Ecole pour tous le 22 juin : “Ça va être un sacré binz”, les directeurs face à un nouveau casse-tête – Sud Ouest

Après l’annonce d’un retour à la normale dans les écoles lundi prochain, des directeurs d’établissement se disent à nouveau “face à un casse-tête” pour accueillir tous les élèves avec un protocole qui “met toujours des bâtons dans les roues”.

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“Comment on oblige les familles à revenir ?”

“L’idée de rouvrir intégralement les écoles est une très bonne chose sur le fond car les enfants en ont besoin, les enseignants aussi. Mais sur la forme, le protocole qui maintient un mètre latéral de distance entre chaque enfant nous met de nouveau face à un casse-tête”, regrette Olivier Flippo, directeur d’une école élémentaire dans le Val-d’Oise.

“Et au final, ce sont les parents qui vont être déçus et cela va nous mettre nous directeurs en porte-à-faux avec eux, c’est dommage”, ajoute cet enseignant syndiqué au SE-Unsa. Il s’interroge aussi sur le caractère de nouveau obligatoire de l’école : “comment on oblige les familles à revenir ? Elles se sont potentiellement organisées autrement”, soulève-t-il, pariant sur le fait que “l’intégralité des élèves ne reviendra pas”.

“Ça va être un sacré binz”

“Je comprends que le Président Macron avait besoin de l’affichage politique hier soir en annonçant la bonne nouvelle du retour à la normale dans les écoles, mais derrière, c’est vraiment à nous de ramer avec un protocole qui met toujours des bâtons dans les roues”, dit un directeur d’une école maternelle à Paris ayant souhaité garder l’anonymat.

Selon lui, cette nouvelle organisation va être dans certains établissements, “un sacré binz” à gérer. “D’habitude je suis serein mais là je suis un peu dans l’expectative car je sais qu’une des maîtresses ne pourra pas revenir et ça va être compliqué voire impossible de dispatcher ses élèves dans les classes”, ajoute-t-il.

“Clôturer cette année spéciale de façon normale”

“C’est une bonne chose que tout le monde revienne même si c’est un peu tard; Il ne va rester que huit jours de classe”, calcule une directrice d’école REP (zone prioritaire) dans les Pyrénées Orientales.

“Avec le mètre de distance, je ne sais pas comment je vais pouvoir les accueillir tous, à moins de disposer les tables en quinconce. Ca va être de l’aménagement architectural mais on trouvera des solutions”, assure cet enseignante qui a souhaité garder l’anonymat. Elle veut rester positive : “Cela va permettre de faire un peu le point avec tous les élèves. On ne les a pas perdus, on sait qu’ils vont bien mais tous n’ont pas pu travailler dans de bonnes conditions, voire pas travailler du tout. Et se voir physiquement va permettre de clôturer cette année spéciale de façon normale”.

“Coups de fil de parents”

“On est très content de revenir à une école normale mais maintenir ce mètre de distance est tout simplement ridicule”, peste une directrice d’école élémentaire à Paris souhaitant garder l’anonymat. “Faire entrer 28 élèves dans une salle de 52m2 avec ce mètre de distance, ce n’est pas possible, il leur faut bien des tables et des chaises, on ne sait pas comment on va faire”, raconte cette enseignante.

“Depuis ce matin (lundi), j’ai des coups de fils de parents qui me demandent s’ils seront bien accueillis comme promis par le président dès le 22 juin. Je ne sais pas quoi leur répondre, c’est très désagréable de se retrouver dans cette position”, déplore-t-elle.

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