Édouard Philippe : « J’ai décidé d’être candidat à la mairie du Havre comme tête de liste » – Paris-Normandie

En septembre dernier, dans Paris-Normandie, vous annonciez à propos des Municipales que vous feriez connaître votre décision en janvier. Nous sommes fin janvier. Votre décision est-elle prise et quelle est-elle ?

Édouard Philippe : « Ma décision est prise. Je l’ai mûrie comme toute décision importante. J’ai décidé d’être candidat à la mairie du Havre comme tête de liste. Je veux conduire une liste constituée de Havraises et de Havrais venant de tous les horizons, libres vis-à-vis des appartenances partisanes. Notre équipe sera rassemblée autour d’un projet ambitieux, fidèle à l’esprit de ce que j’ai engagé à partir de 2010 à la suite d’Antoine Rufenacht, pour poursuivre la transformation du Havre et continuer à rendre les Havrais fiers de leur ville. »

Hormis votre amour de la ville, du port et de la mer plusieurs fois exprimé déjà, quels sont les éléments principaux qui ont motivé votre décision ?

« Beaucoup m’ont encouragé à étudier des candidatures à Bordeaux et à Paris… C’était évidemment flatteur, mais je n’ai jamais envisagé un engagement politique ailleurs qu’au Havre. C’est la ville que j’aime. C’est là que sont mes attaches. C’est la ville où est né mon engagement politique et que je veux continuer à transformer. C’est ici et nulle part ailleurs que je veux me confronter au suffrage universel. »

Dans une démocratie, le fondement de la légitimité, c’est l’élection.

Cette confrontation au suffrage universel est capitale pour vous ?

n « Oui c’est capital. Dans une démocratie, le fondement de la légitimité, c’est l’élection. Proposer aux Havraises et aux Havrais un projet pour six ans, obtenir leur confiance, tout cela est indispensable si l’on veut faire bouger les choses. »

Pour la réunion de lancement de la campagne, ce vendredi soir au Havre, le carton d’invitation porte plusieurs noms, dont celui d’Antoine Rufenacht, qui a fait savoir qu’il n’était pas disponible. En juillet dernier, il avait dit que vous seriez le maire dont Paris a besoin. Regrettez-vous son absence ?

n « Chacun connaît le lien indéfectible que j’ai avec Antoine Rufenacht. J’ai déjeuné très récemment avec Antoine et nous nous sommes très longuement parlé. Il a accepté d’être sur ce carton d’invitation pour montrer que nous nous inscrivons dans la même logique. Une logique de rassemblement, d’ouverture et de transformation qu’il a portée et incarnée pendant longtemps. Il m’a indiqué très tôt que ce jour-là [31 janvier, Ndlr] était peu pratique pour lui pour des raisons familiales. Au cours de la campagne, chacun aura l’occasion de constater que nous sommes, comme toujours, très soucieux d’avancer ensemble. »

En septembre dernier, à l’issue d’un séminaire gouvernemental, vous avez fixé une règle très claire à vos ministres qui seraient candidats aux municipales, leur disant qu’en cas de victoire, ils devraient choisir entre leur mairie et leur ministère. Cette règle s’applique-t-elle au Premier ministre ?

« Bien sûr. »

« Servir son pays est une mission et un honneur »

En cas de victoire, vous quitterez donc vos fonctions à Matignon.

« Je suis transparent avec les Havraises et les Havrais. J’ai été maire avant d’être Premier ministre, et ma plus grande ambition est de le redevenir dès que la mission confiée par le président de la République s’achèvera. Servir son pays est une mission et un honneur. S’engager pour sa ville, c’est un enracinement et un engagement de long terme. Pour l’instant, je remplis la mission que m’a confiée le Président et je le fais du mieux que je peux. Mais je le dis clairement aux Havraises et aux Havrais : lorsque cette mission s’achèvera, s’ils me font confiance, mon ambition est de redevenir maire du Havre. »

Très concrètement, au soir du 22 mars, dans l’hypothèse où vous seriez élu, que se passe-t-il ?

