Edouard Philippe sort sa carte «enfants» bien plus souvent qu’il ne le prétend – Libération

Edouard Philippe est un homme de sacrifice, prête à trahir ses principes pour la cause. Jeudi, lors de sa conférence de presse au sujet du déconfinement, le Premier ministre a ainsi évoqué le cas de sa progéniture. Oh mais il ne l’a pas fait de gaieté de cœur, non non. Interrogé sur ses intentions concernant le renvoi à l’école de ses enfants, le chef du gouvernement a d’abord répondu : «Je n’ai pas l’habitude de parler de mes enfants en public.» Puis il a délayé, détaillant les cas de ses grands, l’un au collège, l’autre au lycée, puis expliquant notamment au sujet de sa petite dernière en CM1 : «Si elle peut y aller, je préférerais qu’elle y aille.» Pas mal pour quelqu’un qui «n’a pas l’habitude de parler de [ses] enfants en public».

A vrai dire, même s’il prétend le contraire, Edouard Philippe est rompu à l’exercice. Comme l’a noté un journaliste du Huffington Post, le Premier ministre avait évoqué tout seul, sans qu’on le lui demande, le cas de sa fille, le 13 mars sur TF1. Avant le confinement, juste après l’annonce d’Emmanuel Macron de la fermeture des écoles, il avait indiqué que cette période ne devait pas être considérée comme des vacances. «Je ne vous cache pas que ma fille quand elle a appris qu’elle n’avait pas école lundi, elle a pensé qu’elle était en vacances», avait-il lancé à un Jean-Pierre Pernaut pour le coup assez calme.

Ecologie et Polanski

Autre exemple, cette fois concernant la culture. En novembre dernier, il y a des siècles, la France se divisait entre ceux qui refusaient d’aller voir le nouveau film de Roman Polanski et ceux qui souhaitaient au contraire se rendre en salles pour admirer l’œuvre. Edouard Philippe était de ceux-là. «Je vais aller le voir avec mes enfants», avait-il indiqué sur France Inter.

Il ne parle donc pas de ses enfants en public mais il en parlait dans Paris Match l’an dernier. L’hebdomadaire avait suivi pendant plusieurs jours le Premier ministre et avait notamment évoqué avec cet ancien d’Areva l’urgence écologique. «Sur ce terrain, l’ancien lobbyiste d’Areva montre même qu’il veut bien (un peu) ouvrir son cœur et confie que ce sont ses trois enfants (Anatole, 16 ans, Léonard, 14 ans, et Sarah, 8 ans) qui le “challengent”. “Papa” Philippe en entend donc des vertes et des pas mûres à la maison, semble-t-il, sur les “capacités” de son gouvernement à régler cette question centrale», écrivait alors Match.

Dernier exemple, datant de 2017 et après qu’Emmanuel Macron a surpris son monde en parlant du «bordel» que mettaient selon lui certains manifestants. «Il se trouve que par ailleurs il lui arrive, comme il m’arrive, comme il vous arrive sans doute… vous vous laissez aller, vous dites quelque chose qui relève de l’ordre du gros mot. En général quand ça m’arrive, ma fille, qui a 7 ans, me dit que je ne devrais pas le faire», défendait alors Edouard Philippe sur Europe 1, décidément très avare en anecdotes familiales.

Extrait de Chez Pol, notre newsletter politique quotidienne réservée aux abonnés)
Sylvain Chazot

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