
Election présidentielle 2022 : Les Républicains entendent ériger « une digue » contre Eric Zemmour – Le Monde

Les Républicains passent à l’offensive contre Eric Zemmour. Alors que le polémiste d’extrême droite enchaîne les apparitions médiatiques et entretient le flou sur une possible candidature à la présidentielle, plusieurs responsables Les Républicains (LR) haussent le ton et entendent ériger « une digue » contre lui.
C’est en ce sens que le chef de file des députés LR, Damien Abad, a proposé, mercredi 29 septembre, à M. Zemmour un débat. « J’entends ici ou là qu’Eric Zemmour aurait des convictions en partage avec la droite républicaine. Je l’invite à s’y confronter en débattant ensemble », a fait savoir l’élu de l’Ain. « Si Eric Zemmour se rêve en tsunami populiste, Les Républicains seront une digue infranchissable. La France n’a rien à voir avec le pétainisme ou l’extrême droite », a-t-il déclaré dans un communiqué, en estimant que « les Français ont droit à un débat éclairé pour comprendre ce qui différencie la droite républicaine d’Eric Zemmour ». « Vous vous proposez parce que votre patron, Xavier Bertrand, n’ose pas le faire ? » a répliqué ironiquement M. Zemmour sur son compte Twitter.
Cette proposition de débat survient au lendemain de la sortie d’un sondage Harris Interactive* pour Challenges qui accorde 13 % à 14 % de votes à l’essayiste d’extrême droite, au coude-à-coude avec les candidats à droite testés – que ce soit Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse – et à quelques longueurs seulement de Marine Le Pen, créditée de 16 %.
« Je ne partage rien des idées et, entre guillemets, des valeurs qu’Eric Zemmour propose », a de son côté assuré le président LR du Sénat, Gérard Larcher, mercredi matin sur Europe 1. Comme « différences fondamentales », M. Larcher a cité les déclarations de M. Zemmour sur le régime de Vichy qui « a protégé les juifs français », sur son « positionnement » sur les femmes en politique (« J’ai l’impression d’entendre Radio-Kaboul », a-t-il critiqué) ou sur la « confusion entre l’islam et l’islamisme ». Selon lui, « Eric Zemmour est le candidat de l’extrême droite, celle qui refuse de vivre la différence, de vivre la diversité dans les valeurs de la République ».
« Utile au débat public »
« Je n’accepte pas la stratégie d’Eric Zemmour, qui vient de la droite classique mais qui accepte de s’allier avec l’extrême droite », a pour sa part critiqué Valérie Pécresse, candidate à l’investiture de la droite pour 2022. Eric Zemmour propose de fusionner les droites, c’est-à-dire en fait casser ce mur étanche entre extrême droite et droite, ça n’est pas mes valeurs, ça n’est pas ma politique. »
Ces sorties contre le polémiste surviennent après celle, très critiquée à droite, du patron des Républicains, Christian Jacob, qui avait répondu au cours d’une interview sur BFM dimanche que « non » le polémiste n’était ni raciste ni d’extrême droite. Il disait également « plutôt bien s’entendre » avec lui, « partager » avec lui l’idée que « Marine Le Pen est trop décrédibilisé pour pouvoir remporter l’élection présidentielle », et a répété considérer qu’il est « utile au débat public ». « Il dresse un constat que partagent beaucoup de Français », a de son côté estimé le député Eric Ciotti, lui aussi très critiqué pour avoir dit qu’il voterait Eric Zemmour en cas de second tour face à Emmanuel Macron. Mais M. Jacob a toutefois écarté l’hypothèse d’une participation d’Eric Zemmour à la future primaire de la droite car il « n’a rien à faire dans le cadre de notre sélection ».
L’ancien chroniqueur de CNews lâche également ses coups ces derniers jours contre Les Républicains. « Je veux parler aux orphelins du RPR », a-t-il proclamé dimanche, qualifiant LR de « parti de notables centristes » qui a « trahi le général de Gaulle ». Et le lendemain, l’éditorialiste l’assurait sur LCI : « Une partie des hauts dignitaires » LR est « plus près de moi que de Valérie Pécresse. S’ils font dominer les logiques partisanes, ils rejoindront Xavier Bertrand. S’ils font dominer les logiques des idées, tout est possible ».
*Enquête réalisée en ligne du 24 au 27 septembre 2021. Echantillon de 1 379 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 1 048 personnes inscrites sur les listes électorales.