Elections : en Allemagne, un paysage politique émietté, des extrêmes contenus et une victoire disputée entre CDU et SPD – Le Monde

Des partisans du SPD saluent la victoire de leur parti aux élections législatives, à Berlin, le 26 septembre 2021.

Pour cause de soirée électorale, les Allemands ont été privés, dimanche 26 septembre, de leur habituel Tatort. Ils n’ont pas perdu au change. En termes de dramaturgie, le spectacle politique auquel ils ont assisté valait bien leur feuilleton policier dominical. Avec même une dose de suspense en plus : alors qu’à la fin d’un Tatort, on connaît le meurtrier, l’Allemagne s’est couchée, dimanche, sans savoir qui sera son futur chancelier.

A vrai dire, ce n’est pas une surprise. Ces derniers jours, le candidat des conservateurs (CDU-CSU), Armin Laschet, avait rappelé que rien n’interdit à un parti arrivé en deuxième position de chercher à former une coalition. C’est exactement ce qu’il a redit, dimanche, après avoir pris connaissance des premières estimations donnant les sociaux-démocrates (SPD) en tête, à environ 26 %, devant les conservateurs, à 24 %. « Nous allons faire tout notre possible pour constituer un gouvernement dirigé par la CDU-CSU », a déclaré M. Laschet, un peu avant 19 heures, depuis le siège de la CDU, à Berlin, tout en prenant acte d’un « résultat qui n’a rien de satisfaisant ».

Olaf Scholz, le prétendant du SPD à la chancellerie, à Berlin, le 26 septembre 2021, après l’annonce des premiers résultats.

Moins de dix minutes plus tard, à quatre kilomètres de là, Olaf Scholz revendiquait lui aussi la victoire. « Aujourd’hui, un grand nombre d’électeurs ont voté pour le SPD parce qu’ils souhaitent un changement de gouvernement et qu’ils veulent que le prochain chancelier s’appelle Olaf Scholz », a déclaré le candidat des sociaux-démocrates en parlant de lui à la troisième personne depuis le grand hall de l’immeuble du SPD, juste à côté de la statue de l’ancien chancelier Willy Brandt.

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Ce parallélisme ne doit toutefois pas tromper. S’ils sont proches, les résultats du SPD et de la CDU-CSU n’ont pas la même signification politique. Pour les sociaux-démocrates, ces 25,7 %, selon un décompte officiel provisoire annoncé lundi par la commission électorale fédérale, sont un vrai succès puisqu’en 2017, ils n’avaient obtenu que 20,5 % des suffrages. Pour les conservateurs, en revanche, ces 24,1 % sont désastreux : en baisse de 9 points par rapport à 2017 et même de 17 points par rapport à 2013, la CDU-CSU a enregistré, dimanche, le pire score de toute son histoire.

Débandade des conservateurs

Cuisante, cette déroute l’est d’autant plus au vu de certains résultats locaux symboliquement lourds de sens. A Stralsund (Mecklembourg-Poméranie-Occidentale), au bord de la mer Baltique, c’est la candidate du SPD qui l’a emporté dans la circonscription que détenait Angela Merkel depuis trente ans. A Aix-la-Chapelle (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), fief d’Armin Laschet, le candidat de la CDU a été battu par celui des Verts. Dans la Sarre, le ministre de l’économie, Peter Altmaier (CDU), fidèle parmi les fidèles de Mme Merkel, a perdu face à son collègue chargé des affaires étrangères, le social-démocrate Heiko Maas. Dans la même région, la ministre de la défense, Annegret Kramp-Karrenbauer a été mise en échec par son adversaire du SPD. Dans la Hesse, Helge Braun (CDU), le numéro deux de la chancellerie fédérale, a lui aussi été défait par un social-démocrate.

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