E-commerce : Amazon, le très pratique bouc émissaire des incompétents

E-commerce : Amazon, le très pratique bouc émissaire des incompétents

Voici donc que quand le nom d’Amazon apparaît dans le débat public désormais, c’est la curée. Jamais le débat entre “pros” et “anti” Amazon n’a été aussi aigu. Les commerçants qui tentent de se préparer aux ventes de fin d’année en pleine période de confinement sont aux premières loges. Les politiques français eux ne refusent pas de mettre du sel sur la plaie, citant les défaillances du modèle français, et les enquêtes antitrust au sein de l’UE. Ce lynchage n’est pas justifié.

Seuls 30 % des commerces sont digitalisés en France, contre 70 % pour nos voisins allemands. Si le numérique ne décolle pas, est-ce la faute d’Amazon ?

Quand Bruno Lemaire annonce 500 euros aux commerçants pour se digitaliser, cela fait rire jaune n’importe quel concepteur de site de e-commerce. La faute à Amazon ?

Quand Bruno Lemaire mentionne la somme de 1 500 euros en moyenne pour créer un site de e-commerce, c’est certainement sans compter les briques numériques qu’il faut bien avoir en tête pour se lancer sur de bonnes bases. La faute à Amazon ?

Bref, avant même de se préoccuper des parts de marché d’Amazon, les petits commerces ont beaucoup à faire avant d’arriver à maturité sur le digital. Sans parler des injonctions paradoxales de nos gouvernants.

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La croissance d’Amazon sert aussi les petits marchands

Alors oui, le confinement bénéficie à Amazon. Le PDG France, Frédéric Duval, s’est d’ailleurs félicité ce matin au micro de France Inter de l’augmentation de « 40 à 50 % » de l’activité de la plateforme depuis plus de deux semaines. Amazon attire indéniablement les acheteurs qui ont troqué leurs sacs de course contre des paniers virtuels.

« On n’est pas les adversaires de l’Etat, bien au contraire », martèle Frédéric Duval, qui conteste l’image du “grand méchant” que beaucoup dépeignent. Le PDG rappelle que la croissance d’Amazon sert aussi les petits commerçants. « [Amazon] est une entreprise qui donne la possibilité à des dizaines de milliers d’entreprises de vendre par son intermédiaire. C’est 6 unités sur 10 sur notre site qui sont vendues par des entreprises tierces. »

Oui, le géant du e-commerce met le paquet pour faire profiter les PME du numérique. Les commerçants français peuvent bénéficier d’une inscription offerte pendant 3 mois sur la plateforme, ainsi que de crédits publicitaires pour faire remonter leurs articles et d’un accompagnement personnalisé. In fine, que ces PME finissent sur la marketplace d’Amazon ou pas, cela leur permettra bien plus de passer au numérique que la vague promesse d’un chèque de 500 euros.

Ce qui compte, affirme Frédéric Duval, c’est de créer une dynamique nationale. « Le 8 décembre, à l’occasion de l’Amazon Academy, on va lancer un module de formation très général, qui va au-delà d’Amazon et qui va parler des réseaux sociaux, de l’e-commerce, d’une e-boutique, des vecteurs de croissance que cette activité peut donner », explique-t-il. Oui, aussi cruel que cela puisse être pour la French Tech et les subventions publiques, c’est Amazon qui va numériser le commerce en France. En ramassant peut-être au passage le chèque de 500 euros distribué par Bruno Lemaire aux commerçants en détresse.

L’inconnue du Black Friday

Enfin, tirer à vue sur Amazon, voir dans cette entreprise le géant de la tech qui truste l’e-commerce en France est tout simplement une idée reçue. Dans le monde de la tech, ce sont les Boulanger et autre Fnac qui en ce moment tirent les marrons du feu.

Ce sont eux qui bénéficieront peut-être le plus de l’épouvantail du Black Friday. L’événement du 27 novembre prochain pourrait de fait achever le moral des commerçants.

Le Black Friday démarre dans moins de 10 jours maintenant, et les commerces physiques ne devraient pas rouvrir leurs portes le 27 novembre pour l’occasion, d’après les propos d’Olivier Véran sur BFMTV. Rien n’indique qu’Amazon France fera une croix dessus, en dépit des pressions. La guerre à coups de promotions devrait, comme chaque année, voir s’affronter les plus gros revendeurs et sites marchands.

Selon Frédéric Duval, le choix de maintenir ou non le Black Friday est, en dépit de ce que beaucoup pensent, une décision aussi solidaire vis-à-vis des 11 000 marchands tiers présents à ce jour sur Amazon.fr, qui ont déjà préparé leurs stocks pour les fêtes de fin d’année.

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