École à la maison : un redémarrage catastrophique sur fond de crise de confiance – Les Numériques

Première journée extrêmement perturbée pour le retour de l’enseignement à distance pour tous. Jean-Michel Blanquer, reconnaissant des dysfonctionnements, a évoqué un piratage et des liens avec l’incendie d’OVH à Strasbourg, sans convaincre.

Lundi 16 mars 2020. La France, puissance économique et auto-désignée start-up nation, entre dans son premier confinement et l’infrastructure qui doit permettre à des millions d’élèves de faire “l’école à la maison” explose en plein vol. Serveurs en rade, ENT saturés, portails e-lyco et Pronote injoignables, rien ne semblait vouloir fonctionner, laissant professeurs et élèves aussi démunis les uns que les autres.

Annoncée par Emmanuel Macron lors de son allocution du mercredi 31 mars 2021, la nouvelle fermeture des écoles, collèges et lycées a malheureusement produit ce mardi 6 avril des effets semblables. Il faut dire que le défi, même s’il n’a plus rien d’inédit, reste considérable avec quelque 12 millions d’élèves, 2,7 millions d’étudiants et 870 000 enseignants qui ont recours à ces outils.

Alors, depuis ce matin, beaucoup se plaignent sur les réseaux sociaux de nouveaux bogues récurrents, de serveurs inaccessibles et de délais d’attente infinis, empêchant de lancer cette nouvelle semaine de continuité pédagogique en distanciel. Sur Twitter, ce sont les parents et les professeurs qui sont évidemment les plus remontés. Certains enseignants pestent de ne même plus pouvoir accéder à leurs boîtes emails, quand les parents d’élèves ont la forte impression de revivre un cauchemar dont ils se souviennent trop bien. Certains laissent entendre qu’ils vont “rapidement lâcher l’affaire” si la situation ne s’améliore pas, quand d’autres sont résignés en expliquant s’être organisés pour assurer, donc prêts à patienter le temps nécessaire.

Une situation bien résumée par les associations de parents d’élèves, comme la FCPE Paris qui tweete : “Un an après, ça recommence ! Premier jour de continuité pédagogique et l’ENT est inaccessible ! Combien d’élèves et de familles ont le sentiment de revivre la même impréparation, encore et encore ?”

Des explications qui, pour certaines, laissent perplexe

Le ministère de l’Education nationale n’aurait-il rien appris du fiasco de l’an passé ? Pour Jean-Michel Blanquer, en déplacement dans une école du XIVe arrondissement de Paris, où les enfants de personnels prioritaires sont accueillis, la situation est plus complexe que cela. Si le ministre n’a eu d’autre choix que de reconnaître des dysfonctionnements et des défaillances dans l’accès aux ENT, il a admis que l’afflux de connexions est certainement trop fort pour que les opérateurs et collectivités territoriales puissent faire face. “J’espère qu’ils vont trouver une solution dans la journée”, ajoutait-il avant de pointer du doigt un élément qui pourrait expliquer les difficultés d’accès au Cned : une attaque informatique venue de l’étranger. Prière de tourner votre regard vers l’est…

En effet, selon Jean-Michel Blanquer, le Centre national d’enseignement à distance a été victime de “plusieurs attaques de type DDOS simultanées” qui, couplées au pic de sollicitations des élèves, “expliquent certaines difficultés d’accès”. Bis repetita… Il y a un an, Jean-Michel Blanquer avait déjà évoqué des attaques informatiques opérées depuis la Russie pour expliquer certaines difficultés techniques, suite à quoi le Cned avait décidé de porter plainte.

Ce n’est pas tout : toujours selon Jean-Michel Blanquer, ces difficultés s’expliqueraient également en partie par l’incendie qui a ravagé les infrastructures strasbourgeoises d’OVH il y a quelques semaines. Un argument qui, lui non plus, ne passe pas. D’autant qu’au-delà du scepticisme ambiant, celui-ci a été balayé d’un revers de la main par Michel Paulin sur Twitter.

Le patron d’OVH Cloud a en effet rapidement démenti : “OVHcloud n’est pas responsable des dysfonctionnements de certains services d’éducation à distance. L’incendie de Strasbourg n’a aucun lien avec ces derniers. Des régions ENT affectées et des applications indisponibles ne sont pas hébergées chez Ovhcloud !” Il n’en fallait pas plus pour faire ressurgir le hashtag #BlanquerMent, qui approchait les 8000 mentions sur Twitter à la mi-journée.

Prendre son mal en patience

Néanmoins, le niveau de connexion aux outils et plateformes en ligne restait très élevé selon le ministère, puisqu’à 10h du matin, 500 000 élèves et professeurs y étaient connectés. Il semble donc que ce soit bien l’afflux de connexions simultanées le premier responsable des difficultés rencontrées par les élèves, leurs parents et les enseignants. L’an dernier, il avait fallu attendre plusieurs jours pour que le niveau d’accessibilité des plateformes remonte, malgré plusieurs épisodes d’indisponibilité.

Si tout le monde aurait aimé que l’enseignement à distance ne doive pas à nouveau devenir obligatoire pour essayer de gérer l’épidémie de Covid-19, beaucoup estiment que rien n’a été fait pour éviter que la catastrophe ne se reproduise. Pourtant, le ministère de l’Education nationale avait répété ces dernières semaines être fin prêt en cas de fermeture des écoles.

Un nouveau couac également dénoncé par les syndicats enseignants, dont SUD-Education qui craint que ce nouvel épisode ne fasse qu’aggraver le décrochage scolaire de certains élèves, alors que l’école — lorsqu’elle est pratiquée à la maison — accroît inexorablement les inégalités.

Sources : Le Monde, France Info, L’Internaute

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