E-commerce : des députés haussent le ton contre l’implantation d’Amazon en France

E-commerce : des députés haussent le ton contre l'implantation d'Amazon en France

Les membres de la Commission des affaires économiques ont débattu, hier, d’un moratoire sur l’implantation de nouveaux entrepôts logistiques destinés aux opérateurs du e-commerce. Les articles ont tous été rejetés les uns après les autres, mais ce débat sur l’hégémonie d’Amazon en France a tout de même fait consensus au fond.

Les porteurs de la proposition de loi déplorent la situation des commerces de proximité qui font face à une « concurrence déloyale », commente Delphine Batho. La rapporteure, qui regrette le « rejet en bloc » de cette proposition de loi, souligne à quel point « la menace est urgente (…) dans un contexte de récession pour le pays, où nous n’avons pas besoin d’aggraver les problèmes des petites entreprises ».

La députée alerte sur la « menace structurelle liée non pas au développement du commerce en ligne, mais à la captation de l’essentiel du e-commerce et des activités qui s’y rapportent par de grandes multinationales ». Amazon, essentiellement visé, représente « 17 % du segment des biens manufacturés », face à Cdiscount et Fnac-Darty, bien en-deçà, qui récoltent respectivement 7 % et 5,5 %, justifie-t-elle.

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Amazon doublera ses capacités en 2021

Amazon, qui compte « une vingtaine d’entrepôts de stockage en France », entend « doubler ses capacités d’ici 2021 », souligne la députée.

Pour Delphine Batho, cette sur-représentation d’Amazon en France est aussi synonyme de « destruction de l’emploi », martèle-t-elle. En effet, « à chiffre d’affaires équivalent, les entrepôts Amazon embauchent 2,2 fois moins de salariés que les commerces traditionnels », précise la rapporteure du texte.

Selon la députée, Amazon est aussi « destructeur pour les finances publiques ». L’Inspection générale des Finances avait alerté en 2019 sur la situation : 10 millions de TVA collectés pour un chiffre d’affaires estimé sur le territoire à 6,5 milliards d’euros. Delphine Batho estime qu’Amazon bénéficie d’une « distorsion de concurrence abyssale », et demande « l’assujettissement de ce type d’entrepôts du e-commerce à la Tascom [taxe sur les surfaces commerciales, NDRL] à laquelle sont soumis l’ensemble des grandes installations commerciales en France ».

Chiffres à l’appui, l’argumentaire de la députée n’a pas manqué de convaincre l’auditoire, mais les députés ont montré leur désaccord sur la méthode à suivre pour déloger la domination du géant du e-commerce. Ces débats au Parlement font écho à la grogne qui a surgi ces derniers mois sur les conditions sanitaires mises en place sur les sites français. Une décision du tribunal de Nanterre avait poussé la firme à fermer temporairement ses entrepôts en avril, dans un contexte salarial tendu.

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