Edouard Philippe : « Je n’ai pas peur de réfléchir à l’idée de quotas » en matière migratoire – Le Monde

Le premier ministre a lancé lundi à l’Assemblée nationale un débat sur l’immigration, voulu par Emmanuel Macron. Il a également évoqué un possible durcissement de l’accès à la naturalisation.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 16h46, mis à jour à 18h28

Temps de Lecture 3 min.

Le premier ministre, Edouard Philippe, a ouvert le débat.

C’est un thème hautement sensible qui divise jusque dans la majorité : quel cap pour la politique migratoire de la France ? Edouard Philippe a apporté quelques éléments de réponse lors d’un débat sans vote à l’Assemblée nationale, lundi 7 octobre, comme voulu par Emmanuel Macron.

Le premier ministre a affirmé qu’il n’a « pas peur de réfléchir à l’idée de quotas » en matière migratoire, en particulier dans le domaine professionnel. « S’agissant de l’immigration professionnelle », il faut « avoir une approche pragmatique en relation avec nos besoins de main-d’œuvre », a-t-il déclaré, en référence à une catégorie qui concerne près de 34 000 personnes en France.

« Il faut lutter contre les abus et les fraudes »

« Les quotas ne peuvent pas s’appliquer à l’asile ni à l’immigration familiale », domaines sanctuarisés par des textes européens, a reconnu le premier ministre. Il a toutefois souligné que cette dernière catégorie « ne saurait échapper à toute maîtrise (…). Il faut lutter contre les abus et les fraudes, et resserrer les critères là où cela s’impose ».

Ce faisant, le premier ministre a ouvert la voie à un durcissement possible de cette immigration familiale, qui a concerné quelque 90 000 personnes en France en 2018, dont environ 12 000 pour le regroupement familial. « Nous nous sommes par ailleurs fixé des objectifs ambitieux d’accueil d’étudiants », a encore ajouté M. Philippe.

Par ailleurs, il a également évoqué un possible durcissement de l’accès à la naturalisation, qui concerne 60 000 personnes par an environ. Il a ainsi affirmé que son gouvernement se penchait sur les « critères que nous nous donnons pour vérifier le niveau de langue française des candidats ». « Je pense qu’il faut relever ce niveau », a-t-il dit.

Après le coup d’envoi de ce débat à 16 heures par Edouard Philippe se sont exprimés Jean-Yves Le Drian, pour les affaires étrangères, Christophe Castaner, pour l’intérieur, et Agnès Buzyn, pour la santé.

Les orateurs des différents groupes politiques, dont Marine Le Pen (Rassemblement national) et Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), doivent prendre ensuite la parole pendant plus de deux heures et demie, et les ministres leur répondront. Un débat similaire aura lieu au Sénat, mercredi.

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Souhait d’un débat « dans des conditions apaisées »

Depuis plusieurs mois, le président de la République, Emmanuel Macron, insiste sur ce thème de l’immigration, persuadé que la présidentielle de 2022 se jouera sur les sujets régaliens et qu’il se retrouvera à nouveau face à Marine Le Pen :

« Si nous n’avons pas le courage de regarder en face la demande de maîtrise exprimée par tous nos concitoyens (…), nous ne serions pas lucides. »

« Je pense que nous avons loupé ces dernières années l’intégration telle que nous aurions dû la réussir », a jugé lundi Christophe Castaner. Quant au ministre des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, il met en avant que le gouvernement revendique de lancer ce débat « dans des conditions apaisées » et non « en période de crise ».

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Le Pen dénonce la « politique d’immigration laxiste »

Peu avant l’ouverture du débat, Marine Le Pen avait lancé sa conférence de presse sur un refrain de victoire. « La thématique de l’immigration s’est invitée… Pardon, s’est imposée par la force des urnes et le poids du vote national. Nos électeurs voient là l’efficacité de leur vote. » Regrettant de ne disposer que de cinq minutes de temps de parole à la tribune sur les quatre heures de débat prévues, la présidente du Rassemblement national (RN) a déroulé les propositions de son parti, comme la fin du droit du sol ou le remplacement de l’aide médicale de l’Etat (AME) par l’« AMU » (« aide médicale urgente »), où seuls les soins d’urgence vitale seraient assurés.

Marine Le Pen a également, de nouveau, fait le lien entre immigration et terrorisme, en évoquant la tuerie de la Préfecture de police de Paris et le « danger islamiste (…) mortel que le gouvernement aggrave chaque jour davantage avec sa politique insensée d’immigration », renouvelant son appel à la démission du ministre de l’intérieur Christophe Castaner.

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