits professionnels.

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C’est dans ce contexte que le groupe compte lancer un programme de nouveaux réacteurs nucléaires, dits EPR2, tout en continuant à se déployer dans le solaire et l’éolien. « La transition énergétique passe par le nucléaire », a déclaré mercredi Mme Borne, reprenant la position adoptée dès cet hiver par le président Emmanuel Macron. « Nous devons avoir la pleine maîtrise de notre production d’électricité et de sa performance, a-t-elle ajouté pour annoncer cette renationalisation. « Nous devons assurer notre souveraineté face aux conséquences de la guerre [en Ukraine] et aux défis colossaux à venir. »

Cette annonce se profilait depuis quelque temps déjà. Après l’annonce de mercredi, l’action de l’entreprise bondissait à la Bourse de Paris. Le titre prenait 15,58 % à 9,07 euros vers 17 h 30, dans un marché en hausse de 2,1 %. Avant le discours, le cours était en net recul, de 5 %.

Le Monde avec AFP

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