Élisa, tuée par des chiens dans l’Aisne : pointés du doigt, les chasseurs se défendent – Le Parisien

C’est désormais un juge d’instruction qui va devoir lever le mystère de la mort d’Elisa Pilarski, décédée samedi de « plusieurs morsures de chiens » en forêt de Retz, dans l’Aisne. Ce mercredi soir, le parquet de Soissons a ainsi annoncé l’ouverture d’une information judiciaire « contre X, pour homicide involontaire par maladresse […] ou manquement à une obligation de prudence […] résultant de l’agression commise par des chiens. »

Selon une source proche de l’enquête, il faudra au magistrat a minima plusieurs jours, voire plusieurs semaines, pour obtenir le résultat de tests ADN initialement ordonnés sur 93 chiens. Finalement, ils n’ont été effectués « que » sur 67 animaux : « les cinq chiens du couple », des american staff possédés par Elisa et son compagnon, ainsi que 62 chiens de l’association Le rallye de la passion. Une « rectification » du nombre de prélèvements, selon les mots du procureur, dont on ignore le motif.

Le corps d’Elisa Pilarski, 29 ans, avait été retrouvé samedi vers 15 heures par Christophe, son compagnon. Enceinte de six mois, la jeune femme était partie se promener à la mi-journée non loin du domicile de ce dernier, sur la commune de Saint-Pierre-Aigle (Aisne). Ce mercredi, Christophe a raconté sur BFM comment il avait été appelé samedi vers 13 heures par Elisa. Celle-ci, uniquement accompagnée de Curtis, un jeune american staff, se disait alors « menacée par plusieurs chiens. »

«Dévoré de partout »

Christophe, qui se trouvait à son travail à l’aéroport de Roissy, se rend immédiatement sur place. Alerté par les aboiements de Curtis, c’est lui qui a fait la macabre découverte. « Son corps était au fond du ravin, déshabillé et dévoré de partout », a-t-il décrit. Au même moment, Christophe explique avoir croisé « des cavaliers et des chiens de chasse », dont « une trentaine de chiens sont arrivés sur [lui] », l’obligeant à se mettre « en position de protection. »

Ces chiens, ce sont vraisemblablement ceux du Rallye de la passion, un équipage de chasse à courre du secteur. Spécialisé dans la traque de lapins ou chevreuils, il ne va d’ordinaire en forêt qu’en semaine et le dimanche. Ce samedi, une dérogation aurait été attribuée pour la Saint-Hubert, le patron des chasseurs. L’occasion pour les équipages de célébrer une messe et d’inviter des observateurs extérieurs.

La société de vénerie, qui représente les intérêts des chasseurs à courre, réfute de son côté toute responsabilité, assurant que « le décès aurait eu lieu entre 13 heures et 13h30, avant que la meute ne commence à chasser. »

« Si la meute était en cause, ce serait vraiment étonnant »

Les tests ADN, confiés à un laboratoire privé, devraient donc permettre d’y voir plus clair. Du côté des militants anti-chasse, qui connaissent bien les équipages et leurs pratiques, on s’interroge également. « J’ai été plusieurs fois confronté à une meute, mais jamais menacé par les chiens, admet Armand Farrachi, ancien porte-parole du collectif pour l’abolition de la chasse à courre. En la matière, le danger vient surtout des humains. » « Jamais dans l’histoire les chiens de chasse à courre n’ont agressé une personne humaine », martèle la société de vénerie.

« Si la meute était en cause, ce serait vraiment étonnant », concède Rodolphe, un membre d’Ava, Abolissons la vénerie aujourd’hui. Étonnant, mais « pas impossible non plus », selon le même. Car à travers son réseau national, Ava a par le passé répertorié plusieurs cas de morsures légères. « Le plus souvent, des particuliers qui s’interposent, explique Rodolphe. Une dame s’était notamment fait mordre alors qu’elle voulait protéger son chat, qui a fini dévoré par la meute. »

Plus précisément, Ava a relevé plusieurs cas de morsures subies par des femmes enceintes. « Obéissants les chiens de meute ? J’ai un doute, ironise ce bûcheron croisé en forêt de Retz. J’ai été attaqué une fois alors que j’étais avec mon chien. On s’est réfugié dans la voiture, cernée par la meute. »

« Les maîtres sont souvent loin derrière », complète Pierre, un riverain de Saint-Pierre-Aigle, qui a vu une fois « deux de ses moutons être précipités à l’étang à cause des chiens de chasse à courre. » « Il faut aussi voir qu’on était là dans une chasse au chevreuil, complète un habitué. Contrairement au cerf, où les chiens attendent l’hallali (NDLR : la mise à mort), avec le chevreuil ou le renard, ils dévorent souvent la bête directement. »

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