Écoles, transports, travail… Nos réponses à vos questions sur les coupures d’électricité – BFM Business

Le gouvernement a dévoilé son plan de crise pour faire face à d’éventuelles coupures d’électricité au mois de janvier 2023. Concrètement, à quoi doivent s’attendre les Français? Comment sera affecté leur quotidien?

Le scénario des coupures d’électricité devient de plus en plus réel. Le risque que le réseau soit mis sous tension, pendant l’hiver et en particulier au début de l’année 2023, est en effet jugé élevé par le gestionnaire de réseau de transport d’électricité (RTE). En cause, un retard, estimé à environ deux semaines, de disponibilité du parc nucléaire, qui pourrait, couplé à une météo défavorable, entraîner de fortes difficultés sur le réseau.

Pour faire face à ces tensions, RTE et le gouvernement ont confirmé que des délestages tournants, organisés et temporaires, qui consistent à débrancher des zones entières du territoire, pourront être mis en place. Mais, avec cette possibilité, de nombreuses questions se posent pour les Français: comment seront organisées ces coupures, sur quelles zones s’appliqueront-elles, qui sera exempté, les transports et les écoles pourront-ils rester ouverts?

• Dans quels cas seront-elles programmées?

En cas de tensions rencontrées sur son réseau électrique, RTE émettra d’abord une alerte “pour appeler les entreprises, les collectivités et les citoyens à réduire leur consommation d’électricité, entre 8h et 13h et entre 18h et 20h”, explique le gouvernement sur une page dédiée de son site.

Dans ce cas, les préfets devront “réunir sans délai les services de l’Etat et les principaux acteurs publics et privés” des départements concernés par ces tensions afin d’inciter les acteurs locaux à réduire leur consommation électrique.

En cas de mobilisation suffisante, le risque de coupure pourra être écarté. En revanche, si ces dispositions de prévention ne parviennent pas à améliorer la situation, deux ou trois jours après la première alerte, RTE pourra demander aux distributeurs de réaliser des coupures localisées et temporaires.

• Comment seront prévenus les Français?

Les autorités misent sur le dispositif d’alerte Ecowatt pour informer les Français. Un signal d’alerte rouge préviendra de coupures inévitables si la consommation ne baisse pas après l’émission d’une alerte. Un site a été créé pour prévenir en temps réel de la situation. Après avoir enregistré son numéro de téléphone ou son adresse mail, Ecowatt préviendra des risques de coupure et indiquera les écogestes les plus efficaces et le moment pour les appliquer.

Une application Ecowatt est également disponible sur l’Apple Store et sur le Google Play Store. En la téléchargeant, des notifications seront envoyées directement sur son smartphone.

• Combien de temps à l’avance?

Les habitants des zones géographiques concernées par ces tensions auront un peu de temps pour s’organiser. Ils seront d’abord notifiés du déclenchement d’une alerte Ecowatt rouge. Ensuite, entre l’émission de cette alerte et l’éventuelle mise en place d’un délestage, trois jours se passeront. Les coupures seront alors confirmées, la veille, aux alentours de 17 heures.

Le site Ecowatt affichera une carte des départements potentiellement concernés vers 21h30 et les utilisateurs pourront entrer leur adresse postale afin de vérifier leur situation personnelle.

· À quel moment de la journée et combien de temps?

Selon RTE, ces coupures devraient avoir lieu aux heures de pointe, le matin entre 8 et 13 heures et le soir entre 18 et 20 heures. Les coupures dureront pendant deux heures d’affilée au maximum.

• Qui sera concerné?

Les coupures seront “ciblées par zone géographique de 2000 clients en moyenne (foyers et professionnels) alimentés par une même ligne électrique”, indique le gouvernement sur son site, soit l’équivalent d'”un quartier en ville et jusqu’à plusieurs communes en milieu rural”. “Plusieurs lignes électriques, réparties sur le territoire, sont concernées simultanément”.

“Mais ce ne sera pas lié aux départements dans lesquels il fait le plus froid, les coupures seront réparties et lissées”, selon une source gouvernementale.

• Y aura-t-il des exceptions?

Les autorités ne débrancheront pas les hôpitaux ou les prisons. Les zones comprenant des sites considérés comme “sensibles” comme les casernes de pompiers, les postes de police ou de gendarmerie, les établissements pénitentiaires et hospitaliers ainsi que les sites industriels à risque ou présentant un intérêt pour la défense nationale, ne seront pas concernées par ces délestages.

