Elections législatives en Suède : l’extrême droite à son plus haut dans des résultats partiels très serrés – Le Monde

Des partisans du parti Démocrates de Suède célèbrent les résultats partiels des législatives, donnant le meilleur résultat de leur histoire, à Nacka, près de Stockholm, le 11 septembre 2022.

La Suède pourrait basculer dans une nouvelle ère politique. Les élections législatives ont placé, dimanche 11 septembre, la gauche sortante au coude-à-coude avec le bloc inédit entre la droite et l’extrême droite, avec un résultat final qui pourrait se jouer à un ou deux sièges seulement, selon des résultats partiels.

Alors que les sondages de sortie des urnes donnaient une petite avance à la gauche, la droite menée par le chef du parti conservateur des Modérés Ulf Kristersson, appuyée par l’extrême droite des Démocrates de Suède (SD), est désormais en position de l’emporter. Sur la base des voix dépouillées vers 23 h 30 portant sur les trois quarts des bureaux de vote, elle obtiendrait exactement la majorité absolue de 175 sièges, pour 49,7 % des suffrages.

Le camp de la gauche mené par la première ministre sortante, la sociale-démocrate Magdalena Andersson, est lui crédité de 174 sièges, avec 48,8 % des voix, selon le pointage effectué par l’autorité électorale.

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Les Suèdois votaient après une campagne au suspense maximal, dominée par les thèmes de la criminalité et de l’inflation. Jamais, jusqu’à ces législatives, la droite traditionnelle n’avait envisagé de gouverner avec l’appui direct ou indirect du parti SD qui se revendique nationaliste et antisystème.

Une formation longtemps paria

Une longue nuit s’annonce pour clarifier un résultat devenu de plus en plus incertain au fil de la soirée, avec des écarts qui pourraient se jouer à quelques dizaines de milliers, voire milliers de voix. Longtemps paria, la formation d’extrême droite, en franchissant la barre des 20 %, raflerait une deuxième place jamais atteinte, devenant ainsi la première formation d’un nouveau bloc des droites. Elle signe la plus forte progression des huit partis présents au Parlement.

La première ministre Magdalena Andersson, 55 ans, espère, elle, rester au pouvoir en s’appuyant sur un ensemble « rouge-vert », pour un troisième mandat de quatre ans d’affilée pour la gauche. Selon ces résultats partiels, les sociaux-démocrates gardent comme attendu leur première place occupée depuis les années 30, en gagnant des voix (30,4 %). Les conservateurs des Modérés reculeraient eux légèrement et ne seraient plus que le troisième parti, avec 19,0 % des voix.

La campagne a été dominée par des thèmes susceptibles de favoriser l’opposition de droite : criminalité et règlements de comptes meurtriers de gangs, flambée des prix des carburants et de l’électricité, problèmes d’intégration… Mais la solide popularité de Mme Andersson, dont la cote de confiance dépasse celle de son rival conservateur, Ulf Kristersson, ainsi que l’épouvantail de l’extrême droite, plaident en faveur de la gauche.

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Les cinq instituts de sondage donnaient une très légère avance au camp « rouge-vert » dans leurs dernières salves (49,6 % à 51,6 %), contre 47,6 % à 49,4 % pour le total droite/extrême droite, mais tous sont dans la marge d’erreur. Les deux dernières semaines de campagne ont vu le parti d’extrême droite dépasser le parti conservateur des Modérés dans les sondages (autour de 19-21 %), soit un nouveau record.

« Une réelle chance »

Une victoire de la droite appuyée par l’extrême droite serait un changement politique de fond pour la Suède, qui doit prendre la présidence tournante de l’Union européenne le 1er janvier et finaliser sa candidature historique à l’OTAN.

Au QG électoral en banlieue de Stockholm, les militants SD ont jubilé à l’annonce des premières estimations, en agitant leurs drapeaux aux couleurs du parti, puis avec l’espoir de voir les droites prendre l’avantage final.

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En Suède, le poste de premier ministre revient traditionnellement au premier parti de l’alliance victorieuse. Un total de 349 sièges sont attribués à la proportionnelle aux partis réalisant au moins 4 %. Pour être investi, un premier ministre ne doit pas avoir 175 voix ou plus contre lui, mais pas nécessairement une majorité absolue en sa faveur.

« Maintenant nous avons pour la première fois une réelle chance, une réelle possibilité de ne pas être simplement un parti d’opposition mais aussi de faire partie d’un nouveau gouvernement qui mène la politique dans une toute autre direction », a réagi le numéro 2 du parti, Richard Jomshof, au micro de SVT.

Si les Démocrates de Suède espèrent des ministères, les autres partis de droite sont réticents à leur accorder des portefeuilles gouvernementaux, préférant ne s’appuyer sur eux qu’au Parlement. A gauche aussi, la forme exacte d’un exécutif sorti des urnes reste empreinte d’incertitudes, avec des désaccords entre partis de gauche et du centre. Mais selon les politologues, une crise politique semblable à celle qui avait suivi les élections de 2018 – quatre mois pour former un gouvernement – est peu probable, les camps étant mieux délimités.

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Le Monde avec AFP

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