Droit à l’avortement menacé aux Etats-Unis : « Cet avant-projet de la Cour suprême est l’aboutissement d’une offensive réactionnaire républicaine » – Le Monde

Oui et non ! Non, parce que les décisions de la Cour suprême ne peuvent faire l’objet d’un recours, elles sont prises en toute indépendance, en principe en toute confidentialité (qui a été brisée hier, avec la publication de ce document de travail). En revanche, vous posez ainsi la question de la place que cette décision va prendre dans la campagne pour les élections de mi-mandat, prévues en novembre.

On ne saurait trop souligner à quel point ce coup de semonce peut avoir un impact dans l’opinion publique, dans la perspective du scrutin. Les démocrates retrouvent là une cause qui les unit, tous courants confondus. Un sujet de mobilisation, par-delà les groupes sociaux et les origines, qui peut leur permettre de passer à l’offensive contre les républicains, et de retrouver certains segments de l’électorat qui s’étaient détournés d’eux depuis un an, comme les indépendants. Malgré le chômage très bas (3,6%), l’administration Biden se trouvait en effet confrontée à des vents très hostiles. L’inflation est dévastatrice, les ambiguïtés de la Maison Blanche sur la politique migratoire l’exposent aux critiques acérées des républicains, de même que la criminalité élevée. Les démocrates n’ont pas trouvé davantage de parade à la guerre culturelle déclenchée par les républicains, notamment au sujet des programmes scolaires. Mais la disparition possible du droit à l’avortement change tout ce contexte politique.

L’administration Biden et les organisations défendant les droits des femmes estiment que l’avortement est protégé par le 14e amendement, qui accorde à tous les citoyens une protection égale devant la loi. Dans un communiqué publié ce matin, la Maison Blanche appelle à la mobilisation générale face à cette décision à venir, en particulier dans la perspective des élections de novembre. « Je crois que la droit d’une femme à choisir est fondamental », dit Joe Biden.« Si la Cour effectivement renverse Roe, il reviendra aux officiels élus de notre nation à tous les niveaux du gouvernement de protéger le droit des femmes à choisir, poursuit le président. Et il reviendra aux électeurs d’élire des représentants pro-choix en novembre. »

Les démocrates sont évidemment mobilisés et vent debout contre cette décision qui s’annonce. « C’est une matinée sombre et dérangeante pour l’Amérique », a dit le Chuck Schumer, le chef de file du parti au Sénat, évoquant « la plus grande restriction de droits de ces 50 dernières années”. « On va se battre comme des diables », a déjà prévenu le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, qui veut ancrer dans la constitution de l’Etat le droit à l’avortement. Mais au niveau fédéral, il faut souligner que les démocrates ont échoué ces derniers mois à faire passer un texte qui aurait permis de transformer Roe v.Wade en loi. Le sénateur Bernie Sanders a appelé dès lundi soir à la mobilisation générale sur ce sujet, mais la marge de manœuvre paraît très étroite. Il faudrait pour cela que pas une seule voix démocrate ne manque au Sénat (divisé à 50/50 entre les deux partis) et que la règle du « filibuster » soit abandonnée, pour voter à une majorité simple, et non avec une super majorité de 60 voix.

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