Éducation : l’iPad se fait piquer sa place par les Chromebook – iGeneration

N’en déplaise à Phil Schiller, qui avait attaqué avec virulence les Chromebook en novembre, ces petits ordinateurs portables bon marché taillent des croupières à l’iPad depuis plusieurs années dans le secteur de l’éducation.

Le changement de direction de Fraser Speirs, un enseignant britannique qui a remplacé l’année dernière tous les iPad de ses élèves par des Chromebook, s’apparente à une leçon, voire un blâme, pour Apple. Ça l’est d’autant plus que Fraser s’était fait une spécialité des outils éducatifs de la Pomme, dont il partageait fréquemment l’expérience. Et celle-ci était de moins en moins bonne.

Image d’illustration Linux Journal (CC BY)

Fraser Speirs avait introduit l’iPad dès 2010 dans sa petite école, où chaque élève dispose de son propre appareil. En 2013, l’iPad de 1re génération était remplacé par l’iPad 4, lui-même remplacé par l’iPad Pro 9,7″ en 2016. Mais trois ans plus tard, ce n’est pas une nouvelle tablette Apple que les écoliers ont entre les mains, mais des Chromebook.

Le professeur explique dans un long billet de blog publié l’été dernier que cette bascule a été motivée par plusieurs raisons. D’une part, pour des motivations économiques. Pour bénéficier de Chrome OS, une large gamme de modèles (Samsung, Acer, HP, etc.) est mise à disposition des établissements scolaires, et ce, à différents prix. Google impose uniquement des frais de gestion à hauteur de 30 $.

De plus, la suite d’outils G Suite et la plateforme Classroom sont fournis gratuitement aux étudiants. Une offre qui fait potentiellement pencher la balance quand on sait que plusieurs écoles américaines disposent d’un budget limité.

Par exemple, depuis qu’elles ont opté pour Google, les écoles de Chicago économisent environ 1,6 million de dollars par an en gestion des messageries électroniques. « Nous allons économiser 56% du budget actuel pour l’iPad et j’espère pouvoir utiliser cette somme pour proposer d’autres initiatives aux élèves », indique pour sa part Fraser Speirs.

« Quand, j’ai réalisé que je pouvais acheter 1,8 Chromebook neufs pour le coût d’une réparation d’iPad, j’ai commencé à réfléchir sérieusement à ce que nous devions faire », ajoute-t-il.

Mis à rude épreuve, les écrans des iPad s’endommagent rapidement, contrairement aux concurrents qui sont principalement sous forme de laptop avec claviers. Les chargeurs des iPad s’abîment aussi relativement vite et les réparations coûteuses s’enchainent. Remplacer un écran d’iPad hors garantie coûte plus de 300 €.

Ce n’est pas un hasard si Apple a doté en septembre l’iPad 7 du Smart Connector : il s’agit de faciliter autant que possible l’ajout d’un clavier — un périphérique jugé indispensable par de nombreuses écoles — à l’iPad.

Aussi, un fossé s’est creusé entre les deux géants en matière d’application. Fraser Speirs regrette qu’iTunes U soit visiblement mis de côté, alors Google Classroom ne cesse de convaincre. Il est également plus simple pour les étudiants de stocker leurs documents, collaborer et envoyer des devoirs depuis leurs adresses Gmail. À en croire la société, au États-Unis 30 millions d’écoliers utilisent les applications Gmail et Docs.

Les apps “En classe” et “Pour l’école” d’Apple.

Depuis la mise en place de son application « Pour l’école » la Pomme montre néanmoins sa volonté de revenir dans la compétition. La capacité de stockage d’iCloud à même été augmenté à 200 Go au lieu des 5 Go habituels pour l’offre destinée à l’enseignement.

Pour se faire une place sur ce marché, Google a multiplié les opérations séduction. Google offre des espaces de collaboration en ligne pour permettre aux professeurs d’échanger sur l’intégration de ses produits dans les programmes éducatifs. L’entreprise met aussi les professeurs à l’honneur via des certificats qui reconnaissent ceux « ayant recours aux technologies pour résoudre les grands défis de l’enseignement.»

Une stratégie qui paie, puisqu’en agrandissant son réseau d’enseignants partenaires, ceux-ci sont devenus les meilleurs communicants de la société. Dans des tweets et autres billets de blog, ils ne tarissent pas d’éloges sur les Chromebook en classe, invitant leurs confrères à suivre le mouvement.

En témoignent les chiffres. En 2016, les Chromebook représentaient 58 % des appareils mobiles expédiés dans les écoles primaires et secondaires aux États-Unis.

Image : New York Times

Du côté d’Apple, on vante aussi ses produits tant bien que mal. Pour Phil Schiller il faut des outils à la « fine pointe de la technologie » pour pallier le manque de motivation des étudiants. Comprenez des iPad et non pas des Chromebook.

Toutefois, les Chromebook semblent s’être trouvés une cible idéale. Facilement verrouillables à distance, le corps enseignant les préfère car il est plus simple d’en limiter l’accès à internet pendant les examens. Ce qui n’est pas le cas avec les iPad : les élèves ont su contourner le contrôle parental/restriction scolaire en quelques manipulations…

Reste à savoir si les prochaines générations d’iPad parviennent à inverser la tendance.

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