Effectifs policiers, amendes forfaitaires, harcèlement de rue : ce qu’il faut retenir des annonces de Macron sur la sécurité – Le Parisien

C’est à l’ex-hôpital Saint Roch de Nice, site d’un futur « hôtel des polices », que le chef de l’Etat Emmanuel Macron, presque candidat à la présidentielle, a tenu ce lundi à défendre son bilan et ses projets au-delà de 2022 sur la sécurité, sujet au cœur de la campagne. Il a notamment annoncé un projet de loi portant sur 15 milliards d’euros sur cinq ans, présenté en mars prochain aux députés. Effectifs policiers, harcèlement de rues, violences envers les élus : le point sur ses annonces.

« Doubler le nombre de policiers sur le terrain »

Emmanuel Macron a réitéré son objectif de vouloir « doubler les policiers sur le terrain d’ici 2030 », en complément de la création des 10 000 postes de forces de l’ordre depuis le début du quinquennat. Pour parvenir à cet objectif, la loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (Lopmi) mettrait « un terme aux tâches indues », comme la garde des bâtiments publics, le transfert des détenus, la police des audiences, etc. Au total, cela devrait permettre de dégager « 3500 policiers et gendarmes » pour les mettre sur la voie publique.

En outre, Emmanuel Macron a annoncé une accélération du dégagement des policiers et gendarmes des tâches administratives. « Il n’y aura plus, a-t-il dit, à compter de 2023 un seul de ces personnels actifs dans les fonctions de contrôle administratif à nos frontières ou de gestion des centres de rétention administrative (CRA) ». « Cela nous permettra de remettre pas moins de 3000 agents sur la voie publique », a-t-il estimé. Selon des sources concordantes, par exemple, il n’y aura plus de policiers dans l’aéroport de Roissy ni dans celui d’Orly pour contrôler les passeports, mais des personnels administratifs.

Des brigades en milieu rural et une police des quartiers

Emmanuel Macron a également annoncé la création de 200 brigades de gendarmerie en milieu rural et d’une « force d’action républicaine pour les quartiers » afin de « sécuriser » ces quartiers et d’ « aider à démanteler » les points de deal. « On va créer 200 brigades de gendarmerie en milieu rural qui pourront prendre la forme de nouveaux types d’implantations avec des expérimentations qui vont être lancées dans plusieurs départements », a indiqué le président, « pour remettre de la tranquillité dans les quartiers les plus ruraux ».

Il a également annoncé la création d’une « force d’action républicaine pour les quartiers », soit « une force d’action qui, dans les quartiers qui connaissent des difficultés, va nous permettre de projeter pendant plusieurs mois des forces de sécurité dédiées qui vont venir sécuriser le quartier, aider à démanteler les principaux points de deal », a-t-il précisé. Selon des sources concordantes, cette « force interministérielle », composée de policiers, d’officiers de police judiciaire (OPJ), de fonctionnaires des finances, mais aussi de personnels éducatifs, de travailleurs sociaux, accompagnera « les préfets, dans des territoires exposés à une flambée de violence ou à un trafic de drogue important ».

Les amendes forfaitaires généralisées

Le chef de l’Etat a également annoncé une généralisation des amendes forfaitaires délictuelles (AFD) pour les délits sanctionnés par des peines inférieures à un an de prison. Il a expliqué que cette généralisation de l’AFD, utilisée notamment pour lutter contre la consommation de stupéfiants, était « un élément de simplification » qui permettra aux « magistrats de se concentrer sur les affaires plus importantes ».

Deux fois plus d’enquêteurs sur les violences intrafamiliales

Alors que l’année à peine entamée a déjà été marquée par plusieurs féminicides, le chef de l’Etat a par ailleurs annoncé le doublement en 5 ans des enquêteurs dédiés aux violences intrafamiliales, portant le nombre à 4000 enquêteurs.

Harcèlement de rue : l’amende triplée

Emmanuel Macron a déclaré vouloir tripler à 300 euros l’amende pour harcèlement de rue, un acte qui sera qualifié de « délit », et entend doubler la présence policière dans les transports, dans le cadre d’une future loi sur la sécurité (Lopmi). Dans cette nouvelle loi – qui ne pourrait être votée qu’après 2022 – le chef de l’Etat a expliqué vouloir « doubler la présence policière dédiée dans les transports en commun aux horaires où les agressions sont le plus constatées ».

L’agression « intolérable » d’un élu

Emmanuel Macron a aussi dénoncé l’agression « intolérable » et inacceptable » du député Stéphane Claireaux (LREM) de Saint-Pierre-et-Miquelon, visé dimanche par des projectiles devant son domicile par des manifestants contre le passe sanitaire. « Nous avons vu l’intensification des violences » contre les élus, a déploré le chef de l’Etat, en évoquant la possibilité de recueillir les plaintes sur le terrain pour certaines victimes, dont les femmes victimes de violences conjugales et les élus agressés.

Et le bilan ?

« Nous avons ces cinq dernières années, conformément à l’engagement que j’avais pris, réinvesti dans notre sécurité », avait-il auparavant lancé, rappelant les 10 000 créations de postes dans les forces de l’ordre depuis 2017. Il a aussi déclaré avoir « réinvesti pour lutter contre l’immigration illégale » et contre la radicalisation et « mené une action nouvelle contre la drogue » avec la création d’un organisme central pour lutter contre les trafics et les points de deal.

Il a aussi cité « trois milliards et demi d’augmentation du budget du ministère de l’Intérieur ». Le bilan d’Emmanuel Macron sur ces sujets « régaliens » est présenté comme « un échec » par ses opposants, dont la candidate LR Valérie Pécresse qui a annoncé jeudi son intention de « ressortir le Kärcher » pour « nettoyer les quartiers ». Son lieutenant Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, a par ailleurs boycotté l’événement, accusant le chef de l’Etat de faire un déplacement de campagne sur les deniers publics.

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