Les Français vivant dans une zone qui dessert un de ces sites seront “exemptés de coupures”. Mais seule une minorité de personnes seront dans ce cas.

• Les écoles seront-elles concernées?

Les établissements scolaires en revanche ne dérogeront pas à la règle.

“Les écoles se situant dans un secteur concerné par un délestage le matin n’accueilleront pas les enfants pour l’ensemble de la demi-journée”, précise Matignon dans sa circulaire adressée aux préfets.

Ces fermetures ponctuelles obligeront les parents à télétravailler (si leur domicile n’est pas situé dans la zone de délestage), poser un congé ou trouver un mode de garde d’urgence.

Quant aux transports scolaires, ils seront adaptés en conséquence, en lien avec les collectivités locales.

• Quel sera l’impact sur les transports?

L’alimentation des trains ne subira pas de coupures d’alimentation. En revanche, la signalisation pourrait être affectée. Dans ce cas, pour ne prendre “aucun risque”, la circulation dans les zones de délestage sera coupée.

Il sera aussi déconseillé aux automobilistes de prendre le volant dans les zones sans électricité puisqu’il risque de ne pas y avoir de signalisation.

·Les stations-essence fonctionneront-elles?

Quant aux stations-essence, elles se mettront automatiquement à l’arrêt en cas de coupures, obligeant les automobilstes à prévoir le coup et/ou à s’approvisionner en dehors de la zone concernée.

• Qu’en sera-t-il du réseau téléphonique?

Les antennes-relais n’échapperont pas aux coupures. Résultat: il sera impossible de passer des appels téléphoniques sur les zones de délestage.

Néanmoins, le gouvernement veut faire de la possibilité de joindre les services d’urgence “une priorité”. “RTE, Enedis, les ELD (entreprises locales de distribution, NDLR) et les opérateurs de téléphonie travaillent actuellement pour maintenir au maximum l’accès au numéro d’urgence 112 en cas de coupure organisée”, précise-t-il dans sa foire aux questions en ligne.

“Dans les cas où le 112 ne pourrait pas fonctionner, d’autres dispositifs seront mis en place par les préfets (ex : îlot de sécurité, patrouilles renforcées, etc.)”, tente de rassurer l’exécutif.

· Que se passera-t-il pour les personnes soignées à domicile?

Quant aux personnes soignées à domicile, sous assistance respiratoire par exemple, elles seront suivies et prises en charge spécifiquement.

“Les patients à haut risque vital, soignés à domicile, sont déjà identifiés par l’Agence régionale de santé et les gestionnaires de réseaux d’électricité (Enedis et les ELD)”, indique le gouvernement.

En cas d’alerte rouge Ecowatt, elles seront contactées par les gestionnaires de réseaux électriques. Ces derniers, en lien avec les Agences régionales de santé (ARS), devront vérifier que ces patients ont “une alimentation électrique autonome et suffisante supérieure à deux heures”.

Si ce n’est pas le cas, les préfets et les services de secours pourront organiser leur évacuation dans l’établissement de santé le plus proche.

·La téléassistance des personnes âgées fonctionnera-t-elle?

Le service de téléassistance désigne l’émetteur-récepteur que certaines personnes portent autour du cou ou du poignet afin d’être mis en relation avec un proche ou des secours à tout moment. Pas de panique, ils devraient continuer à fonctionner malgré les opérations de délestage. Ils sont en effet équipés d’une batterie de secours qui pourra prendre le relai.

·Les portes des bâtiments gérées par un système électrique fonctionneront-elles?

L’électricité sert en général à maintenir la porte fermée. Il devrait donc être possible d’entrer et sortir librement dans les immeubles, a assuré Lisa Hadef à l’antenne de BFMTV.

Sans compter qu’il y a souvent une alternative pour ouvrir la porte manuellement comme un petit loquet. Sur toutes les portes aux normes, un déclencheur manuel doit permettre d’ouvrir manuellement la porte, notamment en cas de coupures de courant.

·Y aura-t-il plus de risques de cambriolages?

Les coupures de courant pourraient bien faciliter la tâche des cambrioleurs. En revanche, il n’y a pas d’inquiétude à avoir concernant la couverture des victimes. Car si les portes et les fenêtres doivent être fermées et les alarmes activées pour que les souscripteurs d’une assurance aient droit à un dédommagement, il y aura une exception en cas de coupures programmées par le gouvernement. D’autant que les assureurs pourront facilement vérifier si l’alimentation électrique du domicile a été interrompue et à quelle heure.