« Si les Havrais me font confiance, d’abord j’en serai très heureux parce que je ne fais pas partie de ceux qui pensent que les résultats d’une élection sont acquis d’avance. Et si le président de la République continue à m’accorder sa confiance, je continuerai à remplir ma mission de Premier ministre parce qu’on ne se dérobe pas quand il s’agit de servir son pays. Dans ce cas-là, le maire que je proposerai à l’élection au conseil municipal sera Jean-Baptiste Gastinne, qui a toutes les qualités nécessaires, qui exerce cette fonction depuis l’an dernier et en qui j’ai toute confiance. Je le dis très clairement aussi pour écarter toutes les hypothèses : le jour où ma mission s’achèvera à Matignon, je souhaite, si les Havrais me font confiance évidemment, redevenir maire parce que c’est là que je veux continuer à m’investir, parce que je veux que Le Havre poursuive sa transformation. C’est cela l’essentiel ! C’est important de parler des individus, mais il est encore plus important de parler de la ville. »

« Les commentateurs commenteront, ils adorent cela »

Comme Tourcoing avec Gérald Darmanin qui a annoncé sa candidature, est-ce que Le Havre a vocation à devenir une forme de symbole alors qu’on voit bien, dans les sondages, que la majorité aborde ces élections municipales avec des difficultés ?

« Certains essaieront de tirer des élections du Havre des leçons nationales. Pour ma part, je vais faire campagne sur mon programme, sur l’équipe que je conduis et sur la vision que j’ai pour la ville. Les commentateurs commenteront, ils adorent cela… Ce n’est pas mon sujet. Je veux parler du Havre et de ce que je veux faire pour la ville. »

Quel sera l’élément clé de votre programme ?

« Comptez sur moi pour proposer aux Havraises et aux Havrais un programme ambitieux. »

Nos concitoyens ne veulent surtout pas de responsables politiques hors-sol. Je suis heureux de pouvoir me confronter à nouveau au suffrage universel.

Comment faire campagne au Havre tout en étant Premier ministre et en conduisant les affaires de l’État ?

« Cela exige de faire les choses sérieusement. Tout le monde sait que je suis Premier ministre et tout le monde sait que le suffrage universel est important. La vie d’une démocratie est rythmée par les campagnes électorales, et, pour ma part, je m’en réjouis. En me déclarant fin janvier, après avoir présenté en Conseil des ministres un projet de loi important [la réforme des retraites, Ndlr], je me place dans une situation où la campagne va durer sept semaines. C’est court, et je le ferai d’une manière qui me permettra de remplir mes obligations à Paris tout en menant une campagne intense au Havre. Nos concitoyens ne veulent surtout pas de responsables politiques hors-sol. Je suis heureux de pouvoir me confronter à nouveau au suffrage universel et je pense que c’est très sain. »

Votre décision de vous présenter a-t-elle été motivée, par ailleurs, par la volonté de maintenir la cohésion de la majorité havraise puisqu’on le sait, une non-candidature de votre part aurait sans doute fait naître des ambitions ?

« La question ne se pose pas puisque je suis candidat. J’entends bien mener une liste rassemblée, ouverte et renouvelée. Le moment venu, je la présenterai. Et vous verrez qu’elle sera intéressante. »

Quatre autres candidats en lice

À ce jour, Édouard Philippe est le cinquième candidat à s’engager dans la campagne des élections municipales au Havre. Le Premier ministre et ancien maire de la ville, où il fut élu pour la première fois en 2001 dans l’équipe d’Antoine Rufenacht avant de remporter les élections de 2014 au premier tour (52   % des voix), croisera le fer avec Jean-Paul Lecoq, député communiste et ancien maire de Gonfreville-l’Orcher (1995-2017), Alexis Deck, candidat Europe Ecologie-Les Verts (allié au Parti socialiste et à Place publique), Béatrice Canel-Depitre, candidate du Parti animaliste, et Frédéric Groussard, candidat pour le Rassemblement national.

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